Édition internationale

INTERVIEW - Gérard Mauger décrypte la crise des banlieues

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018

Après Monterrey et Puebla, le sociologue et directeur de recherche au CNRS, Gérard Mauger, sera ce soir à l'Alliance française de Polanco. Dans le cadre du cycle de conférences Raisons d'agir, il reviendra sur la crise des banlieues françaises de l'automne dernier

"Je tente d'intervenir de façon scientifique pour rendre intelligibles les conflits" (Photo : AF)

Lepetitjournal.com : Sans déflorer votre sujet, expliquez-nous brièvement ce que vous aller évoquer ce soir dans votre conférence.
Gérard Mauger :
Je viens parler des émeutes en banlieue, qui ont eu lieu au mois de novembre. Comme c'est un de mes centres d'intérêt, même si ce n'est pas le seul, je suis en train de préparer un livre. J'essaie avant tout d'adopter une démarche d'historien par rapport à l'actualité. Je dresse un récit des émeutes en analysant comment elles se sont déclenchées ? pourquoi elles se sont étendues ? qui en étaient les acteurs ? comment ça s'est terminé ? Pour répondre à toutes ces questions, j'ai constitué un dossier médiatique, qui doit faire à peu près 7.000 ou 8.000 pages ! J'ai aussi réactivé les contacts que j'avais déjà en banlieue, puisque c'est un thème qui m'intéresse depuis plusieurs années. Je me suis aussi penché sur l'histoire des révoltes populaires. On y trouve une analogie frappante avec ce qui vient de se passer en France, dans son archaïsme, sans réelle organisation politique. En fait, l'émeute est l'ancêtre de la manif !

LPJ : Quel est le complément à cette démarche d'historien ?
RM :
L'autre volet, de ma recherche, c'est d'établir une sorte de répertoire des prises de position médiatiques, politiques, intellectuelles. Par exemple, quand on regarde le sens du mot "émeute", on se rend compte que dénommer ainsi les événements, c'est déjà une prise de position ! Je tente d'objectiver le récit et d'intervenir de façon scientifique pour rendre intelligibles les conflits. La finalité, c'est de comprendre quel est le sens de ces luttes sur papier, quel écho auront toutes ces différentes positions.

LPJ : On a beaucoup parlé en France du traitement appliqué aux événements par les médias étrangers. Qu'en pensez-vous ?
GM :
D'abord, il ne faut pas généraliser. Des journalistes suisses, par exemple, ont fait un travail qui mérite d'être salué : il sont venus s'installer dans un appartement, dans une banlieue française, et ils observent et envoient leurs rapports. Mais c'est vrai que les médias d'autres pays, des Etats-Unis, de Russie ou d'ailleurs, qui ont choisi d'avoir une vision catastrophique. C'est profondément ridicule et c'est un excès surprenant. Avant tout, ce qui était remis critiqué, c'est le modèle républicain auquel les Anglo-saxons préfèrent une approche multiculturaliste et ethniciste. Je me rends compte que ces concepts ont à présent trouvé des supporters même en France.

LPJ : Pensez-vous qu'au Mexique une même dérive conflictuelle soit possible ?
GM :
C'est sûr que la France n'a pas le monopole ! Dans un pays comme le Mexique, où les filets de protections existent encore moins qu'en France, où existe une paupérisation de masse, ça pourrait donc arriver.
Propos recueillis par Camille VAYSSETTES. (LPJ) 19 janvier 2006

Conférence de Gérard Mauger ? Raisons d'agir
Jeudi 19 janvier à 20h
Alliance française de Polanco
Socrates 156 (esq. Homero), col. Polanco
Entrée libre

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Publié le 19 janvier 2006, mis à jour le 9 janvier 2018
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