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INTERVIEW - "Mieux faire connaître l’Algérie aux Mexicains"

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 20 juillet 2006, mis à jour le 9 janvier 2018

Des liens diplomatiques assez discrets, mais une concordance de vue et un potentiel d'échanges commerciaux important? Selon Merzak Belhimeur, ambassadeur d'Algérie*, les relations entre le Mexique et l'Algérie se trouvent aujourd'hui dans une phase de développement

Merzak Belhimeur, ambassadeur d'Algérie au Mexique (Photo : LPJ)

Lepetitjournal.com : Combien de personnes composent la communautéalgérienne du Mexique ?
Merzak Belhimeur :
Nous comptons aujourd'hui environ 80 ressortissants au Mexique, auxquels il faut ajouter les quelques Algériens installés dans des pays d'Amérique centrale, qui dépendent de notre ambassade. Comparée àla présence française, c'est sûr, c'est une petite communauté. Mais nos histoires sont différentes.

LPJ : Qui sont les Algériens du Mexique ?
M.B. :
Il y a des profils très variés. Certains sont installés ici depuis plusieurs décennies, d'autres sont de passage pour quelques années seulement. Parmi nos ressortissants, un certain nombre, de l'ordre de 30 à40%, sont des binationaux (franco-algériens, ndlr), employés dans des entreprises françaises. Globalement, les Algériens du Mexique sont très bien intégrés, ce qui explique peut-être leur discrétion. Entre une rue d'Alger et une rue de Mexico, il n'y a pas beaucoup de différences, au niveau des sons, des couleurs, des odeurs? Du coup, il est facile pour un Algérien de retrouver ses marques, de ce côtéde l'Atlantique.

LPJ : A quand remontent les premières relations entre l'Algérie et le Mexique ?
M.B. :
Culturellement, les liens qui unissent nos deux pays sont beaucoup plus anciens qu'on ne pourrait le croire. En colonisant le pays, au 16ème siècle, les Espagnols ont importéde manière indirecte la culture arabo-musulmane, qui s'est discrètement diffusée dans l'architecture, la gastronomie ou la musique mexicaines. Pendant plusieurs siècles, il ne faut pas l'oublier, l'Espagne était arabe;et au moment de la colonisation, les liens entre mondes hispanophone et arabe étaient encore étroits. Peu de gens le savent, mais le dernier séjour d'Hernán Cortés, avant le Mexique, c'était en Algérie, àOran !

LPJ : Les relations diplomatiques entre les deux pays, cependant, ont étéétablies plus tard?
M.B. :
Nous avons établi des relations officielles avec le Mexique en 1964, et ouvert notre ambassade àMexico en 1974. Mais les premiers liens diplomatiques entre l'Algérie et le Mexique, en réalité, sont antérieurs : ils datent de la lutte pour l'indépendance. En 1956, une résolution concernant l'indépendance de l'Algérie avait étésoumise au vote de l'ONU. Le Mexique avait appuyécette résolution. Symboliquement, nous considérons donc que nos deux pays se sont rencontrés - et rapprochés - àce moment-là.

LPJ : Par leur histoire respective, marquée par la colonisation et par la lutte pour l'indépendance, Mexicains et Algériens ont des références communes?
M.B. :
Effectivement. Les problématiques auxquelles sont confrontés nos deux pays sont très proches et nos analyses de la situation internationale convergent régulièrement. Du coup, nous nous retrouvons souvent lors des sommets internationaux et nous entretenons de très bonnes relations diplomatiques.

LPJ : Existe-t-il des accords bilatéraux qui lient l'Algérie et le Mexique ?
M.B. :
Oui, nos deux pays sont liés par un certain nombre d'accords de coopération culturelle, commerciale, politique... Un accord phyto-sanitaire nous permet par exemple d'importer et exporter des produits agricoles dans nos pays respectifs. Un autre, de nature scientifique celui-là, nous permet de mettre en place des échanges d'étudiants. En 2005, le président Vicente Fox s'est par ailleurs rendu en Algérie. Nous en avons profitépour signer une lettre d'entente dans le domaine de la coopération pétrolière.

LPJ : Quelles sont les principales missions poursuivies par votre ambassade, àMexico ?
M.B. :
Outre nos activités proprement diplomatiques, nous nous efforçons de mieux faire connaître l'Algérie auprès des Mexicains. Début juillet, nous avons organiséune rencontre culturelle originale, la semaine mano a mano, autour de nos héros respectifs de la résistance nationale : Benito Juarez et Abd el Kader, deux personnages qui se ressemblaient beaucoup. L'initiative, avec des moyens modestes, a permis de construire un pont entre nos deux pays. En parallèle, nous nous efforçons de faire valoir nos atouts économiques : en septembre prochain, nous organiserons une mission d'entrepreneurs mexicains en Algérie;et actuellement, nous travaillons sur un projet d'importation de vin algérien au Mexique. L'Algérie possède une culture du vin très ancienne, qui date du 5ème siècle avant J.C., et un cépage presque unique au monde : le Carignan. C'est un produit qui, ànotre avis, peut trouver très facilement sa place sur le marchémexicain. Comme de nombreux autres?

LPJ : Selon vous, il y a donc un fort potentiel pour développer les relations commerciales entre le Mexique et l'Algérie dans les années àvenir ?
M.B. :
Tout àfait? pour peu que les entrepreneurs mexicains s'intéressent un peu plus àl'Algérie. Le Brésil, aujourd'hui, est notre cinquième partenaire commercial au niveau mondial. Le Mexique est encore loin. Mais potentiellement, il peut faire aussi bien. Les capacités sont là: il faut les faire connaître.
Propos recueillis par Valentin BONTEMPS. (LPJ) 20 juillet 2006


*Ancien ambassadeur d'Algérie au Zimbabwe (1996-2001) et directeur géneral des relations multilatérales au ministère des Affaires étrangères algérien (2001-2005), Merzak Belhimeur, 55 ans, a pris ses fonctions àl'ambassade d'Algérie en octobre dernier.

Informations et renseignements 
Ambassade d'Algérie
Sierra Madre 540
Lomas de Chapultepec
Mexico DF 11000
Tel : 55 20 86 56

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Publié le 20 juillet 2006, mis à jour le 9 janvier 2018

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