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CONFLIT INDO-MELANESIEN - Quand les médias deviennent une arme de guerre

Écrit par Lepetitjournal Melbourne
Publié le 23 mars 2015, mis à jour le 23 mars 2015

 

Alors que la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a entamé une tournée dans les pays mélanésiens, le gouvernement indonésien a interdit aux journalistes mélanésiens de poser des questions au sujet du conflit en Papouasie occidentale. Les autorités indonésiennes refusent toutes allusions au sujet de la révolution pro indépendance qui se passe en Papouasie occidentale. La révolution est  principalement menée par l'organisation pour la Papouasie libre  (Organisasi Papua Merdeka) dans le but de retrouver l'indépendance de la région qui est rattachée à l'Indonésie depuis 1963.

L'État indonésien agit ainsi car il n'assume pas complètement les dégâts du conflit. Il est hors de question de dégrader l'image indonésienne notamment auprès des autres diplomaties internationales. En 2011, ressort  un bilan de l'insurrection. On y dénombre 100 000 déplacés, 150 000 à 400 000 tués. Ce bilan reconnaît également que l'armée indonésienne est à l'origine de nombreuses exactions contre les civils, allant jusqu'à massacrer des villages entiers, sous prétexte que les villageois seraient des sympathisants de l'OPM. En limitant les discussions autour de la question de l'indépendance, l'Indonésie pense éviter la propagation de la révolution et garder le phénomène «secret».

Une telle réaction de la part des autorités indonésiennes est aussi un moyen de répondre à «l'attaque médiatique» que commettent les médias mélanésiens à l'encontre de l'Indonésie et de son jardin secret. En effet , l'Indonésie reproche aux médias, leurs nombreux reportages et articles qui mettent en lumière le non respect des droits de l'homme et la violence commise par le gouvernement indonésien. La journaliste française, Valentine BOURRAT a été arrêtée par la police indonésienne et incarcérée pendant 11 semaines, alors qu'elle tentait de faire un reportage sur les violations des droits de l'homme, dont on ne parle pas assez et qu'il est temps de dénoncer, en Papouasie occidentale. 

Ci-joint son discours à sa sortie de prison : 

Free West Papua Campaign

www.facebook.com/notes/valentine-bourrat/my-speech-at-the-side-event-on-west-papua-wed-18-march-un-human-rights-council/10153180630186810?pnref=story

Toutefois, il est nécessaire pour la ministre indonésienne de faire bonne figure et de tenir un discours qui en jette. Effectivement, elle présente les faits comme une simple paranoïa de la part des mélanésiens puisque les relations entre l'Indonésie et la Mélanésie sont assez solides pour discuter de sujets sensibles. Elle souligne même que le gouvernement indonésien se sent prêt à évoquer la question du groupe mélanésien "fer de lance" que la Papouasie occidentale souhaite rejoindre. Bien évidemment, elle ne cite pas la Papouasie occidentale lorsqu'elle évoque le sujet. D'après le porte parole du premier ministre de la Papouasie-Nouvelle Guinée, Mr O'Neil, il faut comprendre le discours comme un moyen d'apporter de la matière aux médias indonésiens. Il s'agit d'une simple stratégie de communication.

Le combat indonésien à l'encontre des Mélanésiens, via les médias, ne s'arrête pas là. Retno Masurdi et son bras doit Pato vont jusqu'à annuler la conférence de presse qui devait avoir lieu aux îles Salomon précise Ofani Eremae , le directeur de publication du Salomon Star. Ceci était le moyen le plus démocratique d'évoquer certains points tracassant les mélanésiens. Ils s'en trouvent privés. De plus, les organisateurs de la conférence de presse ont initialement reçu une directive de la part du gouvernement indonésien qui précise l'interdiction d'accès aux journalistes. Alexander Rheeney, président du Comité de la presse demande des explications au gouvernement Papou au sujet d'une telle restriction de la liberté de presse. Il ne comprend que l'on puisse museler les journalistes.

En agissant ainsi , «l'Indonésie a mis de l'huile dans le feu» et montre son manque de responsabilité  souligne Titi Gabi, porte parole du comité régional des médias , Paix et Liberté. Le but recherché par les indonésiens est loin d'être acquis car il sème le doute au sein des diplomaties internationales et agrandit la culpabilité du gouvernement et du peuple de Papouasie-Nouvelle Guinée , qui réalisent ne pas être assez présents dans la révolution menée de l'autre côté de la frontière.  Le mois dernier déjà O'Neil disait que son pays doit parler davantage en faveur de la Papouasie occidentale et des autres frères papous. 

Yamina Bendaïda (www.LePetitJournal.com de Melbourne) mardi 24 mars 2015

lepetitjournal.com Melbourne
Publié le 23 mars 2015, mis à jour le 23 mars 2015

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