

2005 est l'année du centenaire de la première vague d'immigration coréenne au Mexique. Qu'en est-il aujourd'hui de cette population ? Elle a grandi, s'est installée et continue d'arriver. Rencontre avec une communautéd'ici et de là-bas
2005 est l'année du centenaire de la première vague d'immigration coréenne au Mexique. Qu'en est-il aujourd'hui de cette population ? Elle a grandi, s'est installée et continue d'arriver. Rencontre avec une communautéd'ici et de là-bas
C'est en 1905 que les premiers Coréens arrivèrent pour travailler comme «esclaves »dans les exploitations agricoles mexicaines (voir encadré). Ils sont devenus depuis une communautéàpart entière, soudée et proche de sa culture d'origine malgréles kilomètres. De 1.033 premiers immigrants, ils sont passés à40.000 vivant au Mexique, et beaucoup continuent àarriver.
Actuellement, presque 12.000 Coréens vivent dans le Distrito Federal, 8.000 àGuadalajara, 500 àPuebla, 400 àMonterrey, 300 àLeón, environ 150 àQuerétaro, et bien d'autres répartis sur tout le territoire.
David Kim est le président de l'association México Coreana, qui répertorie les descendants de la première vague d'immigration. «Il faut bien distinguer les Coréens établis au Mexique depuis des décennies et ceux récemment arrivés », explique t-il. «Ceux du quartier de la Zona Rosa, par exemple, aussi appelée « cuadra coreana », restent entre eux et ne parlent que coréen. S'adapter àun pays pour les nouveaux est un processus qui prend du temps ».
Entre intégration et traditions
«Ces dernières années, énormément de Coréens sont venus d'Argentine, au moment de la crise, mais aussi de Colombie, du Pérou, et de Corée du Sud bien sûr. Ce sont principalement des commerçants », développe Lee Gwang Suck, responsable de l'Association coréenne de Mexico. «Beaucoup aussi travaillent dans le textile, et dans des entreprises de renom international, installées ici, comme Samsung, Dae Woo ou LG (construction) », poursuit-il.
Ceux qui sont nés au Mexique ont appris àvivre comme des Mexicains mais conservent toujours l'identitédes anciens. Hye-Jin, assise devant son restaurant de la rue Hamburgo, dit avoir deux cultures. «Je parle espagnol, je mange coréen », raconte t-elle. Ses enfants sont scolarisés dans un établissement mexicain, mais tous les samedis, ils prennent des cours de coréen. «Même les plus intégrés d'entre nous ne perdent jamais leurs racines, même ceux mariés àdes Mexicains ».
Amélie LE GAL LA SALLE. (LPJ) 14 juillet 2005
Des liens ancrés dans l'histoire
Sous Porfirio Díaz (1884-1911), la Loi pour les étrangers et la naturalisation (promulguée en 1886) a étéun facteur important d'attraction pour les premières migrations asiatiques. Le Mexique, àcette époque, avait besoin de main d'oeuvre bon marchépour moderniser le pays, assurant que tous les étrangers qui viendraient y travailler seraient considérés comme Mexicains et pourraient être naturalisés. En 1905, 1.033 immigrants coréens (802 hommes, 207 femmes et 24 enfants) débarquèrent alors dans l'état de Veracruz, puis dans le Yucatán. Partis dans l'espoir que le mythe de «l'or blanc »(coton) devienne réalité, ils profitèrent d'un contrat de travail pour quitter leur pays déjàsous la menace d'une invasion japonaise. Depuis, malgrédes débuts difficiles en tant qu'esclaves dans les champs de cactus, les deux pays cultivent des liens d'amitiéet d'entente mutuelle : le Mexique est l'une des principales destinations des investissements coréens (400 millions de dollars annuels), et la Corée est le septième partenaire commercial du Mexique. (LPJ ? 14 juillet 2005)
