L’Orchestre Symphonique du Yucatán dédie la saison janvier-juin 2019 à la commémoration. Il célèbre notamment son succès, principalement dû à la communauté des expatriés.
Les premières notes frappent tous les sens. Les cordes imposent leur autorité. La Cinquième Symphonie de Beethoven envahit la salle principale du Théâtre José Peón Contreras, à Mérida. Sur scène, c'est l'Orchestre Symphonique du Yucatán (OSY) qui joue l’un des chefs d'œuvre du Génie de Bonn, peut-être le plus connu de l’audience. Ce n'est pas une lubie, la raison pour laquelle l'ensemble, dont Juan Carlos Lomónaco est le chef d’orchestre, a choisi d'interpréter cette composition aux concerts de son 15ème anniversaire, le 22 et 24 février dernier. Il s'agit de la même symphonie que celle que le public a écouté en 2004 lors des débuts de l'orchestre, une formation qui a accueilli des artistes francophones tant à travers les œuvres présentées que par les musiciens formant l’ensemble symphonique.
Des expatriés en soutien à l’Orchestre
Même si la date anniversaire est maintenant passée, toute la saison janvier-juin 2019 est dédiée à la commémoration. Et il y a de bonnes raisons de célébrer ! C'est le projet symphonique qui a duré le plus longtemps au Yucatán (les orchestres précédents n'ont pas survécu plus de six ans). La communauté des expatriés a contribué au succès de l’OSY; parmi eux des francophones qui se sont installés au Yucatán. L'existence de l'ensemble est possible grâce à trois sources de financement: le gouvernement du Yucatán, la vente des billets et les dons des 160 personnes et institutions qui font partie du Patronage de l'orchestre, dont Margarita Molina Zaldívar est la présidente depuis 2014. Parmi les bienfaiteurs se trouve une vingtaine de personnes qui sont nées hors Mexique. Mais ce nombre n'est qu'un petit fragment de la totalité des expatriés qui le vendredi soir et, surtout, le dimanche midi se rendent au Peón Contreras à l'un des deux concerts de chaque programme.
Pourtant, l’empreinte la plus évidente des expatriés sur l'orchestre est leur contribution artistique. Outre ceux qui sont originaires du Yucatán et d’autres états du Mexique, les 60 instrumentistes de l’ensemble viennent de l'étranger, soit de pays américains (la Colombie, Cuba), soit d’Europe (l'Espagne, l’Italie, la Russie, la République Tchèque, la Bulgarie, le Royaume-Uni). Par rapport à l’empreinte francophone, le Français Samuel Rafinesque fait partie de la section des cors d'harmonie. Ses collègues, les Canadiens Edith Gruber (également cors d'harmonie) et William Broverman (trombone basse) sont diplômés de McGill University, à Montréal. Par ailleurs, l'OSY a accueilli, en tant que solistes invités, des musiciens français dans différents programmes. La flutiste Claire Sala a été convoquée en février 2008 et la violoncelliste Ophélie Gaillard a joué avec la formation en novembre 2009. De côté du chef d’orchestre, Jean-Luc Tingaud a pris la baguette en octobre 2017.
Des œuvres françaises à l’honneur
Dans les programmes de chaque saison, on trouve généralement des œuvres de grands compositeurs francophones. Par exemple, dans le concert inaugural de la saison en cours l'orchestre a offert un “Gala de valses” et a joué, entre autres, les “Valses nobles et sentimentales” de Maurice Ravel et “Orphée aux enfers” de Jacques Offenbach, musicien né en Allemagne et naturalisé français. De même, à deux reprises l'ensemble a choisi des œuvres françaises pour clôturer la saison janvier-juin, un moment toujours dédié à l’opéra: “Carmen” de Georges Bizet, en 2010, et “Samson et Dalila” de Camille Saint-Saëns, en 2012. Toutefois, cette année l’orchestre finira sa saison d'anniversaire avec un opéra italien : “Cavalleria Rusticana” de Pietro Mascagni. Tout le monde est invité !
Valentina Boeta Madera, avec la collaboration de Benoît Marinot