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Mexique : trois Italiens « vendus 43 euros » à un cartel

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Écrit par Adrien Filoche
Publié le 27 février 2018, mis à jour le 28 février 2018

Quatre policiers mexicains ont avoué avoir livré trois Italiens à des membres du crime organisé de l’Etat de Jalisco selon le parquet local. Les officiers détenus sont accusés de « disparition forcée », un crime tristement répandu au Mexique. 

La police mexicaine s’enlise dans le marasme. Quatre policiers mexicains ont confessé être à l’origine de la disparition de trois Napolitains dans l’Etat de Jalisco. « Ils les ont vendus pour 43 euros. Monstrueux », se lamente, indigné, Francesco Russo, membre de la famille des trois Italiens disparus au Mexique, lors d’une interview ce dimanche à l’émission publique italienne RAI1. Son père, Raffaele Russo (60 ans), son frère Antonio Russo (25 ans), et son cousin Vincenzo Cimmino (29 ans) ont été livrés à un cartel de Tecalitlán, une ville de 16.500 habitants située à environ 600 km à l’ouest de Mexico. Selon le procureur général de Jalisco, Raul Sanchez, les policiers arrêtés ont avoué aux enquêteurs avoir reçu cet ordre et sont actuellement en détention. Trois autres policiers mexicains impliqués dans la disparition des trois ressortissants italiens sont activement recherchés.

 

Arrêtés puis portés disparus

Les derniers signes de vie des trois Italiens remontent au 31 janvier dernier, lors de leur arrestation par la police dans une station-service. Selon la famille italienne, les trois disparus « ont été encerclés par les policiers et ont été sommés de les suivre au commissariat ». Après cela, plus de nouvelles. Francesco Russo est monté au créneau pour faire taire les rumeurs selon lesquelles la famille aurait les mains dans le crime organisé. Selon les Russo, les trois membres de sa famille sont venus au Mexique dans l’optique de vendre des générateurs électriques. « Nous des narcotrafiquants ? Ce sont des mensonges », affirme Daniele Rousso, autre membre de la famille, au journal italien La Repubblica. Pour le moment, les recherches sont toujours en cours. « L’Italie doit agir ! Nous espérons qu’ils sont encore vivants », a déclaré Gino Bergamé, porte-parole de la famille.

 

Au Mexique, le fléau des disparitions forcées

Souvent pointé du doigt par l’ONU, le problème terrifiant des enlèvements frappe le Mexique depuis 2006 et les débuts de la guerre contre les cartels de la drogue. Selon la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), les disparitions ont augmenté de 474 % entre 2007 et octobre 2016. Le gouvernement mexicain affirme que plus de 32.000 personnes se sont volatilisées depuis le début des affrontements. Les chiffres du Registre national des personnes perdues ou disparues au Mexique (RNPED) sont précis : 2.917 personnes, soit huit personnes par jour, se sont dissoutes dans les tréfonds de l'Etat de Jalisco en 2017.

Principaux responsables des enlèvements, les cartels donc, mais aussi les forces de police, souvent complices. On parle dans ce cas de « disparitions forcées », un crime passible de 40 à 90 ans de prison. Dans l’Etat de Nuevo León, au nord-est du pays, on recense le plus grand nombre de disparitions. Près de la moitié d’entre-elles seraient orchestrées par des agents de l’Etat. La plupart du temps, le crime demeure impuni, preuve que les rouages de la législation mexicaine sont quelques peu rouillés. Il faut attendre le jeudi 12 octobre 2017 pour que les parlementaires nationaux adoptent une nouvelle loi censée alourdir les peines et mettre en place un système national de recherches de personnes. Pourtant, cette nouvelle affaire fait lourdement resonner les difficultés de la législation mexicaine à endiguer le fléau…
 

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Publié le 27 février 2018, mis à jour le 28 février 2018

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