Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 1
  • 0

Histoire de mots – « China » et autres chinoiseries

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 10 novembre 2015, mis à jour le 28 août 2023

Qui n'a pas pas entendu en se baladant dans les allées d'un marché se faire interpeller gentiment par ces mots «güero», «güera» ou «güerita». Les Mexicains excellent pour trouver des surnoms afin de désigner leurs proches, leurs amis ou tout simplement les gens de la rue. La bloggueuse Marie Lac nous en dit un peu plus sur le mot «china».

Au Mexique, tout le monde vous donne des surnoms : vos amis, votre copain/copine mais aussi et surtout les gens qui ne vous connaissent pas comme les commerçant(e)s, les chauffeurs de bus ou les marchand(e)s. [Sans oublier les maçons et autres racoleurs qui agrémentent ces petits noms de piropos («compliments» lancés aux femmes, l'équivalent de notre «Eh Mam'zelle, t'es trop charmante»).] Ces surnoms font en général référence à un trait physique même s'ils s'utilisent souvent indistinctement (par exemple, güero signifie «blond» ou «blanc» mais on pourra très bien vous appeler comme ça même si vous êtes brun au teint mat). Moi, on m'appelle souvent chinita parce que j'ai les cheveux bouclés. Le mot m'a intriguée et j'ai voulu connaître son origine.

Une « china » et un « charro » dansent un « jarabe tapatio » (carte de « lotería »).

En fait, china est polysémique. Le sens le plus évident est «chinoise» mais ce mot peut aussi vouloir dire «caillou» (un tirachinas est un lance-pierre), ou encore « boulette de haschich » (cf. la chanson Cannabis du groupe Ska-P). Ponerse chino ou enchinarse signifie « avoir la chair de poule » . De quoi en perdre son latin? Pas de panique, j'explique : une china est un caillou, vous vous rappelez ? Par extension, enchinar signifie « recouvrir de petites pierres » (empierrer), d'où la comparaison avec l'aspect que prend la peau sous l'effet du froid ou d'une émotion. Un vrai casse-tête chinois !

Mais revenons-en à l'acception qui nous intéresse : pourquoi les Mexicains appellent-ils chinos les personnes aux cheveux frisés ? Dans ce cas précis, l'étymologie de china viendrait de la langue quechua et aurait d'abord le sens de « fille » ou « femme ». À l'époque coloniale, les Espagnols ont pris l'habitude d'appeler leurs servant(e)s chinas/chinos et le mot est finalement devenu synonyme de domestique. Avec l'esclavage des Africains et le métissage, les frisettes sont devenues une caractéristique courante au sein de cette caste. Le sens du mot a fini par dériver et est passé de « domestique » à « personne aux cheveux frisés » ! Aujourd'hui, il s'utilise indépendamment de la couleur de peau ou du statut social.

Toujours au Mexique, il vous est peut-être arrivé d'entendre parler de la china poblana. Il s'agit du costume traditionnel des femmes de l'État de Puebla et du centre du Mexique en général. La china est celle qui porte cet habit coloré. À l'origine, il s'agissait de femmes du peuple, modestes et aux origines métisses, d'où le nom de china. Mais selon une légende, le costume tirerait plutôt son nom d'une princesse enlevée en Asie par des pirates, puis vendue au Mexique à une famille espagnole. Les femmes se seraient alors inspirées de ses beaux vêtements exotiques pour créer le costume traditionnel de Puebla. En tout cas, cette image est devenue un symbole du Mexique, au même titre que le charro, cow-boy mexicain. Les deux personnages, bien qu'apparus à des époques différentes, sont utilisés dans les danses folkloriques comme le jarabe de Jalisco. Je parie que vous en connaissez la musique :

Sources :

- L'Hispanophone Blog de Marie L.

? «De chinos y enchinados » ? Blog Cápsulas de lengua

? DRAE (Real Academia española)

? DEM (Diccionario del español de México)

Marie Lac pour (Lepetitjournal.com/mexico) Mardi 10 novembre 2015

 

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 10 novembre 2015, mis à jour le 28 août 2023

Flash infos