Cet article est le second volet de notre dossier sur l’eau
Le secteur de l’agriculture est celui qui consomme le plus d’eau. (Photo : AFP)
L’eau n’est pas courante pour tout le monde. 12% des Mexicains ne sont pas raccordés à un réseau d’eau potable et, pour 20% d’entre eux, pas plus à un milieu d’assainissement. Pire, des enfants meurent tous les jours de maladies liées à des infections de l’eau. Car 2% des eaux sont dangereuses et seulement 4% des eaux sont d’excellente qualité.
Face à cela, les spécialistes cherchent à améliorer la qualité de l’eau. Aujourd’hui, si on compte 454 stations de traitement, seulement 400 fonctionnent. Et 10% des eaux sont véritablement soumises à un processus fiable de potabilisation. En 2004, il est prévu de réhabiliter 35 stations de traitement pour un investissement de plus d’un milliard de pesos. L´Etat d´Aguascalientes a été le premier à traiter 100% des eaux usées en 2004. Jusqu´à présent, seules des villes avaient obtenu ce résultat : Puebla, Culiacan, Gomez Palacios, Torreon et Monterrey.
L’agriculture, plus grande consommatrice d’eau
Par ailleurs, vieux de 40 ans, le réseau d’acheminement de l’eau nécessite de meilleures infrastructures pour éviter que les eaux usées ne s’infiltrent dans l’eau potable. « Pour réduire les fuites, il faut améliorer les infrastructures », commente Patrice Keime, directeur général de Asagua, société de conseils. Et d’ajouter : « Il faut améliorer le rendement de l’acheminement de l’eau, qui est de 30% aujourd’hui. On table sur 70% ».
Ainsi le traitement des eaux résiduaires et l’amélioration des infrastructures des ressources en eau permettront de mieux préserver les ressources hydrauliques. En effet, l’eau connaît aussi des problèmes de quantité : selon la Commission nationale de l’eau (CNA), la crise de l’eau est prévue pour 2025. Si aujourd’hui, les ressources en eau sont réparties entre l’agriculture (85%), la population (12%) et l’industrie (8%), les spécialistes cherchent à diminuer la part de l’agriculture et des industriels.
Cultiver plus de vignes ?
Selon Patrice Keime, « l’eau traitée peut être réutilisée pour les besoins importants en agriculture au profit de l’eau potable, et ainsi maintenir le niveau des nappes phréatiques ». En effet, l’agriculture, grande consommatrice d’eau avec 6,3 millions d´hectares irrigués dans le pays (7ème rang mondial), puise 70% de son eau dans les réserves souterraines. Et 45 à 60% de cette eau se perd en fuite.
De plus, la prochaine étape prévoit d’optimiser l’infrastructure pour l’irrigation. « Il faudrait penser à installer des systèmes de goutte à goutte plutôt que de jet, avance Patrice Keime. Il faudrait aussi remplacer les cultures par d’autres moins consommatrices d’eau, comme les vignes ».
Côté industriel, les spécialistes entendent appliquer la même démarche : « Il faut produire de l’eau traitée de qualité telle qu’elle puisse être utilisée par les industriels», poursuit-il. A ce sujet, il existe des travaux en interne sur des procédés de traitement d’eau, comme dans les groupes Coca-Cola et Modelo qui possèdent déjà leur infrastructure. Une petite minorité, donc.
Ségolène ALLEMANDOU. (LPJ) 11 avril 2005