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DÍA DE MUERTOS - Le reflet de l'âme mexicaine

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 30 octobre 2015, mis à jour le 30 octobre 2015

 Fêté, vénéré et honoré, el Día de Muertos est la fête la plus célèbre du Mexique. Plus qu'une coutume, elle représente le passage d'une religion à une autre, d'une culture à une autre et est le symbole de l'identité mexicaine.

El Día de Muertos est le fruit du syncrétisme entre la religion catholique et les croyances des civilisations préhispaniques. (wiki commons Aurelio MG) 

"Dis-moi comment tu fêtes tes morts, je te dirai qui tu es". Le rapport à la mort et aux ancêtres est le véritable reflet d'une culture dans ses croyances les plus profondes. Pour les Mexicains, "le culte de la vie est aussi le culte de la mort", comme l'écrit Octavio Paz. Cette célébration des morts s'exprime d'une manière extériorisée, originale, à la fois morbide et joyeuse. Une semaine avant el Díade Muertos, les ofrendas (offrandes) géantes surgissent dans les parcs et jardins, les calacas (squelettes) de papier mâché s'affichent sur les portes et dans les entrées d'immeubles, les enfants croquent des calaveras en sucre (friandises en forme de tête de mort), toutes les boulangeries vendent leur pan de muertos (pain des morts) et les jeunes mexicaines grimées en catrinas défilent en ville. Ce spectacle traditionnel considéré comme folklorique amuse, intrigue voire choque le touriste occidental.

L'auteur du Labyrinthe de la solitude dévoile ce rapport à la mort particulier des Mexicains : "Pour un habitant de New York, Paris ou Londres, la mort est une parole qui jamais ne se prononce car elle brûle les lèvres. Le Mexicain, en revanche, la côtoie, s'en moque, la caresse, il dort avec elle et la fête, c'est l'un de ses jouets favoris et son amour le plus permanent. Il est certain que dans son attitude, il ressent autant de peur que les autres; mais au moins il ne se cache pas ni ne la cache; il la contemple en face à face avec patience, dédain ou ironie".

C'est lors d'une cérémonie réalisée à Paris le 7 novembre 2003 que l'Unesco a distingué cette fête El Día de Muertos comme Chef-d'oeuvre du patrimoine oral et intangible de l'Humanité.

Ce jour des morts est en effet l'exemple même d'un syncrétisme entre la religion catholique et les croyances des civilisations préhispaniques. Le catholicisme a su reprendre à son compte cette fête païenne en regroupant les célébrations catholiques de la Toussaint (Todos los Santos) le 1er novembre et celle du jour de la Commémoration des fidèles défunts (Día de los Fieles Difuntos), le lendemain.

Une fête adoptée par le catholicisme
Avant l'arrivée des Espagnols, les peuples mésoaméricains (aztèque
, maya, purépecha, totonèque) partageaient une vision commune de la mort et du culte des ancêtres. Les Tarasques par exemple, situés dans l'actuel Michoacan, pensaient notamment que les défunts vivaient dans un monde souterrain et revenaient sur terre un jour par an avec les vivants qui se devaient de leur préparer une grande fête avec fleurs, nourriture et boisson. En revenant de si loin ou de si profond, ces ancêtres méritaient bien de la part de leurs proches un bon repas bien arrosé avant de repartir dans l'inframonde.

Aujourd'hui, la ferveur envers cette tradition est intacte, mais ce sont bien les vivants qui rendent visite aux morts.

Jean-Marie Legaud (www.lepetitjournal.com/mexico) vendredi 30 octobre 2015 (Republication)

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 30 octobre 2015, mis à jour le 30 octobre 2015

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