Stanford invite l'artiste Arthur Francietta à repenser l'écriture créole
Le 1er novembre prochain, l'Université Stanford accueille Arthur Francietta pour une conférence exceptionnelle intitulée « Ce qu'une lettre ne peut dire : écriture graphique et futurs créoles ». Un rendez-vous qui promet de bousculer notre rapport au langage, au cœur même de la terre d'élection du code et de l'innovation numérique.


Un artiste aux croisements des cultures
Originaire de Martinique, Arthur Francietta n'est pas un typographe comme les autres. Formé à l'École Estienne puis à l'Atelier National de Recherche Typographique à Paris, il a choisi de détourner son regard des alphabets occidentaux pour plonger dans les systèmes graphiques afro-caribéens et amérindiens : vévés haïtiens, anaforuana cubaine, pétroglyphes taïnos. Ces signes, longtemps relégués aux marges de l'histoire, deviennent sous sa plume des outils de création contemporaine, porteurs d'une mémoire et d'un imaginaire trop souvent ignorés.
Son travail a voyagé de Paris à Lagos, de New York à Fort-de-France, exposé notamment lors de la 1-54 Contemporary African Art Fair et de l'Atlantic World Art Fair. Ses œuvres figurent désormais dans des collections publiques et privées en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Actuellement en résidence à Villa Albertine, il poursuit un projet audacieux : imaginer une écriture créole libérée de l'alphabet latin, capable d'exprimer la pluralité des héritages diasporiques.

Un contrepoint nécessaire dans la Silicon Valley
Organiser cette conférence à Redwood City n'est pas anodin. Dans une région où le langage se réduit souvent à des protocoles et du code destinés aux machines, Arthur Francietta rappelle que l'écriture fut d'abord un geste incarné, lié au sacré et à la pensée. À quelques kilomètres des géants de la tech qui transforment les mots en data, il redonne au signe sa charge sensible et poétique.
Sa démarche s'inscrit dans la pensée d'Édouard Glissant, pour qui la relation prime sur le centre et l'archipel sur le continent. L'écriture devient alors un espace de mouvement, de transmission et de créolisation – une vision qui résonne étrangement bien dans cette Baie multiculturelle où se croisent les langues et les cultures.

Une scène culturelle francophone en pleine effervescence
Cet événement, organisé par le Stanford World Language Project en partenariat avec Villa Albertine, l'Alliance Française Silicon Valley, l'AATF Nord-Cal et le Consulat général de France, témoigne d'une présence culturelle francophone de plus en plus structurée. Entre expositions, résidences d'artistes et collaborations universitaires, la région devient un lieu privilégié de dialogue entre arts, sciences et innovation.
La conférence se déroulera en français, avec possibilité de poser des questions en anglais – une ouverture bienvenue pour un public curieux de découvrir comment l'écriture peut encore suggérer, transformer et créer du lien dans notre monde saturé d'informations.
Informations pratiques
Quand : Samedi 1er novembre 2025, de 9h à 11h
Où : 101 Twin Dolphin Drive, Redwood City
Entrée : Gratuite sur inscription (places limitées)
Réservation : afscv.org




