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SERGE POUMES - Nouvelle direction pour l' UFE Victoria

Écrit par Lepetitjournal Melbourne
Publié le 17 septembre 2013, mis à jour le 8 février 2018

 

Bordelais d'origine, Serge Poumès vit à Melbourne depuis plus de 33 ans. Après une carrière dans l'agro alimentaire chez Nestlé, Kraft entre autre, il débute en 1984 une nouvelle aventure avec Potts bakery, une des premières boulangeries melbournienne qui changea l'approche des Australiens envers les produits boulangers si chers aux Français. Fort de son expérience et de son réseau de contacts, Serge démarre,  en 2008, l'antenne UFE avenir. Soucieux de venir en aide aux jeunes Français de cette association qui cherchent un emploi en Australie, Serge, par son enthousiasme et ténacité a aidé plus de 140  jeunes diplômes et professionnels a trouvé un emploi ici. Aujourd'hui président de l'Union des Français de l'étranger du Victoria, il a à cœur de maintenir les liens entre Français au travers de l'association qu'il continue de développer.

Serge a accepté de revenir sur son parcours et ses choix avec lepetitjournal.com. de Melbourne.

 

Pourquoi avez-vous choisi de vivre à Melbourne ?

J'ai eu l'occasion de visiter Sydney, et vu que j'arrivais de Paris, où je marchais à 200 à l'heure, je n'ai pas aimé Sydney. J'avais l'impression de me retrouver dans la banlieue parisienne, métro-boulot-dodo.

Pendant 17 ans, j'ai travaillé dans le monde entier avec Nestlé, mais j'étais arrivé à saturation. En arrivant à Melbourne, ça m'a plu, ce n'était pas le Melbourne d'aujourd'hui. Avec une équipe de français (boulangers et pâtissiers), on a développé toute la FBH (French Bake House), qui était en partenariat avec les Grands Moulins de Paris. J'ai lancé un nouveau concept  ou au lieu d'avoir le lieu de production dans chaque magasin, nous avons créé une seule usine, qui dispatchait les produits. Suite a une association avec un Néo-Zélandais, tout est tombé à l'eau.

J'ai alors eu la chance de rentrer chez Kraft, qui m'a affecté à Everest food, une compagnie italienne rachetée par Kraft. J'ai développé la fameuse crème glacée « Plume ». Il y avait de l'alcool à l'intérieur, ça a été un succès énorme. J'y ai travaillé pendant 5 ans.

Et puis finalement, Kraft a été racheté par Philip Morris. Kraft a donc fermé la compagnie Everest. Et ils m'ont proposé d'aller travailler à Port Melbourne pour développer la Vegemite, mais mon estomac n'a pas accepté ! J'ai donc donné ma démission.

Je me suis ensuite un peu « baladé », et ai rencontré un Français né en Egypte, excellent en marketing et finance avec le quel  on a décidé de démarrer ensemble une boulangerie française.

La boulangerie était quelque chose qui était dans vos gênes ?

Oui. On a commencé à Brunswick, en 1982. On était bien placé, donc les gens venaient acheter chez nous. On faisait de tout.

Et puis nous avons eu la chance de rencontrer une dame, qui adorait notre pain et dont le mari était un grand chef à Melbourne, à l'hôtel Windsor. Il s'appelait Bruno Cerdan, de la famille du boxeur Marcel Cerdan.

Elle m'a conseillé de le contacter. Le lendemain, je me suis présenté à l'hôtel, avec mes baguettes sous le bras. Quelques minutes après l'avoir rencontré, je repartais avec une commande de 50 baguettes pour le lendemain matin. Et c'est comme ça que tout a demarré.

Notre boulangerie s'appelait Potts bakery. C'est à ce moment-là que nous avons vraiment commencé à prendre de l'importance. En l'espace de 8 mois, nous livrions tous les grands hôtels de Melbourne et ce grâce à notre travail avec l'hôtel Windsor et sans avoir fait de publicité. C'était grâce au bouche à oreille. Ces hôtels, contents de notre travail, ont commencé à nous demander de produire des croissants, des pains aux chocolats etc. Ce qui nous a beaucoup aidé, c'est que les gens qui n'avaient pas l'habitude de manger du pain en ont pris l'habitude. Quand on a commencé à faire des croissants, les gens faisaient la queue dehors.

 Quelles ont été vos premières impressions en arrivant en Australie ?

Ma première impression a été l'espace, et la gentillesse des gens. Je ne parlais pas du tout l'anglais, et ils ont toujours été gentils avec moi.

C'est ça qui vous a séduit ?

Oui, la gentillesse et l'accueil. Mais c'était en 1979.

Y-a-t-il des choses que vous n'avez pas aimées ?

Oui, l'ambiance dans les pubs. J'étais un peu surpris de voir les femmes d'un côté et les hommes de l'autre. Le binge drinking en fait. Sinon, Melbourne, je m'y sentais bien. Il y avait une certaine activité qui me plaisait, la ville était en train d'évoluer. L'évolution aéronautique y a beaucoup fait.

Quels sont les changements que vous avez pu remarquer depuis votre arrivée ?

Oh Oui, beaucoup de changements. A l'époque les gens se mélangeaient. Il n'y avait pas beaucoup de Français mais nous avions l'avantage d'avoir un  consulat général.

Quand je suis rentré dans la famille de ma femme, que j'ai rencontré ici, c'était la même chose : son père était écossais, sa mère suédoise.

Quelles sont les chose auxquelles vous avez du vous adapter ?

Pas grand chose vraiment,  mais quand je suis arrivé j'ai choqué les gens : en ouvrant la porte de la voiture  à ma femme, ou en mettant les courses dans la voiture etc.

Pour moi, l'Australie est une grande aventure. Je n'ai pas quitté la France parce que je ne l'aimais pas. Mais il y a tellement de choses qui m'ont attiré ici. J'adore ce pays : il y a de l'espace, j'ai joué au golf, j'ai rencontré des gens extraordinaires, une grande famille. Je suis chez moi maintenant ici.

Trois mots pour décrire l'Australie et les Australiens ?

Pour moi, c'est un pays jeune, dynamique, qui avance, mais qui a quand même un gros handicap : ils sont limités. Je m'explique : quand nous avions la boulangerie, pendant la saison du  football, le lundi matin, ils n'étaient pas là parce qu'ils avaient fait la fête. Pas de coup de téléphone pour s'excuser ni rien. Quand on faisait du bénéfice, on récompensait les gens qui travaillaient bien, au lieu de le mettre dans notre poche. Mais même ça, ça ne les stimulait pas beaucoup, c'est tout juste s'ils nous disaient merci.

Donc en fait, pour vous, ils étaient limités parce que même s'ils étaient ambitieux (les Australiens), ils ne se donnaient pas les moyens de l'être vraiment.

Peut-être que ça a évolué avec l'arrivée de nouvelles matières grises. J'ai eu l'occasion de faire des cours magistraux à Monash, j'ai vu des étudiants avec des moyens énormes, mais qui ne se donnaient pas les moyens d'y arriver. 

L'Australie vous a-t-elle changé ?

Bien sur. Tout d'abord, elle m'a donné une deuxième impulsion, m'a fait relever des défis . Je suis curieux de nature, intéressé par tout, parlé de tout. Ce qui m'a choqué en Australie : au travers de ma belle-famille, il n'y a pas une minute de conversation où l'on ne parle pas d'argent. Il y a tellement de sujets à couvrir. Les gens qui sont nés ici, mais originaire d'ailleurs, ne se rendent pas compte qu'ils sont dans l'un des plus beau pays du monde.

La France vous manque ?

Non. Le côté familial oui. Mais sinon, pas tant que ça. Je suis ici depuis 33 ans, je suis donc ici depuis longtemps.

Je suis allée en France l'année dernière, pendant 3 mois, et aujourd'hui, si on me demandait d'y aller en vacances, je dirai que je n'ai pas envie. J'ai tellement eu mal au cœur de tout ce que j'ai vu ou entendu. J'ai même de l'appréhension à écouter les nouvelles. 

Est-ce que vous retrouvez la France ici ?

Quand vous voyez le nombre de facilités et de produits que l'on a ici, oui bien sûr je retrouve la France un peu partout. La seule chose qui me surprend c'est la très faible position commerciale des produits français sur le marché australien : nos produits sont-ils trop chers ? Nos produits ne sont pas valables ?

Les produits du terroir me manquent : la charcuterie, le fromage.

Avez vous un plat ou une boisson préféré(e) australiens ?

Oui, le pinot noir, de la Yarra Valley. 

Mais ici, à Melbourne, où allez-vous quand vous voulez retrouver un peu de France ?

Venant du Sud Ouest, j'adore le foie gras, mais il n'y en a pas ici. Pour manger des plats français, je vais manger à Bistro Thierry, à A la BouffeJ'adore la cuisine italienne aussi, et pour manger italien, je vais dans un petit restaurant italien, à Carlton, qui s'appelle « La Mama », à côté du Square.

Quel est votre quartier de prédilection à Melbourne ?

J'adore Collins Street, et Swanston Street.

Une journée idéale à Melbourne ?

Je commencerai la journée par le musée de l'Immigration ou le Melbourne Museum, puis je me rendrai à Federation Square pour y prendre un café et observer les gens, j'irai manger au restaurant « La Mama ».

Propos recueillis par Sophie Short (www.lepetitjournal.com/melbourne) Mercredi 18 Septembre 2013

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Publié le 17 septembre 2013, mis à jour le 8 février 2018

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