Si, à l'heure actuelle, une personne qui souhaite voyager en train à grande vitesse entre Amsterdam, Bruxelles, Paris et Londres n'a d'autre choix que de prendre l'Eurostar, il pourrait en être tout autrement dans quelques années. La toute nouvelle compagnie ferroviaire Heuro ambitionne d'être l'alternative à l'Eurostar entre Amsterdam, Paris et Londres à partir de 2028.
RailTech s'est entretenu avec son fondateur néerlandais Roemer van den Biggelaar. "Nous voulons simplement que les prix baissent et que davantage de personnes quittent l'avion pour prendre le train", explique Roemer van den Biggelaar, fondateur de Heuro. L'équipe de base de Heuro est actuellement composée d'un trio, dont le père et le fils van den Biggelaar. Le père, Maarten, entrepreneur bien établi aux Pays-Bas.
Il y a dix ans, le paysage du marché ferroviaire a considérablement évolué. Heuro a récemment annoncé son intention de rivaliser avec Eurostar, rejoignant ainsi d'autres acteurs. Selon le journal britannique The Telegraph, Virgin Group de Richard Branson envisage également de proposer des trains à grande vitesse dans le tunnel sous la Manche. Arriva prévoit une ligne Groningen-Paris à partir de juin 2026, tandis que Qbuzz envisage une liaison Amsterdam-Paris à partir de janvier 2027. De plus, le nouvel entrant Evolyn cherche à établir une liaison entre le Royaume-Uni et l'Europe continentale. Enfin, l'opérateur ferroviaire italien Trenitalia a suggéré qu'il pourrait envisager des liaisons vers Paris, Bruxelles, Amsterdam et Berlin.
Malgré toutes les annonces de nouveaux concurrents, M. van den Biggelaar n'y voit aucun inconvénient. "Plus il y a de concurrence, mieux c'est.” "Nous voulons que les gens quittent l'avion", explique M. van den Biggelaar à RailTech. "Il y a encore 55 vols aller-retour entre Amsterdam et Londres, ce qui est beaucoup. Et ce, alors qu'il y a un très beau tunnel avec une ligne à grande vitesse. Personnellement, je trouve que voyager en train est dix fois plus agréable qu'en avion. Et vers Londres, il y a encore des problèmes de capacité en termes de contrôle des passeports, mais quelque chose comme ça peut être résolu".
Heuro vise 15 trajets par jour
Le nom "Heuro" s'inspire de la grande vitesse et de l'Europe. Le transporteur se concentrera exclusivement sur les liaisons internationales. Ainsi, Londres, une liaison avec Paris va de soi, explique l'entrepreneur. "L'Eurostar (anciennement Thalys) est souvent plein. Si nous commençons à y faire circuler des trains, nous espérons que les prix baisseront". Il ne se prononce pas encore sur le prix d'un billet Heuro. Il est probable qu'il sera inférieur au prix d'un billet Eurostar. Et si Heuro devient un succès, d'autres liaisons en Europe suivront, affirme M. van den Biggelaar à RailTech. Pour Amsterdam-Paris, Heuro vise 16 trajets par jour, dont deux au départ de Groningue le matin et deux à destination de Groningue le soir. Pour Amsterdam - Londres, l'objectif est de 15 trajets quotidiens. Ce nombre est censé être basé sur la demande des passagers. Les 15 à 16 trajets quotidiens sont nettement plus nombreux que la fréquence actuelle de l'Eurostar.
Les fondateurs de Heuro se décrivent comme des développeurs de projets, collaborant avec divers experts du secteur ferroviaire. Pour l'acquisition des trains, ils bénéficient des conseils d'anciens membres du conseil d'administration de la NS, ainsi que de plusieurs experts industriels impliqués dans le projet. L'entreprise recherche des gestionnaires compétents, de préférence issus du secteur ferroviaire, pour diriger ses activités axées sur la création de marque et la vente de billets. Le financement représente un défi majeur pour de nombreuses start-ups ferroviaires, Heuro compris. Pour surmonter cette difficulté, ils ont fait appel à deux sociétés d'investissement de New York et de Suisse. Heuro envisage l'achat de trains à grande vitesse capables de rouler à au moins 300 kilomètres à l'heure, et est en discussions avec divers fabricants. L'investissement important dans ces nouveaux trains pose des défis financiers, mais Heuro explore des solutions avec des investisseurs.
Pas d’eurostar aux Pays-Bas de juin 2024 à mai 2025
L'Eurostar Londres-Amsterdam sera suspendu pendant environ 11 mois, de juin 2024 à mai 2025, en raison de travaux majeurs de rénovation à la gare d'Amsterdam Centraal. Cette interruption s'explique par le manque d'espace pendant les travaux, notamment dans le hall des contrôles douaniers. De plus, la liaison entre Londres et Rotterdam Centraal n'est pas jugée rentable en raison de la capacité limitée de cette station. Les formalités administratives post-Brexit, telles que les contrôles aux frontières, nécessitent plus d'espace en gare. Un tunnel douanier temporaire est en construction, mais il ne sera pas prêt avant la démolition du terminal existant. Eurostar recherche un compromis lors de réunions avec les autorités néerlandaises, mais l'arrêt du service entre les Pays-Bas et Londres est envisagé en l'absence de solution.
Eurostar a célébré cinq ans de service entre Londres et Rotterdam/Amsterdam en avril 2023, transportant plus de 1,6 million de passagers et économisant plus de 83 000 tonnes de CO2. Cependant, sans les arrêts à Schiphol, Amsterdam et Rotterdam, un estimatif de 21 vols courts serait nécessaire pour acheminer les voyageurs entre Londres et les Pays-Bas. Malgré toute la concurrence, aucune nouvelle ligne ne sera prête à temps pour remplacer l'Eurostar pendant cette période. À la place, les passagers vers la France ou Londres, pourront prendre l'intercity-direct jusqu'à Bruxelles, d'où ils pourront embarquer à bord d'un train international.