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REVOLUTION MEXICAINE - Les excentricités du Général Calles

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 15 juillet 2013, mis à jour le 6 juillet 2013

Si quelques grandes figures de la révolution mexicaine comme Emiliano Zapata ou Pancho Villa sont connues de tous, d'autres, en revanche, ont une réputation plus confidentielle. C'est le cas de Plutarco Elias Calles dont la personnalité et les contradictions méritent pourtant d'être découvertes

Plutarco Elías Calles (Photo: National Photo Company Collection)

"L'alcool est responsable de la décadence morale et physique des peuples"
En 1915, après avoir participé activement à la révolution mexicaine et être devenu Général, Plutarco Elias Calles accède, à trente-huit ans, au poste de gouverneur militaire de l'État de Sonora, d'où il est originaire. Lors de son discours d'investiture, prononcé le 4 août de la même année, le nouvel homme fort de Sonora se livre à une longue diatribe contre l'alcool qu'il juge responsable de beaucoup des maux qui rongent la société mexicaine: "la consommation et l'abus de boissons enivrantes sont à l'origine de la décadence morale et physique des peuples, du déclin économique du pays et de la criminalité qui menace la paix civile au Mexique" . D'après Calles, il est de son devoir, en qualité de dirigeant politique, d'agir sur les individus pour limiter les ravages liés à l'alcool: "les gouvernants se doivent de moraliser les citoyens qui sont sous sa protection et contribuer à l'amélioration de leurs conduites". Trois semaines plus tard, le nouveau gouverneur passe à l'acte en interdisant, par décret, l'importation, la vente et la fabrication de toutes les boissons enivrantes, sous peine de cinq années d'emprisonnement. Evidemment, les prisons se remplissent à toute allure et les tribunaux ont tant de travail qu'ils risquent la paralysie. Calles, dépité par cet échec, ne s'avoue pas vaincu et donne l'ordre de fusiller un ivrogne à Cananea pour montrer qu'il faut le prendre au sérieux?

"Toute ma vie, je n'ai rien détesté de plus que l'alcool et la religion"
L'autoritarisme dont fait preuve Plutarco Elias Calles à la tête de l'État de Sonora a rapidement effrayé les dirigeants révolutionnaires nationaux qui le démettent de ses fonctions en 1916. Pourtant, sa carrière politique rebondit quelques temps plus tard à la faveur de l'alliance qu'il noue, habilement, avec le président de l'époque, Álvaro Obregón. Ce dernier le nomme Secretario de Gobernación en 1920 et le choisit comme successeur quand son mandat arrive à son terme en 1924. Installé à la présidence, l'ancien gouverneur de Sonora s'en prend, cette fois, à la religion. Il promulgue, en effet, une série de lois très anticléricales qui brisent la fragile concorde mexicaine et mène le pays à la guerre civile entre les laïcs et les religieux. Cette guerre, connue dans l'histoire nationale comme la Guerra de los Cristeros déchire le pays pendant trois ans (1926-1929) et fait plus de 80.000 victimes. Beaucoup, parmi elles, ont été massacrées par le gouvernement de Plutarco Elias Calles. Mais que fallait-il attendre d'un homme qui, en privé, confiait à son épouse: "Toute ma vie, je n'ai rien détesté de plus que l'alcool et la religion"?

"Je crois aux puissances supérieures"
En quittant la présidence de la République, en 1928, le général Calles n'abandonne pas la vie politique, loin de là. Il fonde, en effet, le Parti National Révolutionnaire ?l'ancêtre du PRI - et s'autoproclame Chef Suprême de la Révolution, ce qui lui permet de choisir les présidents de la République et surtout de leur imposer ses volontés. Cette période prend fin en 1934 quand Lázaro Cárdenas, le nouveau chef d'État, trahit Calles et le contraint à s'exiler aux États Unis. S'il revient au Mexique en 1941, Calles ne se mêlera plus de politique. Il sera bien trop occupé par sa nouvelle lubie, le spiritisme. Quelques mois avant sa mort en octobre 1945, l'ancien président reconnaît publiquement qu'il croit aux "puissances supérieures", ce qui laisse pantois son auditoire qui se demande si l'homme qui fait de telles déclarations est bien le même que celui qui voulait fermer les églises mexicaines deux décennies plus tôt.

Olivier CHARPENTIER (www.lepetitjournal.com/mexico) mardi 16 juillet 2013 (reedition)

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Publié le 15 juillet 2013, mis à jour le 6 juillet 2013

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