Édition internationale

Retour d’Égypte 2026 : l’Egypt Fashion Week impose une nouvelle scène créative

Alors que l’édition 2025 s’achève, l’Egypt Fashion Week confirme son rôle structurant dans l’émergence d’une scène mode égyptienne contemporaine. Portée par Susan Sabet, la plateforme s’impose depuis Le Caire comme un espace de dialogue, d’influence et de projection internationale, esquissant déjà les contours d’un nouveau « Retour d’Égypte » à l’horizon 2026.

Susan Sabet, fondatrice de l’Egypt Fashion Week et figure clé de la mode contemporaine égyptienne.Susan Sabet, fondatrice de l’Egypt Fashion Week et figure clé de la mode contemporaine égyptienne.
Susan Sabet, fondatrice de l’Egypt Fashion Week et figure clé de la mode contemporaine égyptienne.
Écrit par Marie-Claire Béji
Publié le 15 décembre 2025

 

Portée par Susan Sabet, l’Egypt Fashion Week (EFW) s’impose aujourd’hui comme une plateforme structurante pour la mode égyptienne contemporaine. Depuis Le Caire, l’événement nourrit l’ambition de tisser, dès les prochaines éditions, un dialogue construit avec les grandes capitales créatives — Paris, Milan, Londres, Rome — esquissant un nouveau « Retour d’Égypte » fondé sur la création, la transmission et l’ouverture au monde.

Susan Sabet, architecte d’un écosystème de mode en Égypte

Susan Sabet fait partie des cinq membres fondateurs de l’Egyptian Fashion & Design Council (EFDC), organisation à but non lucratif à l’origine de l’Egypt Fashion Week, dont elle est aujourd’hui l’organisatrice principale. Projet phare du Council, l’EFW s’impose désormais comme une plateforme structurante pour la mode égyptienne contemporaine.

Première Égyptienne à être distinguée dans le prestigieux classement The Business of Fashion 500 (BOF500).

Depuis 2014, Susan Sabet figure parmi les personnalités les plus influentes de l’industrie de la mode à l’échelle internationale, inscrivant durablement son parcours au cœur des réseaux mondiaux de la création, de la stratégie et de l’influence.

Une trajectoire biculturelle entre l’Europe et l’Égypte

Entre Vienne, où elle est scolarisée en français au lycée Notre-Dame de Sion, et l’Égypte, où elle développe son parcours professionnel, Susan Sabet incarne une trajectoire biculturelle singulière. Fille d’un père égyptien et d’une mère autrichienne active dans la mode enfantine, elle grandit dans un univers de tissus, de production et de création textile.

De retour en Égypte dans les années 1990, elle ouvre une boutique à Zamalek, distribuant notamment Dior, Gianfranco Ferré et Eres. Elle cofonde ensuite avec sa mère la marque de vêtements pour enfants Teddywear, avant de lancer en 2003 Pashion, premier magazine de mode du monde arabe, toujours publié aujourd’hui, avec une édition parallèle à Vienne devenue une référence régionale.
« J’ai grandi dans un univers de tissus, de couleurs et de production. La mode, je suis tombée dedans toute petite. »

Egypt Fashion Week : de la vitrine créative à l’écosystème structuré

En 2023, l’EFDC lance officiellement l’Egypt Fashion Week, soutenue par les ministères du Tourisme et de l’Agriculture. L’événement devient rapidement un levier structurant du secteur, fédérant créateurs, écoles, ateliers, filières textiles et mécènes, avec l’ambition d’accompagner les talents sur le long terme.

En 2025, les partenaires institutionnels incluent le programme GTEX de l’International Trade Center, la Drosos Foundation, le British Council Egypt et Afreximbank, principal partenaire financier. Ce dernier soutient également la présence de créateurs africains, dont des Égyptiens, sur des plateformes internationales comme Tranoï à Paris et à Tokyo.

Sous le thème « Évolution », l’édition 2025 met l’accent sur l’inclusion, l’entrepreneuriat féminin et la structuration durable du secteur, notamment à travers des programmes de formation pour des femmes issues de zones rurales.

« Ce que nous voulons, c’est donner des outils aux créateurs pour durer, pour exister. »

Shop the Runway et espaces de réflexion

Le programme Shop the Runway établit un lien direct entre création et marché en rendant les collections de l’Egypt Fashion Week accessibles aux acheteurs et plateformes internationales, convertissant l’attention médiatique en opportunités commerciales concrètes.

Parallèlement, des tables rondes ont permis d’aborder des enjeux contemporains tels que le design, l’artisanat, la durabilité et les nouvelles économies créatives. 

L'ancien consulat de France, transformé en espace de coworking nommé Consoleya, a accueilli ces discussions, offrant un cadre emblématique au cœur du centre-ville haussmannien du Caire.

Une ouverture internationale affirmée

L’ouverture internationale de l’Egypt Fashion Week, amorcée avec l’Italie, se tourne vers le monde à travers des collaborations avec des capitales européennes comme Paris, Milan et Rome.

L’édition 2025 s’est ouverte par une soirée VIP exclusive, accueillie par l’Ambassadeur d’Italie en Égypte, Son Excellence Agostino Palese, à sa résidence officielle. Cette inauguration, à forte portée diplomatique et culturelle, a donné le ton d’une édition axée sur le dialogue international et l’élégance.

Elle a également été rehaussée par la présence de figures majeures dont la venue a constitué un signal fort de reconnaissance artistique et institutionnelle.: 

Maurizio Galante, créateur de haute couture de renommée mondiale et Chevalier des Arts et des Lettres.

À ses côtés, Camilla Fracasso Diaferia, représentante de White Milano, plateforme incontournable de la mode contemporaine internationale, est venue au Caire à la rencontre des talents émergents et de l’écosystème créatif égyptien. Leur présence, aux côtés d’autres personnalités et invités internationaux, a confirmé l’attractivité croissante du Caire comme nouvelle scène de célébration, de dialogue et de projection de la mode mondiale.

Les activités se sont poursuivies dans le bâtiment historique La Côterie, au cœur du centre ville du  Caire, offrant un espace d’expression aux créateurs et favorisant les échanges culturels et économiques.

« Retour d’Égypte » : la création internationale regarde vers le Nil

L’expression « Retour d’Égypte » prend un sens contemporain, évoquant une inspiration vivante et collaborative plutôt qu’un simple orientalisme. Ces dernières années, plusieurs créateurs internationaux ont ravivé ce dialogue. En 2023, Dior a présenté une collection aux pyramides de Gizeh, tandis que Jean Paul Gaultier a célébré le lancement de son parfum Divine lors d’une croisière sur le Nil. Dès 2022, Balmain a engagé un dialogue créatif fort avec l’Égypte grâce à sa collaboration avec la joaillière Azza Fahmy, donnant naissance à un bustier iconique. Christian Louboutin, quant à lui, revendique une relation profonde et durable avec l’Égypte, nourrie par son histoire personnelle. Enfin, en 2025, Simon Porte Jacquemus choisit l’Égypte comme décor pour sa collection La Croisière, faisant voyager ses silhouettes le long du Nil, du Caire à Assouan.

« Ces gestes sont importants. Ils doivent devenir des projets de co-création, pas de simples décors exotiques. »

2026 : bâtir des ponts durables avec les scènes créatives mondiales

Pour 2026, Susan Sabet appelle à un « Retour d’Égypte » inversé, invitant écoles de mode, créateurs et institutions internationales à participer à des résidences croisées avec leurs homologues égyptiens.

Elle imagine des collaborations donnant naissance à des collections co-signées, mêlant création égyptienne contemporaine, jeunes designers et visions créatives internationales.

À la croisée de l’Afrique, de la Méditerranée, de l’Europe et du Moyen-Orient, l’Égypte s’affirme comme un carrefour naturel des scènes créatives mondiales. À quelques heures seulement de Beyrouth, Jeddah, Abidjan ou Rome, Le Caire occupe une position stratégique unique.


« J’invite le monde créatif à revenir vraiment en Égypte. Pour tisser des liens durables. »

 

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