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EDUCATION – Michel Boiron, directeur du CAVILAM – Alliance française, a partagé avec nous quelques-uns de ses secrets pédagogiques

Écrit par Lepetitjournal Perth
Publié le 24 mai 2017, mis à jour le 24 mai 2017

 

L'Association des Professeurs de Français (TOFA - Teachers Of French Association) d'Australie Occidentale a récemment organisé son événement annuel "Stage à la Plage" pour offrir aux enseignants des stratégies pédagogiques, les aider à développer des idées pour promouvoir l'enseignement du français et consolider les réseaux pour un soutien professionnel. Pour l'occasion, Michel BOIRON, directeur du CAVILAM ? Alliance française et invité d'honneur a animé plusieurs conférences sur la pédagogie de l'enseignement de la langue française.
Lors de cet événement, notre équipe du petit journal de Perth a eu la chance de s'entretenir avec lui pour en apprendre plus sur ses méthodes pédagogiques innovantes.


Lepetitjournal.com/Perth ? Parlez-nous un peu de votre parcours, ce qui vous a amené à devenir directeur du CAVILAM ? Alliance française.

Michel BOIRON ? J'ai fait mes études supérieures à Berlin, à la base, je faisais des études d'allemand, de romaniste et d'histoire de l'art. Mais mes parents n'étaient pas d'accord avec le fait que je fasse mes études à l'étranger alors ils m'ont coupé les vivres. J'ai donc été obligé de gagner ma vie et c'est comme ça, pour des raisons alimentaires, que j'ai commencé à enseigner le français.
Ce qui était un gagne-pain au début, m'a beaucoup intéressé, puis passionné, et je suis devenu spécialiste du sujet.
J'ai décidé de réorienter mes études sur la pédagogie et la didactique et quand je suis rentré en France, j'ai été recruté dans une école de français au sud de la France. Après ça j'ai décidé de quitter l'enseignement pour rentrer dans le monde de l'entreprise. J'ai ainsi travaillé comme conseiller en formation dans les entreprises. A l'époque, j'avais envie de connaître la "vraie vie" parce que j'avais été à l'école, au lycée, à l'université et à nouveau dans une école pour être enseignant, et donc je voulais travailler un peu en entreprise. Cinq ans après, j'ai été recruté comme directeur pédagogique du CAVILAM et maintenant ça fait déjà 22 ans que j'ai pris la direction de l'établissement.

Qu'est-ce que le CAVILAM ?

Le CAVILAM ? Alliance française est une des institutions de référence en France pour l'enseignement du français aux étrangers. Il existe depuis 53 ans. Notre établissement est spécialisé dans les cours en immersion pour les étrangers. On y reçoit des adultes, mais aussi des adolescents qui sont accompagnés par des professeurs pour des projets pédagogiques et des jeunes qui viennent en stage d'initiation à la langue française. À côté de ça, on assure beaucoup de stages pour les professeurs qui viennent pour se perfectionner au niveau soit linguistique et culturel soit au niveau pédagogique.
Par ailleurs, nous développons des outils innovants pour enseigner le français, en particulier avec TV5MONDE. Nous avons mis en place un site de ressources pour les enseignants qui s'appelle www.leplaisirdapprendre.com. Sur ce site, nous présentons nos projets pédagogiques et offrons de très nombreuses ressources gratuites pour les enseignants. Nous faisons la promotion de méthodes pédagogiques innovantes et nous incitons les professeurs à mettre en place des projets collaboratifs.

Lors de vos interventions à la conférence de la TOFA vous avez mentionné des méthodes pédagogiques innovantes, de quoi s'agit-il exactement ?

En fait, depuis que j'enseigne le français, mon désir a toujours été de continuer le travail des personnes qui avaient travaillé avant moi et de rendre ce travail contemporain, de le moderniser. C'est une préoccupation permanente dans ma vision de l'enseignement. C'est pourquoi, quand je suis devenu directeur, l'objectif était de faire évoluer le CAVILAM ? Alliance française.
En réalité l'idée ce n'est pas d'être innovant en tant que tel, mais plutôt de faire rentrer le monde extérieur dans la classe et d'utiliser des outils contemporains pour le faire.
Par exemple si vous avez un accès internet et un vidéo projecteur, ce serait stupide de ne pas s'en servir. Ce n'est pas directement innovant, c'est simplement une attitude, une attention au monde contemporain. Si on veut créer la curiosité dans la langue française pour les élèves, il faut créer de l'intérêt pour le monde extérieur.


Michel Boiron aux côtés de notre responsable d'édition Laetitia


Concrètement comment susciter l'intérêt des élèves dans l'apprentissage de la langue ?

Et bien, par exemple, au lieu de donner un document aux apprenants et ensuite l'étudier, il faut d'abord introduire le document, susciter leur intérêt pour le thème et seulement ensuite donner le document et l'étudier. Souvent les professeurs de langue pensent uniquement à la linguistique. Ce qui change dans le travail que nous nous proposons, c'est le fait que nous travaillons beaucoup sur le sens, les sens et sur l'essence. Par exemple, s'il l'on visionne un reportage sur un artiste, on va s'intéresser d'abord à l'être humain qui est dans le reportage, pas au côté linguistique. Un reportage n'est pas une liste de mots nouveaux. C'est avant tout une source d'informations qui passent par l'image, le son et ce qui est écrit. L'entraînement linguistique va venir naturellement dans la réaction de l'élève lorsqu'il va s'exprimer sur le document.
Une autre chose importante pour que l'élève ne perde pas son intérêt, c'est la façon de le corriger. Au lieu de corriger la faute publiquement on la corrige plus subtilement, lorsque l'apprenant travaille en petits groupes, lorsqu'il est moins exposé aux autres ; c'est de l'attention à l'humain. Méthodologiquement, je corrige , mais c'est pour aider la personne à apprendre pas pour la corriger. L'objectif, c'est de centrer l'apprentissage sur la personne qui apprend et pas sur ce qu'elle apprend.

Avez-vous des méthodes pédagogiques spécifiques pour les jeunes apprenants ?

En effet aujourd'hui, les adolescents en particulier ont un temps de concentration assez limité dans la durée, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas passer une heure et demie sur un seul sujet. Dans la classe, il est important de faire plusieurs activités et donc de varier les supports (vidéos, chansons, actualité, etc.). Il faut aussi faire attention au comportement des élèves. Chaque élève est différent. Donc il faut diversifier les approches et essayer de solliciter les cinq sens pour que les personnes avec des comportements différents puissent réussir. Cela est vrai pour tous les âges, pas seulement pour les jeunes.
Il y a aussi ce qu'on appelle l'apprentissage collaboratif, c'est-à-dire tout simplement que les élèves s'entraident pour apprendre. Ainsi le professeur n'est plus la seule référence linguistique, mais on fait appel à toutes les connaissances et compétences présentes dans la classe. C'est encourageant et cela donne plus de chance aux élèves de réussir.

En tant que journal, nous sommes curieuses de savoir comment vous percevez le rôle des médias dans l'apprentissage d'une langue.

Pour moi, les médias sont des lieux d'existence et d'expression de la langue et en même temps de la culture, ce sont des lieux de communication. Ce qui m'intéresse, c'est le fait qu'à travers les médias, on a des documents authentiques et de la communication. Ce qui a changé avec les médias dans le passé récent, c'est qu'il y a une interaction avec les supports et les usagers, et parfois il y a une interaction entre les personnes qui lisent et qui réagissent. Cela permet de faire rentrer une grande diversité dans les supports pour toucher les différentes sensibilités, amener les personnes à travailler en groupes et à apprendre ensemble tout en étant en contact régulier avec le monde contemporain.
Si je ne traite que des vieux documents, des conserves, comment les élèves peuvent-ils avoir une vision du français qui est actuelle ?

Vous êtes à la fois enseignant et directeur d'établissement, comment gérez-vous ces deux fonctions ?

Les deux fonctions sont pour moi complémentaires et indissociables. J'ai en permanence trois préoccupations intimement liées. J'ai d'abord une préoccupation économique : trouver du travail pour mon équipe et faire venir des personnes à Vichy dans mon école, car c'est la seule source de financement, le CAVILAM ? Alliance française étant une association à but non lucratif. J'ai aussi une préoccupation pédagogique : développer des méthodologies pour faciliter l'enseignement et l'apprentissage au quotidien et chercher des idées un peu innovantes. Et enfin, j'ai également une préoccupation éthique c'est-à-dire que j'associe ce que je fais avec un certain nombre de convictions : comment éveiller la curiosité, l'intérêt pour les autres, comment donner envie d'apprendre...

 

 

Julie, www.lepetitjournal.com/perth le 25 mai 2017 

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Pour en savoir plus sur le CAVILAM : http://www.cavilam.com/
Site de ressources partagées du CAVILAM : http://www.leplaisirdapprendre.com/
Pour en savoir plus sur la TOFA : http://tofawa.asn.au/

 

 

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Publié le 24 mai 2017, mis à jour le 24 mai 2017

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