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GUADALAJARA – Sophie Decobecq, une Française parmi les tequileros

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 19 janvier 2016, mis à jour le 7 janvier 2016

Amateurs de spiritueux mexicains, la Tequila Calle 23 ne vous est certainement pas inconnue. Sa créatrice, Sophie Decobecq, nous raconte comment après un passage en Afrique du Sud et aux Etats-Unis, elle s'est retrouvée à Guadalajara à produire sa propre marque de Tequila.

Lilloise d'origine, Sophie Decobecq est tombée amoureuse du royaume de la tequila et des tequileros.(photo Camille François)

Sophie Decobecq est une voyageuse. Etudiante en école d'ingénieur et passionnée par la biologie, elle réalise son projet de fin d'études sur les levures au centre de recherche Politecnico du Distrito Federal. "J'ai adoré le DF ! Et puis le Mexique je ne sais pas, c'est comme une mouche qui te pique, tu sais pas trop pourquoi, tu deviens mordu", rit-elle. De retour en France et diplômée de l'Université technologique de Compiègne, la jeune femme ne pense qu'à repartir à l'étranger. Ainsi en tant qu'experte des levures et des processus de fermentation, elle postule en 2000 à une mission qui la mène en Afrique du Sud. L'objectif ? Remettre sur pied une distillerie d'agave qui connait des problèmes de fabrication. "Il fallait qu'après 3 mois ça refonctionne et au bout des trois mois? bah ça a refonctionné, explique-t-elle. Alors ils m'ont demandé si je pouvais rester pour continuer à m'occuper de la production, ce que j'ai accepté avec plaisir !". Au final, elle restera un an et demi.

Un passage aux Etats-Unis puis le retour au Mexique

En 2001, suite à son expérience dans la distillerie, Sophie est invitée à donner des conférences aux Etats-Unis sur la distillation d'agave à la manière sudafricaine. "Je suis arrivée le 5 septembre 2001 et 6 jours après c'était les tours du World Trade Center qui s'effondraient. J'étais à San Francisco et c'était le chaos, plus de bus, plus de rien, je ne savais pas comment j'allais rentrer."
Alors dans cette Amérique paralysée par le choc du 11 septembre, Sophie décide de s'occuper. Elle vient en aide à un ami mexicain rencontré en Afrique du Sud, le "roi des margaritas", et découvre avec lui le monde du bar. "C'est là où j'ai vraiment appris comment se fait un cocktail, à quoi sert le bar tender qui est une sorte de chef des liquides, des saveurs? et j'ai trouvé ça passionnant !" confie-t-elle. Et c'est après être tombée amoureuse de ce petit monde là que Sophie repart en mission. Cette fois-ci, il s'agit de développer des profils de tequila au Mexique pour ses contacts américains. Sur un coup de tête comme à son habitude, la Lilloise d'origine refait ses valises direction l'Etat de Jalisco, royaume de la tequila et des tequileros.

La naissance de Calle 23

http://www.tequilacalle23.com/blog/
"La première fois que j'ai vu ma tequila dans un bar, j'ai failli pleurer", avoue Sophie (Photo http://www.tequilacalle23.com/blog/)

Arrivée à Guadalajara, elle commence à toquer à la porte de toutes les distilleries de la région. "Je n'avais rien à vendre, l'idée c'était de dire : j'aimerais travailler avec vous, développer des profils de tequila, est-ce que ça vous intéresse ou non ?" se souvient-t-elle. Après de nombreuses galères, elle propose ses premiers échantillons. Au culot, elle tente de les faire connaitre à des commerciaux mais sans jamais songer sérieusement à monter sa propre entreprise. "Et un jour un partenaire me dit : Mais pourquoi tu ne fais pas ta propre marque ? Et c'est comme ça que les choses plus sérieuses ont commencé !". Le nom de la marque est venu plus tard, le jour où ses partenaires lui ont demandé autour d'un verre comment elle comptait appeler l'affaire. Elle a alors levé les yeux sur le panneau de la rue où ils se trouvaient, celui de la Calle 23. "Et pourquoi pas ? Ça sonnait bien, non ?!", sourit-elle

L'entreprise fonctionne bien et la tequila a été primée à de nombreuses reprises, pourtant Sophie continue de prendre la chose avec beaucoup d'humilité. "Au début l'idée c'était d'abord me faire plaisir et faire plaisir à des proches. Tout est venu comme ça, un peu Olé, olé ! D'où ma grande surprise le jour où je l'ai vue dans un bar ! J'ai failli pleurer ! Quelqu'un que je ne connaissais pas, aimait ma tequila !". Une sincérité que l'on ressent également dans la conception que Sophie a de son entreprise. "Ça ne m'intéresse pas d'être exportée à tout va, explique-t-elle. Je veux prendre le temps de trouver des personnes de confiance qui pourront bien expliquer ce que l'on fait ici et qui n'iront pas vendre Calle 23 on disant que c'est une tequila qui est meilleure que les autres parce que ce n'est pas vrai."


Sophie au coin de l'ancienne calle 23, aujourd'hui renomme?e Leandro Valle (Photo Camille François)

Le projet d'une "maison de saveurs"

Et la France dans tout ça ? "Ça fait sept ans que j'ai arrêté de penser que je reviendrai en France tous les trois ou six mois, avoue-t-elle. Je n'arriverai pas à partir loin du Mexique, je crois que c'est mon équilibre de vie de garder un pied ici". Il y a deux mois, comme pour sceller ce lien avec sa terre d'adoption, Sophie a fait l'acquisition d'une jolie maison dans le centre de Guadalajara. Le chiffre 23 était encore de la partie puisque c'est à deux pas de l'ancienne calle 23, à l'origine du nom de sa tequila, que la jeune femme l'a trouvée. C'est également un 23 qu'elle a signé les papiers chez le notaire. Un chiffre porte bonheur semble-t-il.
Cette maison, Sophie l'imagine comme un espace ouvert aux autres. Il y aurait une salle de dégustation avec des menus orientés selon les odeurs et un lieu de vente que pourraient s'approprier d'autres tequileros ou fabricants de boisson. Mais ce n'est pas tout ! La tapatía envisage également de construire un espace où ses amis bar tenders en visite au Mexique feraient découvrir la culture du cocktail. Une cuisine serait également mise à disposition pour proposer la gastronomie traditionnelle mexicaine. L'idée est de faire de cette maison un lieu de partage et de découverte. Un vieux souhait que Sophie explique ainsi : "Si j'ai la possibilité de faire quelque chose pour aider, c'est le moment de le faire ! Parce que le Mexique m'a beaucoup donné et j'aimerais pouvoir le lui rendre." Espérons que cette maison de saveurs ouvre bientôt ses portes !

Camille François (lepetitjournal.com/mexico) Mardi 19 janvier 2016 (republication)

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 19 janvier 2016, mis à jour le 7 janvier 2016

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