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LE COIN PSY - Le prénom, une mission souvent impossible !

Écrit par Lepetitjournal Munich
Publié le 8 juin 2017, mis à jour le 25 octobre 2017
 
Se penchant sur le berceau, les "bonnes fées" font parfois des cadeaux qui deviendront des fardeaux ou des pièges. Le prénom est le premier mot que l'enfant apprend à écrire ; c'est celui qui le distinguera des autres, qu'il entendra le plus jusqu'à en être totalement imprégné.
Le prénom a pour fonction de nommer une personne toute neuve. Il va pourtant l'inscrire dans une histoire familiale antérieure à sa conception. Le choix du prénom aura suscité de longues conversations entre les parents et au sein de la famille qui peut s'impliquer avec passion (voir la pièce "Le Prénom" autour du prénom Adolf), chacun cherchant à façonner ainsi le nouveau-né. D'une manière ou d'une autre, le prénom essayera de satisfaire les deux lignées qui s'unissent en lui, même si c'est une lourde valise. Car le prénom est une étiquette pour la vie qui aide à se construire mais qui assujettit également. Savoir qui a choisi le prénom donnera à comprendre comment on a été attendu et qui détenait le pouvoir. En portant le prénom d'un ancêtre, d'un fiancé disparu, la mission est de le maintenir symboliquement en vie, tout comme le prénom d'un enfant décédé qui peut obliger à assumer un destin autre que le sien. Un prénom masculin féminisé ou mixte parle du sexe de l'enfant désiré. D'autres prénoms évoquent des exploits (Arthur) ou des miracles, des stars, des modes, des excentricités, des personnalités écrasantes. Ils témoignent alors des idéaux sociaux, culturels ou religieux de ceux qui en ont fait le choix.
Le prénom est chargé des attentes et des projections des parents. On donne ainsi à l'enfant la mission de réaliser les rêves et les idéaux inconscients de ses parents. Il s'agit également de leur part d'une tentative de contrôler le destin de l'enfant en l'extrayant de manière magique d'une histoire familiale dont ils veulent se détourner. Par peur de décevoir ses parents, l'enfant va tenter de se conformer aux messages contraignants des espérances familiales inconscientes qui peuvent remonter sur plusieurs générations. Et ainsi se fait l'appropriation du prénom, ou pas !
Quelles sont les difficultés psychologiques dues à l'échec de ce processus ? Impression de ne pas pouvoir vivre sa vie, de ne pas être à la hauteur, dépression, mauvaise image de soi, problème d'identité, culpabilité, hantise et répétitions d'échecs. L'analyse transgénérationnelle invite au dialogue entre les générations et permet d'étudier la valeur symbolique de son ou ses prénom-s. En effet il ne suffit pas d'en changer pour lui échapper. Comprendre son histoire permet son appropriation. Il est des cas pourtant où le prénom disparaît. L'attribution d'un pseudonyme permet de devenir son père et sa mère en se donnant soi-même un nouveau prénom. Certaines sectes, certains mouvements religieux renomment leurs fidèles, tout comme les maîtres indiens. Mais le surnom de l'enfance encore utilisé à l'âge adulte l'empêchera, lui, de grandir.
Guylène Péntek (www.lepetitjournal.com/munich) vendredi 9 juin 2017 (rediffusion)
lepetitjournal.com munich
Publié le 8 juin 2017, mis à jour le 25 octobre 2017

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