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SYLVIA ZATANNA – Histoire hors du commun d’une illusionniste transgenre

sylvia zatannasylvia zatanna
Écrit par Lepetitjournal Perth
Publié le 24 juin 2020

Installée depuis dix ans à Perth, Sylvia ZATANNA était connue il n'y a que trois ans encore sous le nom de Jean-Luc. Illusionniste et artiste dans l'âme, elle nous a confié son histoire hors du commun.


Lepetitjournal.com/Perth - Racontez-nous l'histoire de Jean-Luc et comment est-il devenu Sylvia?


Sylvia ZATANNA: c'est une très longue histoire ! Petit garçon déjà je sentais que je n'habitais pas le corps qui me correspondait ; j'étais attiré par le style et la mode féminine, je voulais m'habiller comme mes copines. Je n'ai jamais osé en parler à mes parents, des amis ou la famille car j'avais peur du regard des autres, je considérais que le problème venait de moi. J'ai donc dû vivre avec ce fardeau de longues années, assumant par ailleurs mes atouts d'homme, je n'avais pas de problème à séduire les femmes !

Mais le mal était profondément ancré et plus les années passaient plus je me sentais mal, j'étais même devenu insomniaque, je vivais une réelle torture intérieure. Je me suis donc investi dans les sports qui me plaisaient : le ski et le ski nautique, faisant de moi un moniteur au Club Med pendant 8 ans, puis un sportif de haut niveau devenant successivement champion de France, champion d'Australie puis arrivé 3ème aux championnats du monde. C'est ce sport qui m'a amené en 2000 ici à Perth pour participer à des entraînements et compétitions.

Mais finalement tout cela n'était en réalité qu'une façade pour paraître plus masculin que je ne l'étais?il fallait que je change et que j'assume enfin d'être celle que j'étais vraiment ! J'ai d'abord failli « passer le pas » il y a dix ans lorsque j'ai participé à un concours de beauté pour transgenre en Thaïlande : passer 15 jours « comme une femme » m'avait fait réaliser à quel point c'était important pour moi, à quel point j'avais besoin de cela au plus profond de moi. Mais probablement qu'à ce moment-là le courage m'a manqué, en tout cas c'est à partir de là que j'ai réellement engagé une démarche de renseignements et de préparation psychologique qui m'ont menée il y a 3 ans à engager réellement ma transformation. Depuis, je prends un traitement hormonal quotidien et petit à petit mon corps s'est enfin mis au diapason avec mon être le plus profond : je suis devenue Sylvia !

Est-ce que cette décision a été difficile à prendre et à assumer au regard de votre entourage ?


Bien sûr, on ne sait jamais trop comment les gens peuvent réagir face à cette décision et ce changement. Ce n'est pas facile de laisser Jean-Luc, son passé, son histoire et d'accepter Sylvia. J'ai notamment mis du temps à l'expliquer à ma mère, mais finalement elle l'a très bien pris ainsi que tout mon entourage d'ailleurs et nombreuses de mes ex également ! J'ai également été très touchée lorsque j'ai fait mon premier spectacle en tant que Sylvia devant mes collègues magiciens ; ils m'ont chaleureusement applaudie et soutenue dans ce choix. C'était important pour moi ! Aujourd'hui, j'assume complètement la femme que je suis et je ne sens aucune animosité à mon égard.

Pourquoi Sylvia ? Le changement d'identité a-t-il été facile à obtenir ?


Ce prénom Sylvia, je l'ai choisi il y a de nombreuses années déjà, alors même que je n'étais pas dans ma démarche de transformation. J'aimais beaucoup ce prénom, probablement inspiré de Sylvie VARTAN que l'on entendait beaucoup à l'époque, je voulais également un prénom à consonance italienne, mon père étant italien.
Quant aux démarches administratives, elles ont été relativement faciles ici en Australie et les gens que j'ai rencontrés ont tous été bienveillants. Par contre, je n'ai pas encore modifié mon passeport français car les démarches en France sont beaucoup plus complexes ; il faudrait que je prévoie un séjour suffisant pour cela.

Comment vous sentez-vous dans votre corps de femme aujourd'hui ? Est-ce que certaines choses vous manquent de votre vie d'homme ?


Depuis que je suis Sylvia, je me sens celle que j'aurais toujours dû être ; c'est une vraie renaissance pour moi. J'ai pris beaucoup de plaisir à intégrer mon corps de femme, à refaire ma garde-robe et me choisir du maquillage !
Je me sens libre, épanouie, heureuse, j'ai retrouvé le sommeil et je peux enfin vivre en accord avec moi-même « au grand jour ». La seule chose qui me manque de ma vie d'homme c'est probablement le ski nautique ; c'est un sport que j'adore mais qui transformerait ma silhouette que je souhaite des plus féminines. Et même si je vis désormais une deuxième vie, je ne dénigre pas pour autant mon passé. L'histoire de Jean-Luc fait partie intégrante de ma vie, c'est lui qui m'a emmené là où je suis aujourd'hui !


Vous avez toujours été attirée par la scène, les spectacles, quel est votre parcours artistique, comment êtes-vous arrivé à la magie ?


J'ai toujours été passionnée par la scène et les spectacles ; j'ai toujours voulu être artiste. D'ailleurs, après avoir fait l'armée, j'ai intégré le Cours Simon à Paris et travaillé pour le théâtre, la télévision, et le cinéma. J'adorais être acteur car cela me permettait de ne plus être moi, de jouer quelqu'un d'autre dans le corps duquel je me sentais mieux !
C'est lors d'un spectacle de magie à Londres que j'ai commencé à m'intéresser à la discipline. En développant mon côté créatif, la magie m'apporte une grande satisfaction. J'ai commencé par m'acheter un livre de magie, j'en compte désormais plus de 600 ! Autant dire que la magie est devenue rapidement pour moi plus qu'un passe-temps ; j'en ai fait mon activité à temps plein depuis 9 ans.
J'ai eu quelques reconnaissances en tant que magicien obtenant en 2007, 2008 et 2009 le titre de « meilleur magicien d'Australie Occidentale » et en 2011 je suis arrivé gagnant du Fringe Festival.

Quels sont les lieux où vous vous produisez, quelle est votre programmation à venir ?


J'interviens beaucoup pour des entreprises dans des conventions ou des cocktails, c'est le plus gros de mon activité.
Mais je participe également à quelques shows publics : le festival « Fringe World » est un incontournable rendez-vous annuel, mais vous me retrouverez également très vite au festival « Bonjour Perth » le 22 octobre puis au « Trans Tastic talent Showcase » à Perth.
LB (www.lepetitjournal.com/perth) le 20 octobre 2016

 Pour plus d'informations :

http://www.magiciansperth.com.au/
Sa page Facebook

lepetitjournal.com perth
Publié le 19 octobre 2016, mis à jour le 24 juin 2020

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