

Pablo Neruda a laissé son empreinte entre Valparaiso et Cartagena. Face à l'océan, sur un promontoire rocheux, il a construit l'Isla Negra, une maison aujourd'hui transformée en musée. Voyage dans la propriété préférée du poète, véritable caverne d'Ali Baba
"J'ai construit ma maison comme un jouet et j'y joue du matin au soir", écrivait Pablo Neruda dans ses mémoires. A voir sa maison, peuplée de personnages et d'objets tous plus incongrus les uns que les autres, le côté malicieux et joueur du poète prend toute son envergure. Car s'il a conquit les c?urs avec sa prose, Pablo Neruda était aussi un fervent collectionneur. Il avait par exemple un faible pour les figures de proue. Elles sont quatorze à occuper les murs de sa maison côtière, à l'image de Maria Céleste qui trône dans le salon et pleurait de ses yeux de verre lorsque le poète allumait le feu dans la cheminée.
En 1939, quand il a jeté son dévolu sur ce bout de terre surplombant la mer, la parcelle ne contenait qu'une modeste cabane. Pablo Neruda l'a ensuite agrandie au fil des années et des visites de ses nombreux amis qui ont contribué à la décoration de la maison, ramenant d'un pays ou un autre, des pièces venues parfaire quelque collection. La maison est ainsi envahie d'objets en provenance des quatre coins du monde, offerts ou ramenés par le poète lui-même lors de ses voyages et ses longs séjours à l'étranger en qualité de diplomate. En matière de décoration, l'imagination de Pablo Neruda n'avait pas de limite. Une pièce a par exemple été spécialement aménagée pour accueillir un cheval grandeur nature en bois et papier mâché, le dénommé "El mas feliz del mundo" qu'il admirait gamin dans une sellerie et qu'il s'est empressé de sauver des ordures lorsqu'il a appris, quelques décennies plus tard, que la boutique avait été ravagée par les flammes.
Si sa maison ressemble en tout point à un bateau, Pablo Neruda en était évidemment le capitaine, longue vue en main. Il aimait scruter l'océan comme un pirate, attendant que la mer lui offre un nouveau meuble au gré du va-et-vient des bois flottés. Aujourd'hui, le commandant repose au côté de sa femme Mathilde sur la proue du navire aménagée dans le jardin, laissant aux visiteurs le bonheur de voyager dans sa demeure le temps d'une visite.
Cantalao, ?el sueño nerudiano?
L'Isla Negra, qui n'a rien d'une île mais qui tient tout simplement son nom d'un rocher noir que le poète affectionnait, est devenue tellement emblématique que c'est le village tout entier qui a été rebaptisé en l'honneur de Pablo Neruda. Il faut dire que l'influence du poète ne se limite pas à la seule maison, aujourd'hui transformée en musée. En 1968, il avait également acheté une seconde parcelle de 4,3 hectares pour établir la Fondation Cantalao, à quelques kilomètres de sa maison, au bord d'une falaise balayée par le vent. Là-bas, celui qui n'écrivait qu'à l'encre verte avait construit un cabanon en verre et en bois pour que les artistes viennent trouver l'inspiration. En 1973, quelques jours après le coup d'Etat, le cabanon pliait sous les coups des militaires mais il a pu être reconstruit il y a deux ans par les mêmes ouvriers qui lui avaient donné le jour dans les années 1970. Cantalao est aujourd'hui un espace ouvert aux visiteurs qui veulent poursuivre leur voyage dans l'univers du poète avec à la clé, de jolis paysages.
Claire Le Nestour (www.lepetitjournal.com Santiago) vendredi 7 août 2009
Pratique :
Maison musée, visite guidée de 30 min du mardi au dimanche de 10h à 14h et de 15h à 18h.
Réservation conseillée au 35-461284. La fondation organise aussi des concerts et des projections de films, consultez le site internet pour connaître le programme.
La visite de Cantalao est gratuite, demandez le chemin à suivre à l'accueil du musée.
Possibilité de location de vélos et d'excursions dans les environs.
Avec ce diaporama, découvrez quelques images de la maison de Pablo Neruda et de Cantalao
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