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ECONOMIE - La crise de la dette souveraine mexicaine

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 10 novembre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Il y a trente ans, le Mexique, à bout de forces, faisait défaut sur sa dette. Après bien des atermoiements et une décennie perdue, le pays s'est remis peu à peu sur pied. Un exemple qui résonne forcément, à l'heure où se joue l'avenir de la Grèce et de la zone euro

(Photo libre de droit)

Aux origines de l'endettement
Au cours des années 70, un vent d'optimisme souffle sur l'économie mexicaine, dopée par un afflux massif de revenus en devises, provenant du triplement du prix de l'or noir. Les dirigeants mexicains se mettent alors à emprunter sans compter: le volume des prêts de la Banque Mondiale au Mexique est multiplié par quatre entre 1973 et 1981, alors que celui des banques privées est multiplié par six au cours de la même période.

Le rôle de la Banque Mondiale dans la crise
A partir de 1974, cet endettement exponentiel conduit à une détérioration notable des finances publiques. Pourtant, les experts de la Banque Mondiale, loin de tirer la sonnette d'alarme, font preuve d'un optimisme à toute épreuve. Ils publient, en effet, toute une série de rapports qui minimisent les risques encourus par le Mexique: "Le gouvernement mexicain est à peu près certain d'obtenir un accroissement important des ressources à sa disposition au début des années 1980. Nos projections les plus récentes font état d'un accroissement important des revenus d'exportation, principalement grâce au pétrole, qui devrait faciliter le problème de la dette extérieure et la gestion des finances publiques au début des années 1980". Plus irréaliste encore, six mois avant l'éclatement de la crise, le président de la Banque Mondiale Alde W. Clausen, écrit au président mexicain José Lopez Portillo pour lui dire tout le bien qu'il pense de sa politique économique: "la rencontre que nous avons eue à Mexico avec vos principaux conseillers a renforcé la confiance que je place dans les dirigeants économiques de votre pays. Monsieur le président, vous pouvez être fier des réalisations de ces cinq dernières années. Peu de pays peuvent s'enorgueillir de tels taux de croissance ou d'autant d'emplois créés...Je voulais vous féliciter pour les nombreux succès déjà obtenus".

20 août 1982, le défaut de paiement
En dépit des pronostics des experts de la Banque Mondiale, le 20 août 1982, le Mexique annonce qu'il n'est plus en mesure de rembourser ses créances: il ne lui reste plus que 180 millions de dollars en caisse alors qu'il est censé rembourser plus de 300 millions trois jours plus tard. Dans un premier temps, le Fond Monétaire International, dirigé par le français Jacques de Larosière, se porte au secours du pays en lui octroyant, à la fin de l'année 1982, un prêt lui permettant de faire face à ses créanciers. Cette aide n'est évidemment pas exempte de contreparties, très lourdes: l'argent prêté doit servir à rembourser les banques privées, et le pays doit s'engager à appliquer des mesures d'ajustement structurel tels le lancement d'importantes réformes du commerce extérieur et du secteur financier, la privatisation d'un grand nombre d'entreprises d'État et la révision de la réglementation de l'investissement étranger direct. Mais rien n'y fait, tout au long des années 80, qui restent dans la mémoire des mexicains comme la décennie perdue, la dette extérieure demeure comme un nuage à l'horizon. Il faudra attendre 1989 et l'application du plan Brady pour que le pays reprenne peu à peu son souffle grâce à la restructuration de sa dette.

Olivier CHARPENTIER (www.lepetitjournal.com/mexico) jeudi 10 novembre 2011

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Publié le 10 novembre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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