Édition internationale

BITE YOUR TONGUE - Exposition autour de l'oeuvre du peintre américain Léon Golub

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 janvier 2018

Du 12 septembre 2015 au 07 février 2016, le musée Tamayo, en collaboration avec les Galleries Serpentines de Londres, organise une exposition rétrospective présentant l'oeuvre de l'artiste américain, Léon Golub, entre 1950 et 2004. Première grande exposition depuis la mort du peintre figuratif de l'après Seconde Guerre Mondiale, elle retrace l'évolution de ses techniques et de son engagement. Afin de vous guider dans votre future visite, Le Petit Journal de Mexico vous en dit un peu plus sur cet artiste et décrypte avec vous les lectures possibles de son ?uvre.

Grand admirateur du muralisme mexicain, Golub était convaincu que l'art devait être utile socialement. Marqué par son expérience en tant que cartographe de l'armée américaine pendant la Seconde Guerre Mondiale et fervent opposant à la guerre du Vietnam menée par son propre pays, Leon Golub s'est notamment opposé aux thèmes de l'inégalité et de l'abus de pouvoir. L'oeuvre de Golub dépeint donc, sans ménagement, ce qu'il considère comme la réalité de l'existence contemporaine mondiale : fragile et turbulente.

Inauguration de l'exposition Leon Golub au Musée Tamayo. (Margot Cariou)

Un artiste engagé, convaincu de l'utilité sociale de l'Art 

L'exposition elle-même tire son nom d'une des dernières ?uvres de l'artiste intitulée «Bite Your Tongue», dans laquelle on peut voir un chien, symbolisant la sauvagerie de l'homme moderne, tourner le dos à une structure en bois soutenant une tête décapitée fumant un cigare. Le titre, qui signifie littéralement «se mordre la langue», est une expression anglaise désignant le fait d'empêcher quelqu'un d'exprimer son opinion. C'est donc la dénonciation même du manque de liberté d'expression qui ronge nos sociétés modernes. 

Leon Golub, «Bite your tongue» (2001), acrylique sur lin (Margot Cariou) 

Bien qu'il n'y ait pas de césure nette, on peut cependant distinguer deux grandes périodes dans la ligne artistique suivie par Golub. En effet, alors que la première partie de son ?uvre s'attache à critiquer explicitement la politique étrangère des Etats-Unis, la seconde dénonce, de manière plus générale et implicite, la sauvagerie de nos sociétés modernes.    

1965 ? 1985 : Critique de la politique extérieure des Etats-Unis 

A ses débuts, Golub use de créatures fantastiques et mystiques comme le sphinx pour représenter la lutte entre la nature humaine et animale, la civilisation et la violence. En 1964, l'artiste originaire de Chicago déménage à New York. Fervent opposant à la guerre du Vietnam qui débute alors, il s'investi particulièrement au sein de «The Artist and Writers Protest Group» et change sa manière de peindre. Il peint en effet de plus grands formats et passe de sujets introspectifs et solitaires à des sujets directement en rapport avec l'actualité politique. Certains de ses tableaux de l'époque font d'ailleurs des références directes à des contenus médiatiques et notamment aux photographies de la revue américaine «Soldier or fortune».

Leon Golub «Mercenaries IV», 1980, acrylique sur lin (Margot Cariou)

Au début des années 1980, Golub produit ainsi ses séries les plus emblématiques, « mercenaires » et « interrogation », dans lesquelles il critique l'implication américaine dans les opérations de contre révolution en Amérique latine. Peints sur des fonds rouges vifs qui intensifient le caractère agressif des scènes dépeintes, les personnages semblent regarder le spectateur, comme pour le rendre complice de leurs activités tandis que leurs tenues banales rajoutent au réalisme des peintures et rapprochent le spectateur des criminels dépeints, volonté de Golub qui affirmait lui-même que tout le monde pouvait et devait se reconnaitre dans ses peintures.  

1985-2004 : Dénonciation des maux rongeant nos sociétés modernes 

A la fin des années 1980, Golub retourne finalement à la mythologie classique de ses débuts avec notamment «Prometheus». Ce « style tardif », comme il le qualifiait, lui permet d'évoquer plus généralement la violence de nos sociétés modernes tandis qu'il s'éloigne des références ouvertes à des évènements politiques spécifiques. Ses ?uvres deviennent encore plus fragmentées et incorporent animaux, graffitis et slogans. Il utilise notamment la figure du chien pour symboliser la brutalité de l'humain. 

Leon Golub «Prometheus » (1997), acrylique sur lin  (Margot Cariou)

Durant les dernières années de sa vie, l'artiste abandonne le travail à grande échelle au profit d'une série de dessins sur papier interrogeant la mort, avec plus ou moins d'humour. Ces dessins sont habités par des créatures mythologiques tels que des nymphes ou des centaures mais aussi des cyborg futuristes, et se caractérisent par leur exécution rapide et fluide qui lui permirent d'être particulièrement productif jusqu'à la fin de sa vie.  

Informations pratiques :

Museo Tamayo, Paseo de la Reforma 51, Bosque de Chapultepec, Miguel Hidalgo, 11580 Ciudad de México, D.F., Mexique.

Exposition ouverte au public du 12 septembre 2015 au 7 février 2016, du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00.

Gratuit le dimanche.

Pour plus d'informations : www.museotamayo.org

 Leon Golub «Fuck Death» (Margot Cariou)

 Margot Cariou (Lepetitjournal.com/mexico) Jeudi 17 septembre 2015

lepetitjournal.com Mexico
Publié le 17 septembre 2015, mis à jour le 6 janvier 2018
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