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AMNESTY INTERNATIONAL - Au Chili, la violence policière bénéficie d'une justice à deux vitesses

AMNESTY INTERNATIONAL chiliAMNESTY INTERNATIONAL chili
Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 7 avril 2016, mis à jour le 10 octobre 2018

 Dans un rapport rendu public ce mardi 5 avril, Amnesty International révèle qu'au Chili la brutalité policière reste souvent impunie grâce à une justice « deux poids, deux mesures ». L'ONG appelle le gouvernement chilien à interdire aux tribunaux militaires de juger les affaires de violences perpétrées par des policiers.

« Au Chili, une justice deux poids, deux mesures, permet à des policiers de frapper, maltraiter et parfois même tuer des personnes qui manifestent pacifiquement, en n'encourageant au mieux qu'une faible sanction », indique le rapport de l'ONG, intitulé « Je ne savais pas qu'il existait deux justices ».

Pour la directrice d'Amnesty International Chili, Ana Piquer, le fait que les violences commises par les forces de l'ordre soient jugées par les tribunaux militaires est une aberration. « C'est comme si les tribunaux autorisaient un criminel à être jugé par sa propre famille. Ce système absurde empêche de nombreux Chiliens d'obtenir justice. Les procès qui se déroulent devant les juridictions militaires manquent d'indépendance et d'impartialité ».

Seulement 0,3% des cas poursuivis pénalement

D'après les chiffres analysés par l'ONG chilienne, dans la deuxième juridiction militaire de Santiago, sur les 4.451 affaires de violences signalées lors de manifestations entre 2005 et 2014, seulement 14 ont donné lieu à des poursuites pénales, soit une part de 0,3%.

Le rapport prend un exemple de violence policière ayant débouché sur une peine légère. Manuel Gutiérrez est mort à l'âge de 16 ans après avoir reçu une balle dans la poitrine en août 2011, lors d'une manifestation étudiante à Santiago. Un policier a été arrêté. Cinq jours après la mort de Manuel, le procureur en charge du dossier a renvoyé l'affaire devant les tribunaux militaires stipulant son incompétence pour engager des poursuites. En mai 2014, le policier a été déclaré coupable et condamné dans un premier temps à 3 ans et 61 jours de prison. Sa peine a ensuite été réduite à 461 jours de résidence surveillée.

« Les agents de police semblent avoir très bien intégré qu'ils peuvent frapper et tirer sur des civils sans aucune conséquence, ou presque », estime Ana Piquer.

Amnesty International Chili implore le gouvernement de Michelle Bachelet de réformer la justice militaire et de rendre les tribunaux civils compétents pour juger les forces de sécurité auteures de violations des droits de l'homme.

Alexandre Hamon 

logofbsantiago
Publié le 7 avril 2016, mis à jour le 10 octobre 2018

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