Julien Betoulle, 40 ans et 3 enfants, expatrié au Mexique avec sa famille. Il a quitté la France il y a 4 ans et il est devenu professeur indépendant de mathématiques.
Qui es-tu Julien ?
Je suis Julien Betoulle, j’ai 40 ans et j’ai 3 enfants. Avec ma femme, on a décidé de quitter la France, il y a 4 ans. J’étais professeur dans une association « Maison Familiale et Rurale ». J’étais super bien là-bas, mais ça s’est terminé pour cause de budget. Notre envie d’étranger m’a amené à postuler pour des postes dans d’autres pays et j’ai été embauché pour être professeur au lycée français du Costa Rica.
À partir de là, notre façon de vivre a beaucoup changé : notre rythme de vie, la manière de voir l’argent, l’entrepreneuriat… Un nouvel objectif est né : créer un emploi en ligne pour nous permettre de voyager où l’on voulait.
Ça ne s’est évidemment pas fait du jour au lendemain, on a créé notre chaine YouTube qui nous a permis de nous jauger, de voir les réactions. Un an après, on partait au Nicaragua pour un CDD de 1 an et à la fin de l’année scolaire, j’ai trouvé un contrat de 2 ans pour Tenerife. C’est là-bas que nous avons vécu le confinement, qui a accéléré les choses. C’était un confinement très strict.
Ça nous a décidé à commencer le projet « camping-car ». On est allé l’acheter en France, et on est revenu à Tenerife, se poser sur une plage pendant 1 an. Les filles avaient l’école à la maison, sur la plage, moi j’allais au travail en transports en commun et en parallèle, je continuais mes cours particuliers. À ce moment-là, M6 nous a démarché pour une émission sur les Français qui partaient vivre aux Canaries suite au confinement.
Nous espérions développer notre chaine YouTube grâce à l’émission, mais c’est mon métier de professeur indépendant et comment je faisais pour en vivre tout en voyageant qui a attiré. J’ai reçu tellement de messages, que Messenger ne fonctionnait plus. C’était de la folie. J’ai en même temps reçu plusieurs contrats pour l’année scolaire, nous avons donc décidé avec ma femme de quitter le contrat à Tenerife et de partir.
Aujourd’hui, nous voilà au Mexique !
Comment ça se passe l’école à la maison ?
Étant professeur, j’ai beaucoup de recul sur la question. Lorsque tu enseignes, c’est 6 h à 7 h, car tu as 30 élèves et tout le monde ne va pas au même rythme. Les élèves que j’ai en cours particulier, je pourrais leur enseigner l’année en 3 mois comme je m’adapte à l’enfant.
Alors à la maison, c'est pareil, il y a des chapitres qui prennent plus de temps et d’autres qui vont très vite. Pour les langues, elles sont meilleures que nous et s’adaptent toutes seules.
Parlais-tu espagnol quand vous avez quitté la France ?
Quand je suis parti, je ne pouvais pas tenir une conversation en espagnol, j’ai eu 3 mois pour me préparer et j’avoue que ça n’a pas été simple. J’ai uniquement pris 2 ou 3 cours pour la conjugaison et le vocabulaire, je l’ai appris en parlant avec les personnes. L’immersion fait tout. Aujourd’hui, je pense que je suis en niveau B1 (intermédiaire).
Aucun regret de t’être lancé en tant qu’indépendant ?
Non, aucun regret, bien au contraire ! Mais je ne ferme pas la porte, un jour, à un contrat dans un lycée étranger, si j’ai la rémunération adéquate.
Estimes-tu qu’il faut être passionné par son métier pour se lancer ?
C’est important d’aimer ce que tu fais, car il faut s’épanouir au travail. Mais je crois surtout qu’il faut se renseigner. Pour ma part, je me suis mis à comprendre et à apprécier être à mon compte, en partant de France, car chez nous, ce n’est pas culturel. J’ai donc dû me former énormément. Tu t’ouvres l’esprit et la vision de comment gérer ton argent change.
Aujourd’hui, je gagne la même chose que lorsque j’étais professeur en France et que je donnais des cours particuliers en complément. La différence, c'est que je sais gérer mon argent et que je suis déjà en train de placer pour ma retraite.
Pour construire ton projet d’expatriation au Costa Rica, comment t’es-tu organisé ?
Vraiment très mal ! Nous connaissions le salaire que nous allions avoir, mais nous n’avions pas mesuré le coût de la vie locale. On apprend en se « cassant la figure » et on est clairement parti du Costa Rica, pour cet aspect financier. En arrivant au Nicaragua on avait appris, on a beaucoup mieux géré notre argent, on ne s’est pas fait piéger à vouloir vivre absolument dans un quartier d’expat, pour être en sécurité et où les logements sont hors de prix. On est parti 500 m à côté et on a payé moitié prix.
À Tenerife, c’était la crise immobilière, donc c’était plus cher, mais en camping-car, le loyer, c'était zéro, l’électricité, c'était zéro et l’eau à 5 euros pour la semaine.
Et pourquoi le Mexique aujourd’hui ?
Nous souhaitions continuer dans un pays hispanophone et le Mexique est un pays de cœur pour ma femme. Quand elle avait 17 ans, elle a vécu 1 an ici pour passer le BAC. De plus, le cout de la vie et la gestion COVID-19 qui est beaucoup plus souple, nous ont beaucoup plu.
Actuellement, nous sommes à Mérida jusqu’à fin juillet, nous allons ensuite 2 mois en France pour voir nos proches et en septembre/octobre, on ne sait pas encore, mais il se pourrait qu’on aille vers l’Asie. C’est un peu la recherche du pays où l’on finira notre vie. On sait que le Mexique peut être un de ces pays.
Qu’est-ce que tu aimes le plus au Mexique ?
Il y a cette sympathie de base et je dirais même globalement des hispaniques. Ça nous a choqués au départ ce côté serviable, c’est hallucinant ce désir de servir absolument. Il y a aussi une tranquillité de vivre en Amérique Latine globale, mais ça dépend bien sûr des quartiers.
Quels sont les changements culturels qui t’ont le plus surpris ?
Les heures de repas qui sont totalement variables, il n’y a pas d’heure, c’est nous qui nous fixons ces barrières d’heure.
L’éducation des enfants, moins au Mexique, mais au Costa Rica, le simple fait de dire non à un enfant, c'est de la maltraitance.
Au Mexique, quels sont selon toi les endroits à ne pas manquer ?
Tout d’abord, nous avons fait le Quintana Roo en vivant 6 mois à Playa Del Carmen.
La Riviera Maya c’est à voir, car les plages sont sublimes, mais les villes un peu moins. Par exemple Cancun il n’y a pas grand-chose, bien que les plages soient belles, ce ne sont que des hôtels.
Playa Del Carmen, nous avons beaucoup aimé parce qu'il y a une forte communauté de digital nomade, et donc beaucoup de rencontres à l’international. Il y a la Quinta Avenida qui est aussi très américanisée, mais qui est plutôt sympa pour se balader. Nous vivions plutôt à l’intérieur, parmi les Mexicains, car on a une famille, il nous fallait un peu de calme.
Ce que l’on a adoré, c’est Bacalar, c’est incroyable, l’eau est calme, chaude, on avait l’impression d’être dans un autre monde. On a aussi bien aimé Holbox, pas autant que Bacalar, mais les plages sont aussi très belles. On est allé à Akumal pour voir les tortues, on a été déçus des expéditions proposées, alors on a contacté une association pour les aider, qui ramasse les œufs de tortue et une fois éclos les remet à l’eau, et ça, c'était super.
On a évidemment fait des cénotes et ce n’est pas ce qu’il manque, il faut juste se renseigner un peu en avance pour aller aux plus sympas.
Depuis, nous sommes allés vivre dans le Yucatán, à Mérida. Nous n’avons pas fait Campeche.
À Mérida, on s’embête un peu, c’est une ville très sûre, mais vraiment calme. La plage de Progreso n’est pas la plus belle, car c’est côté nord et golfe du Mexique donc pas mal de pollution, l’eau est grisante.
De ce côté, on a fait Celestún, avec les flamants roses, c’était génial. C’est un petit village de pêcheurs très agréable. On aurait voulu faire plus, mais on a aussi investi dans les frais d’immigration, du meilleur matériel pour travailler à distance, donc on ne peut pas tout faire !
Qu’est-ce qui te manque le plus dans l’Hexagone ?
La nourriture ! Mais sinon pas grand-chose, on sait pourquoi on est parti et ça se confirme encore plus depuis ces 2/3 dernières années.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite s’expatrier, mais qui hésite encore ?
Qu’il vienne nous voir, on fait du mentorat pour aider !
Réellement, ce qu’on a appris surtout, c'est se former et écouter ceux qui l’ont déjà vécu, se renseigner. Le monde de l’expatriation n’est pas celui que l’on nous montre à la télé, il y a une réalité de la vie sur place. Les autres pays ne fonctionnent pas comme la France, on ne peut pas débarquer et travailler comme ça, il faut des autorisations. C’est pourquoi en freelance, digital, c’est beaucoup plus facile ! En fonction du pays, il faut aussi se préparer au choc des cultures.
Qu’est-ce que ces expériences t’ont apporté ?
Ça m’a permis de découvrir d’autres cultures et de comprendre d’autres pays. Et je vais un peu plagier une phrase que j’ai entendue l’autre jour : « Je me suis mis à apprécier la France, le jour où j’en suis parti ». C’est-à-dire que les personnes ont tellement une belle vision de la France, qu’ils te montrent une image de ton pays que tu ne voyais pas forcément en y vivant.
Que peut-on te souhaiter de bon pour l’avenir ?
Que j’ai encore une bonne activité en freelance qui me permettra de voyager encore !