Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Le Sénat met fin à l'extraction du gisement de gaz naturel de Groningue

Le Sénat (Eerste Kamer) a mis un terme ce mardi à l'extraction de gaz naturel dans la province de Groningue, dans le nord-est du pays. Le vote de l’assemblée a été positif dans la grande majorité (69 sur 75 députés), seuls des petits partis ont voté contre. Après la fermeture provisoire début octobre des sites d’extraction et une réouverture exceptionnelle pour deux jours en janvier dernier, c’est définitivement terminé pour l’exploitation qui a créé de nombreux dommages dans les habitations des environs.

1271px-Aderklaa_-_Gasstation1271px-Aderklaa_-_Gasstation
By C.Stadler/Bwag - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=109396940
Écrit par Thibault Lapers
Publié le 19 avril 2024, mis à jour le 19 avril 2024

Le 16 avril 2024 restera une date historique pour la province de Groningue (Groningen), dans le nord-est du pays : la Eerste Kamer (Sénat) des Pays-Bas a voté en grande majorité pour la fermeture définitive du plus grand gisement de gaz naturel d’Europe occidentale, découvert en 1959 et mis en production en 1963. 69 députés sur 75 ont voté pour, seuls les partis politiques JA21, 50Plus et le FVD ont voté contre.

Officiellement, la fermeture temporaire a été effective dès le 1er octobre dernier mais il y avait toujours la condition jusqu’en octobre 2024 de pouvoir extraire du gaz en cas de 'réelle nécessité.’ Ceci a été le cas en janvier dernier à la suite de deux nuits glaçantes (-5 à -6 degrés).

La loi qui ferme l’extraction de gaz naturel dans le « Groningenveld » ou « le champ de gas de Slochteren » sera signée symboliquement vendredi 19 avril, à l’endroit où le gaz a été découvert il y a 65 ans dans une prairie de Kolham (à une douzaine de kilomètres du chef-lieu), en présence du secrétaire d’État des Mines et de la Concurrence Hans Vijlbrief, de nombreux représentants de la province, d’organisations de la société civile et habitants de la région.

Le Roi Willem-Alexander signera aussi la loi mais à un autre moment. La fermeture définitive pourrait être effective à partir du 1er mai prochain.

Des tremblements de terre fréquents

Concrètement, le gaz est extrait d'une couche de grès à une profondeur de 3 kilomètres. Ce processus crée des poches vides le long des fractures dans cette couche, ce qui entraîne une différence de pression. En conséquence, la couche de grès s'affaisse, provoquant des tremblements de terre depuis plus de 30 ans.

Pendant 28 ans, entre décembre 1963 et fin 1991, aucune « conséquence palpable » ne s’est fait ressentir. Les ennuis ont commencé à Assen (25 kilomètres au sud de Groningue) en 1986 avec un premier séisme, puis dans la région affectée le 5 décembre 1991, avec un premier séisme de 2,4 sur l’échelle de Richter à Middelstum. Depuis 1991 jusqu’en 2022, pas moins de 1615 tremblements de terre ont eu lieu dans les environs. Le plus important a eu lieu à Huizinge en 2012 à une magnitude de 3,6. Notons également il y a un an et demi le tremblement à Wirdum de 3,1.

Malgré l’arrêt du gisement en janvier dernier, les tremblements de terre continuent : rien qu’en avril, 5 ont été détectés dans la région : Garrelsweer (0,2, 1er avril), Lageland (0,6, le 4 avril & 1,6, le 14 avril), Zeerijp (0,3, le 8 avril & 2,1, le 11 avril).

Cependant à cette magnitude, des séismes « ordinaires » à travers le monde sont affaires courantes et ne provoquent pas ou peu de dégâts. En province de Groningue, la profondeur du séisme est tellement petite (3 kilomètres), que les dommages en surface (maisons, bâtiments…) sont significatifs avec des fissures (parfois trop) visibles.

C’est pour cette raison qu’il n’est pas rare de voir des bâtiments de la province, victimes de ces fissures, entourés de poutres pour maintenir leur stabilité.

Compensations

500 millions d’euros sont prévus dans un futur budget pour pouvoir renforcer ces bâtisses le temps que les tremblements de terre soient moins nombreux au fur et à mesure du temps.

En tout, plus de 22,35 milliards d’euros « de dette d’honneur » seront investis en 30 ans dont 250 millions d’euros chaque année pour la qualité de vie et les perspectives des zones affectées, comme compensations de la part du gouvernement néerlandais, selon le ministère des finances.

Ce dernier a laissé faire car, selon un rapport de commission de février 2023 : les intérêts des habitants n’ont pas été pris en compte et que leurs problèmes étaient sous-estimés par la société qui n’habitait pas sur place, dont un manque de sécurité encore actuel ; car le gisement de gaz était une mine d’or qui a en tout rapporté 363 milliards d’euros aux caisses de l’État néerlandais ; car le forage dans ce champ était « nécessaire » pour l’approvisionnement en gaz, alors que ce n’était pas la réalité ; le Ministère de l’Économie était préoccupé par des intérêts financiers et l’approvisionnement continu en gaz.

Cet argent en plus, pourra très probablement être utile à la construction de la « Lelylijn » ferroviaire, toujours au stade d’étude, qui devrait relier à moyen-terme les grandes villes du centre des Pays-Bas à Leeuwarden (Frise) et Groningue, villes « isolées » du reste du réseau.

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions