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CHOLULA – La grande sœur indigène de Puebla

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 7 janvier 2016

Avant Puebla? il y avait Cholula. A 10 km de la capitale de l'Etat se situe cette petite ville indigène, forte d'une histoire de plus de 3000 ans et pueblo mágico depuis 2012. Presque rayée de la carte par la conquête espagnole, la ville a pourtant survécu et s'est forgée une identité bien singulière, entre conservatisme religieux et indigénisme. Une belle idée d'escapade le temps d'un week-end. 

Le Couvent San Gabriel est tapissé de fleurs. Les horticulteurs de la région se sont rassemblés pour célébrer une messe. (Photo Tristan Delamotte)

Cholula
Cholula a connu le sort tragique de nombreux pueblos indigènes au moment de la conquête espagnole. A l'arrivée d'Hernán Cortès en 1519, c'était la deuxième ville de l'empire aztèque et son importance était telle que le conquistador eut à c?ur de la détruire. On raconte qu'en une journée, suite à la découverte d'un prétendu complot contre lui, Cortés ordonna une punition exemplaire et 3000 habitants furent tués en une journée. 

Ce petit pueblo est également l'exemple parfait de l'implacable évangélisation de l'Eglise catholique. On dit qu'à la place de chaque église se trouvait autrefois une pyramide, ancien lieu de culte des indigènes. Etant donné le nombre d'édifices religieux qu'on trouve aujourd'hui à Cholula, on imagine aisément la volonté de fer qu'il y avait à détruire cette civilisation.
Une procession d'horticulteurs. (Photo T.D.)

Petite déambulation au centre de la ville

En arrivant en ville, on est tout de suite frappé par la concentration de bars et de boîtes de nuit qui contrastent avec la culture traditionnelle. Les clubs viennent presque rivaliser avec le nombre d'églises. Cette vie nocturne particulièrement animée n'est pas étonnante lorsque l'on sait que Cholula est un centre universitaire qui accueille la plupart des campus de l'Etat. 

Le zócalo est bordé par le Convento San Gabriel, grande paroisse toute jaune avec un agréable jardin. Bâtie en 1549 à la place d'un temple dédié au dieu Quetzalcóatl, ce serait dans le jardin du couvent qu'aurait eu lieu la majorité des conversions religieuses. Ce grand espace vert aurait été pensé de manière à faciliter l'évangélisation, les indigènes étant peu habitués à prier dans des espaces clos. Sur la gauche de l'édifice se situe la Capilla real qui ressemble aux églises du sud de l'Espagne. Avec ses 49 coupoles, c'est un bâtiment typique de l'architecture mudéjar, l'art arabe-andalou. Le Convento dispose également d'une impressionnante bibliothèque franciscaine avec des ouvrages datant du XVIe au XIXe siècle consultables sur demande.

Convento_San_Gabriel
Convento_San_Gabriel
Les centaines de fleurs parfument le Couvent San Gabriel. (Photo T.D.)Préparatifs du feu d'artifice dans le Couvent San Gabriel (Photo T.D.)


La pyramide cachée de Cholula

La pyramide de Cholula est connue dans tout le pays. Cependant, il vaut mieux avoir un peu d'imagination parce que celle-ci est presque totalement ensevelie par une butte de terre sur laquelle trône le Sanctuario de la Virgen de los Remedios. Des fouilles archéologiques avaient été entreprises pour la déterrer mais elles se sont arrêtées brutalement dans les années 1970. Difficile de comprendre pourquoi rien n'est lancé aujourd'hui puisque la pyramide serait la plus grande du Mexique, soit une pépite du patrimoine national totalement ignorée. Pour mieux se rendre compte de la taille que devait avoir la construction, il est aujourd'hui possible d'emprunter des souterrains qui donnent d'assez bonnes perspectives. Huit kilomètres de labyrinthe qui ne rassureront pas les plus claustrophobes d'entre vous. En plus de ce petit tour à l'intérieur de la pyramide, on vous conseille de monter jusqu'au sanctuaire pour y apprécier la vue sur la région. Par beau temps, on y aperçoit nettement les volcans qui encerclent la ville.

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Cholula
La pyramide ensevelie de Cholula. (Photo T.D.)Vue panoramique de Cholula. (Photo T.D.)
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Sanctuario de la Virgen de los Remedios. (Photo T.D.)A l'intérieur de la pyramide. (Photo T.D.)

 

Tonantzintla
A quelques kilomètres de là?

A quelques kilomètres de Cholula se situent deux églises qui valent le détour, savants mélanges entre l'art baroque et indigène. Les églises de Tonantzintla et d'Acatepec sont à couper le souffle. Rien n'a été oublié : peinture, sculptures en bois, angelots, fleurs, dorures? Même les moins sensibles à ce style très chargé ne pourront que reconnaître la précision et l'ampleur du travail que cela a pu représenter. Ce sont véritablement deux petits bijoux de l'Eglise catholique et paradoxalement de beaux exemples de résistance de la culture indigène. En effet, les artistes et ouvriers qui ont participé à la construction de ces deux édifices n'ont pu s'empêcher de mettre un peu d'eux-même dans la réalisation. Les visages des saints et des anges sont métissés, les corps parés de tenues traditionnelles et des fruits tropicaux et des épis de maïs rappellent la culture originelle de la région.
L'église de Tonantzintla. (Photo T.D.)

Tout comme la pyramide de Cholula injustement laissée à l'abandon, ces deux églises ne perçoivent aucune aide du gouvernement ni de l'institution catholique pour leur maintien en bon état. Le prêtre ne vient que pour célébrer la messe et ce sont des familles du coin qui se relaient bénévolement pour garder les lieux. Une semaine par mois durant un an, ces gardiens atypiques laissent de côté leur travail pour veiller sur ces deux précieuses églises. Même les enfants participent à la tâche. Ce gardiennage est d'autant plus surprenant qu'il n'est pas perçu comme une corvée mais au contraire comme un devoir que l'on remplit avec honneur. Au final, c'est un peu cette image que l'on garde d'une visite à Cholula, un petit pueblo indigène à la culture métissée qui résiste avec fierté.

Acatepec
L'église d'Acatepec est gérée par les habitants, le prêtre ne venant que pour célébrer la messe. (Photo T.D.)

Camille François (Lepetitjournal.com/mexico) Vendredi 8 janvier 2015 (Republication)

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 8 janvier 2016, mis à jour le 7 janvier 2016

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