GUERRE DE LA PATISSERIE - Le premier conflit franco-mexicain

Publié le 17 avril 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

Si son nom peut faire sourire, le premier conflit entre la France et le Mexique fera tout de même plusieurs centaines de morts et modifiera la nature des relations franco-mexicaines. Retour sur la "guerre de la pâtisserie" qui opposa la France de Louis-Philippe 1^er et le Mexique indépendant depuis peu

Le roi Louis-Philippe attaque militairement le Mexique en 1838

La pâtisserie de la discorde
Les années qui suivent l'accession à l'indépendance du Mexique sont particulièrement sombres. L'instabilité politique règne, en effet, dans le pays où les gouvernements se succèdent à un rythme effréné. Les quelques ressortissants français présents sur son territoire pâtissent de cette situation propice à la violence: il n'est pas rare, pour eux, de voir leurs biens saccagés au cours d'une manifestation politique ayant mal tourné. C'est le cas le 4 septembre 1838. Ce jour-là, une pâtisserie tenue, à Mexico, par un ressortissant français est mise à sac au cours d'affrontements faisant suite à une élection contestée. Les conséquences de cette attaque sont pour le moins inattendues et démesurées. Mis au courant par le pâtissier en question, le roi des Français Louis-Philippe 1^er demande réparation au gouvernement mexicain et exige le versement de plus de 600.000 pesos. Face au refus catégorique du Mexique de payer la moindre compensation, la France passe à l'acte en l'attaquant militairement. Les arrière-pensées de Louis-Philippe sont à peine voilées. Il entend, par cette offensive, forcer le Mexique à s'ouvrir au commerce avec la France et à régler la lourde dette qu'il a contractée vis-à-vis d'elle.

Une guerre "éclair"
Au cours de l'automne 1838, les Français, commandés par le prince de Joinville et François d'Orléans, mettent sur pied le blocus de l'important port de Veracruz et le bombardent sans répit. Si le Mexique riposte sans tarder en déclarant la guerre à la France, la jeune nation ne fait pas le poids face à la puissance militaire du royaume de Louis-Philippe. L'infériorité matérielle du Mexique n'empêche toutefois pas certains de ses hommes de s'illustrer héroïquement au cours des combats. Ainsi, l'attitude courageuse d'Antonio López de Santa Anna, une des grandes figures de l'indépendance et ancien président de la République, lui permet de reconquérir le prestige perdu, quelques années plus tôt, au Texas devant Fort Alamo et de revenir, pour longtemps, au premier plan de la vie politique mexicaine.

Antonio López de Santa Anna défendra héroïquement le port de Veracruz

Les conséquences
Contraint de reconnaître sa défaite, le Mexique paie un lourd tribut financier en versant au vainqueur les 600.000 pesos exigés avant le conflit, sans compter les sommes exorbitantes liées à la reconstruction de son plus important port. Le royaume français, au contraire, tire de nombreux bénéfices de sa victoire, en devenant un partenaire commercial incontournable du Mexique à une époque où le marché américain se révèle vital pour les vieilles nations européennes. Ainsi, la France exporte ses tissus et ses produits de luxe, et importe les produits qui lui font défaut : or, argent, tabac, café, cacao mais aussi cochenille. Evidemment, la balance commerciale lui est très largement favorable ?. Quelques années plus tard, entre 1861 et 1867, l'empire français de Napoléon III interviendra de nouveau au Mexique où il tentera d'installer Maximilien de Habsbourg sur le trône. Mais c'est un autre épisode de l'histoire franco-mexicaine... (Lire notre article: MAXIMILIEN DE HABSBOURG - Le dernier empereur du Mexique)

Olivier CHARPENTIER (www.lepetitjournal.com/mexico) mardi 17 avril 2012