Lors de la commémoration du Jour de la mer, ce mercredi 23 mars, la Bolivie a de nouveau défendu sa requête qui l'oppose à son voisin chilien devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour obtenir un accès souverain à l'océan Pacifique. Si le président bolivien Evo Morales appelle au dialogue, il a aussi menacé le Chili de nouvelles poursuites judiciaires pour son usage des eaux du fleuve Silala.
« Le Chili n'accepte pas les menaces ». Avec ces mots, le ministre chilien des affaires étrangères, Heraldo Muñoz, a répondu à Evo Morales. Le président bolivien a annoncé, ce mercredi, d'éventuelles poursuites judiciaires contre le Chili pour son exploitation du fleuve Silala, qui naît en Bolivie et se verse dans l'océan Pacifique via le territoire chilien.
« Chaque jour, le Chili tire profit illégalement et astucieusement des eaux du fleuve Silala sans compenser cet usage abusif qui nuit à notre patrimoine », a déclaré Evo Morales.
Cette nouvelle menace intervient alors que le Chili prépare actuellement à Paris sa défense contre la requête déposée par la Bolivie en 2013 devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye pour obtenir un accès souverain à la mer. En septembre dernier, la CIJ s'est déclarée compétente pour juger le conflit territorial entre Santiago et La Paz.
Tentatives de négociation stériles
Depuis 1979, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques et les tentatives de négociations bilatérales pour régler ce différend ont toujours échoué. Evo Morales a pourtant invité le gouvernement chilien, ce mercredi, à un « dialogue franc et sincère pour trouver une solution consensuelle afin que la Bolivie puisse accéder souverainement à la mer ».
Une invitation qui n'a pas été du goût des autorités chiliennes. « C'est contradictoire de dire que la Bolivie est prête à dialoguer et dans le même temps d'annoncer une éventuelle poursuite contre le Chili pour l'utilisation des eaux du Silala. Ceci n'est rien d'autre qu'une fausse proposition de dialogue à laquelle la Bolivie nous a habitués par le passé », a rétorqué Heraldo Muñoz au micro de CNN Chile. « La Bolivie peut déposer autant de plaintes qu'elle souhaite, le Chili ne cédera aucune partie de son territoire ».
Un conflit vieux de plus de 130 ans
La Bolivie réclame un accès à la mer dont elle est privée depuis que le Chili a conquis les 400 kilomètres de côtes boliviennes lors de la guerre du Pacifique (1879-1883). En 1904, les deux pays ont signé un traité de paix et d'amitié entérinant la cession de 120.000 km2 au Chili.
Confortée par un arrêt de la CIJ de janvier 2014, qui a accordé au Pérou une partie du territoire maritime contrôlée par le Chili depuis la guerre du Pacifique, la Bolivie espère récupérer un accès à la mer pour développer son économie. Le Chili refuse cependant de lui céder toute partie de son territoire. Il estime que la question a été définitivement réglée par le traité de 1904 et que son voisin accède déjà à l'océan grâce à des accords préférentiels avec les ports chiliens.
Si Michelle Bachelet, pendant son premier mandat, et Evo Morales, avaient avancé vers un compromis, tout espoir d'accord entre les deux pays a été abandonné depuis et le conflit risque de durer encore pendant de longs mois.
Alexandre Hamon (lepetitjournal.com/santiago) - Jeudi 24 mars 2016