Ce jeudi 1er février, la Commission d’enquête néerlandaise a fait état de comportements abusifs (grensoverschrijdend gedrag) au sein de la Nederlandse Publieke Omroep (NPO) qui gère l’audiovisuel public aux Pays-Bas, notamment au sein de l’émission De Wereld Draait Door de BNNVARA ou encore aux seins des rédactions actualités et sportive de la NOS, où de nombreux employés ont eu des conséquences psychologiques, suite à des réactions disproportionnées de managers de l’émission ou de radiodiffuseurs.
Le constat est alarmant : 1484 employés sur environ 2500 de toutes les sociétés de radiodiffusion constituant la NPO (Nederlandse Publieke Omroep), l’audiovisuel public néerlandais, ont été « pris pour cibles ou ont été témoins » de comportements abusifs (grensoverschrijdend gedrag) l’année dernière au sein de NPO, c’est ce qui ressort d’un rapport (« Rien entendu, rien vu, rien fait ») de la Commission d’enquête « van Rijn » (du nom de son président Martin van Rijn), qui devait enquêter pendant un an sur ce genre d’actions dans le média.
200 sur les 2500 employés ont témoigné et environ 150 racontent ouvertement avoir été victimes ou témoins de comportement abusifs : « saisis à la gorge, poussés au sol et des crachats au visage », comme les relate le Volkskrant. « La commission a été choquée par le nombre de membres du personnel qui ont déclaré avoir été victimes de comportements abusifs », a commenté Martin van Rijn. « Les conversations ont été approfondies et souvent émotionnelles ».
« La Commission estime que ces dernières années, les radiodiffuseurs et NPO auraient pu et dû mieux remplir leur obligation légale de protection des employés et qu'ils n'ont pas traité de manière suffisamment professionnelle les signaux de comportement indésirable. Pendant trop longtemps, les expériences de nombreuses personnes n'ont pas été vues, pas entendues et, par conséquent, rien n'a été fait. »
Culture de la peur à BNNVARA
En novembre 2022, le Volkskrant, après une longue enquête, sortait une bombe dans l’audiovisuel avec le témoignage de plus de 70 anciens employés de l’émission « De Wereld Draait Door » (Le Monde Tourne) du radiodiffuseur BNNVARA et diffusé sur NPO 1 qui a existé entre 2005 et 2020. À cause de « crises de colère extrêmes » chez le présentateur Mathijs van Nieuwkerk mais aussi de réactions disproportionnées de la part des managers, une culture de la peur s’est installée dans les backstages de l’émission et a causé de nombreux soucis psychologiques chez les employés de ce talkshow : épuisement professionnel, crises d’angoisse…
Les problèmes à « DWDD » étaient connus par la direction de BNNVARA, comme par de nombreux responsables du programme (dont certains ont avoué avoir fait des fautes), mais n’a pas osé intervenir car l’émission quotidienne avait du succès. L’article avait créé un certain malaise dans le paysage audiovisuel néerlandais.
La commission dit également que des relations sexuelles d’hommes avec des femmes étaient parfois le mot de passe obligatoire pour que la gent féminine soit la bienvenue dans la rédaction de DWDD. Des employés de l’émission « ont expliqué combien de tensions et de dépendances elles ont vécues en conséquence et combien de temps cela les a hantées par la suite comme une expérience de travail extrêmement négative et minante, qui a également eu des effets à long terme sur leur vie privée », selon le rapport, tandis que la NPO a également joué un rôle par son ingérence dans De Wereld Draait Door.
Les actualités et le sport également touchés
Le rapport déclare que sur 439 questionnaires, 80% des employés des rédactions actualités et sport du radiodiffuseur (ou omroep) NOS ont été victimes de harcèlement, de sexisme, de discrimination ou d’intimidations, tandis que dans les autres rédactions, ce chiffre reste néanmoins important, vers les 70%. Des employés font également état d’expériences négatives sur le lieu de travail et des mauvaises relations avec le management.
23% des personnes interrogées issues de la NOS ont été victimes de discrimination, tandis que « les femmes étaient "chassées", elles étaient considérées comme du "gibier" ou des "proies" », indique le Volkskrant, une situation créant là aussi des problèmes psychologiques comme des dépressions, des burn-outs, du stress, des maux de ventre et des troubles du sommeil.
Selon le rapport, la direction de la NOS avoue les manquements dans la rédaction des sports, en citant le sexisme mais est surprise par les résultats de la rédaction principale, pensant toutefois avoir tout fait pour créer un meilleur environnement de travail.