

Le Petit Journal de Mexico vous propose un mercredi sur deux dans sa rubrique littérature des poèmes du poète, performeur et journaliste mexicain Hugo Plascencia. Pour ne rien perdre de son talent, nous publions ses textes dans leur langue d'origine et en français. Sculpture de Igor Mitoraj, La Défense Paris, 2005 (photo ©Romain Thieriot)
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Carnaval de concreto I Ils t'ont recouverte dalle par dalle jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'à t'appeler ville. Tu t'es érigée, femme ravissante, tel un monstre que tous craignent et copulent et dans la durée d'un feu de circulation, ils ont vidé les fontaines de tes mamelons à force de baisers. Mais tu n'as pas toujours été ensevelie et disséminée dans les stries de la nuit il fut un temps où les initiés touchèrent ton sexe de luth comme une pomme de miel et d'amarante dure comme le caramel de l'après-midi il fut un temps où le vent de la palombe invoqua ton jupon en une rafale dans la fissure de tes rues et de tes trottoirs et il y eut les mauvais moments avec sa maladie en phase terminale de fin de voyage où la glace n'est pas glace mais brûle tout de même. Le coeur me fait mal du côté droit chaque fois que tes enfants t'appellent putain l'envie me prend d'ériger une cave pour ta mémoire ne laisse pas la mousse et la peur trahir ton âge. Je me vois dans cette ville avec tes yeux dans l'amour de ta peau dallée qui eut jadis l'innocence de la Vénus de Milo. |
Carnaval de concreto I Te fueron revistiendo baldosa a baldosa hasta que no quedó más remedio que llamarte ciudad. Te erigiste hermosa mujer con el efecto de un monstruo al que todos temen y copulan y en lo que dura un semáforo vaciaron las fuentes de tus pezones a besos. Pero no siempre estuviste hundida y diseminada en las estrías de la noche hubo un tiempo en que los iniciados tocaron tu sexo de laúd como una manzana de miel y amaranto dura como el caramelo del medio día hubo un tiempo en que el viento del torcaz en una ráfaga invocó tu faldón en la hendidura de tus calles y veredas y hubo malos tiempos con su enfermedad terminal de fin de viaje donde el hielo no es hielo pero quema. Me duele el corazón del lado derecho cada vez que tus hijos te llaman ramera me dan unas ganas de ponerle un sótano a tu memoria no dejes que el musgo y el miedo delaten tu edad. Me miro en esta ciudad con tus ojos en la alta querencia de tu piel de baldosa que alguna vez tuvo la inocencia de la Venus de Milo. |
| Poème extrait du livre Calandres Underground aux éditions Écrits des Forges (édition bilingue français-espagnol) Traduction Sophie Martin Biographie Né à Mexico en 1978, Hugo plascencia est poète, performeur et journaliste. Il est l'auteur de Ahogar el Grito, Todo es Babel, Calandrias Underground et Razón de Bestia. Il a participé à plusieurs rencontres nationales et internationales de poésie. Certaines de ses ?uvres ont été traduites en anglais et en français. Actuellement il réalise des performances poétiques en collaboration avec des musiciens et des artistes visuels. Il collabore également à la production de documentaires avec des poèmes mis en musique. | ![]() |
Hugo Plascencia pour (lepetitjournal.com/mexico) Mercredi 1er octobre 2014








