Artiste peintre reconnue à l’internationale, Katherine Tisné expose régulièrement à Dubaï, à Tunis, à New York et à Paris. Elle confie éprouver un bonheur tout particulier à exposer dans sa ville natale, à la galerie Safarkhan tous les deux ans.
D’où venez-vous ?
Je suis née en 1949 au Caire, d’un père égyptien et d’une mère française. J’ai ainsi vécu en Egypte jusqu’à l’âge de 12 ans. Mon enfance m’a laissé le souvenir d’un pays doux, cosmopolite, et multiculturel. Ensuite, j’ai poursuivi mes études en France, à Paris, et ai fait une école de graphisme destinée à la publicité. J’y ai appris la mise en page et la calligraphie, et j’ai surtout pu expérimenter mon goût pour les couleurs.
Vous avez donc un pied sur chaque rive de la Méditerranée !
La double appartenance me paraît être une richesse. Je me sens égyptienne à Paris, et française au Caire. Donc, je ne suis pas obligée d’être dans les normes de chaque pays. Cela m’a aussi apporté une curiosité, un appétit des voyages, une ouverture sur les différentes civilisations.
Comment êtes-vous devenue peintre ?
J’ai toujours dessiné mais je n’ai assumé d’être peintre à plein temps qu’après des années. Le métier de peintre est solitaire, et je craignais cette solitude. Mais après quelques essais dans le stylisme et la production de cinéma, je me suis finalement mise à la rechercher : le bonheur d’avoir toutes les libertés, d’expression et de temps ! J’ai fait une ou deux expositions vers l’âge de 35 ans, mais ne me suis installée dans mon propre atelier et vraiment professionnellement que à 40 ans.
Comment se sont passé vos débuts ?
J’ai commencé mes premières expositions avec des thèmes variés : la danse, les cafés, les intérieurs. Mais j’aimais tout spécialement dessiner les tissus drapés et assez rapidement j’ai été attirée par la beauté des costumes africains plein de couleurs. J’aime aussi les femmes voilées de blanc du début du siècle, les hommes aux tarbouches... A Paris, j’ai tout de suite rencontré un public, et plus nombreux encore quand je me suis tournée vers l’« orientalisme ». Il semblerait que l’Orient séduise toujours autant. Au Caire, les gens veulent se reconnaître dans les sujets exposés.
Il est vrai que l’Orient et l’Afrique se retrouvent beaucoup dans vos tableaux.
J’ai entrepris avec mon mari photographe des voyages au Burkina Fasso, au Mali et en Namibie pour faire pauser des chefs de village et des femmes aux somptueuses tenues. Tout naturellement j’ai continué avec le mythe de l’Orient réinventé et embelli. J’aime les paysages désertiques, la mer infinie, mais j’aime aussi les lumières du nord. Tout cela peut se mêler.
Quelles techniques utilisez-vous quand vous peignez ?
Je travaille depuis toujours au pastel que j’expérimente sur différents supports : toiles que je travaille avec différents pigments et poudres, collages, plaques de zinc, tôles rouillées et supports de récupération. Le pastel répond bien à toutes ces matières et offre une variété infinie de couleurs. Je maîtrise bien ces techniques après toutes ces années, et c’est pourquoi j’ai voulu m’essayer aussi à la peinture à l’huile. J’ai découvert une toute autre approche et de nouveaux plaisirs. Je perdais certaines nuances au profit de couleurs plus éclatantes. J’y trouve le plaisir de pouvoir sans cesse transformer et améliorer son sujet. Et la nouveauté tout en gardant les mêmes sujets. L’exposition de décembre 2022 au Caire est essentiellement le résultat de ce nouveau travail.
Site Internet officiel : https://www.kbakhoum-tisne.com/
Propos recueillis par Pauline Defélix