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Blinken juge une trêve "possible" à Gaza, appelle Israël à renoncer à une opération sur Rafah

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Écrit par AFP
Publié le 20 mars 2024, mis à jour le 22 mars 2024

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a jugé jeudi au Caire qu'une opération terrestre israélienne sur la ville surpeuplée de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, serait "une erreur" alors qu'un accord de trêve entre Israël et le Hamas est "possible" dans le territoire palestinien assiégé.

Après cinq mois et demi de guerre, "le fossé se réduit", a affirmé M. Blinken, dans les négociations pour une trêve associée à une libération d'otages qui se tiennent au Qatar, où le chef du renseignement israélien rencontrera vendredi le directeur de la CIA.

"S'il est difficile de parvenir" à un accord, "cela est toujours possible", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie américaine, qui est attendu vendredi en Israël, a en outre annoncé que les Etats-Unis avaient présenté un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un "cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages" retenus à Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre.

Le texte, consulté par l'AFP, souligne notamment "la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous côtés, permettre la fourniture de l'aide humanitaire essentielle".

Ce texte sera soumis vendredi au vote du Conseil de sécurité.

Les Etats-Unis, alliés historiques d'Israël, ont déjà mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu, estimant que cela aurait bénéficié au Hamas.

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Mais face au lourd bilan humain et à la famine qui menace, Washington redouble à présent d'efforts pour parvenir à une trêve et éviter une offensive terrestre sur Rafah, redoutant de lourdes pertes civiles.

Les 27 pays de l'Union européenne ont eux aussi exhorté jeudi Israël à ne pas lancer d'opération sur Rafah et appelé à une "pause humanitaire immédiate".

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu affirme qu'une offensive sur Rafah, adossée à la frontière fermée avec l'Egypte, est nécessaire pour vaincre définitivement le Hamas, en dépit des pressions internationales et de la présence dans cette ville de près d'un million et demi de personnes, selon l'ONU, en majorité déplacées par la guerre.

Une opération majeure d'Israël à Rafah serait "une erreur", a affirmé Antony Blinken, estimant qu'"il y a de meilleurs moyens de gérer la menace du Hamas".

- Paysage de ruines -

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

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En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 31.988 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste qui a dénombré jeudi au moins 65 morts en 24 heures dans des frappes israéliennes.

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Des témoins ont fait état de combats autour de l'hôpital al-Chifa à Gaza-ville, dans le nord.

Plus de 140 combattants palestiniens, selon l'armée israélienne, ont été tués depuis le début de l'opération d'envergure lancée lundi contre ce complexe hospitalier, qui a poussé des centaines de civils à fuir.

Des images de l'AFP ont montré d'épais nuages de fumée au dessus de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Dans la ville voisine de Rafah, des habitants inspectaient les décombres des maisons, dans un paysage de ruines.

- Rencontre CIA-Mossad -

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Lors de sa sixième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, M. Blinken a rencontré jeudi au Caire le président Abdel Fattah al-Sissi pour discuter des moyens de parvenir à un cessez-le-feu, avant une réunion avec les chefs de la diplomatie de cinq pays arabes -Egypte, Qatar, Arabie saoudite, Jordanie, Emirats arabes unis.

Ces ministres ont appelé conjointement à "un cessez-le-feu complet et immédiat" et à "l'ouverture de tous les points de passage entre Israël et la bande de Gaza", afin de laisser passer l'aide humanitaire.

Parallèlement, les discussions sur une trêve se poursuivent à Doha entre représentants des Etats-Unis, du Qatar et de l'Egypte.

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Le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea, doit rencontrer vendredi à Doha le directeur de la CIA, Wiliam Burns, ainsi que le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahman Al-Thani et le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel.

- "Les enfants meurent de faim" -

Afin de soulager un peu la population, plusieurs pays organisent quotidiennement des parachutages de nourriture et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre vers Gaza, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

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"Les enfants meurent de faim. Ils sont privés de nourriture", s'est alarmé jeudi le Comité des droits de l'enfant des Nations unies, renouvelant son appel à un cessez-le-feu.

"Même les miettes sont difficiles à trouver", affirme-t-il.

Israël impose un siège complet à la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle strictement l'aide humanitaire qui arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah.

Cette aide reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions d'habitants de Gaza et ne parvient que très difficilement dans le nord, où vivent plus de 300.000 personnes selon l'ONU.

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Les agences de l'ONU ont averti que la famine sévirait d'ici le mois de mai dans cette partie du territoire en l'absence de mesures "urgentes".

"Le siège, la faim et les maladies deviendront bientôt les principales causes des morts à Gaza", a averti le commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

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Publié le 20 mars 2024, mis à jour le 22 mars 2024