Au nord du Caire, dans le quartier populaire d'Esbet el Nakhl, l’association Life Project 4 Youth (LP4Y) a ouvert un nouveau centre de formation destiné aux jeunes femmes en situation de précarité. Grâce à un programme mêlant apprentissage, autonomie et solidarité, ces jeunes retrouvent peu à peu confiance en elles et en leur avenir. Rencontre avec Gabrielle Steg, coach engagée sur le terrain.


Depuis plus de 15 ans, l’association Life Project 4 Youth (LP4Y) œuvre pour l’insertion professionnelle et sociale de jeunes adultes vivant dans une grande précarité, dans une quinzaine de pays. Aujourd'hui, l'association ouvre un nouveau chapitre de son histoire au Caire, avec l'inauguration d'un centre de formation et développement dans le quartier d'Esbet el Nakhl, au nord-est de la capitale égyptienne. Un quartier vibrant, populaire, mais marqué par les inégalités, où l’accès à l’éducation et au travail reste difficile, en particulier pour les jeunes femmes.
"Toutes celles que nous accompagnons viennent des environs." - Gabrielle
Le quartier Esbet el Nakhl au cœur du projet
"Esbet el Nakhl est un quartier assez défavorisé, entouré d’autres zones précaires. Nous nous sommes dit que c’était là qu’il fallait être", explique Gabrielle Steg, coach LP4Y en Égypte. "Nous choisissons toujours des lieux proches des jeunes que nous accompagnons, pour éviter les coûts de transport et les obstacles à l’accès à la formation. Toutes celles que nous accompagnons viennent des environs."
Situé à bonne distance du centre du Caire, au bout du réseau de transports publics, le quartier souffre d'un accès limité à l'éducation et à l'emploi, exacerbant les inégalités sociales. Pour Gabrielle, le défi principal reste la place des femmes dans la société : "Les mères de nos jeunes restent toutes à la maison. Les rares offres de travail sont pour des femmes non mariées, sans enfants, dans des conditions de travail très précaires, sans contrat ni assurance."
Redonner une place aux jeunes femmes grâce à un apprentissage par l'action
Le centre LP4Y s'adresse à des jeunes femmes de 18 à 24 ans, souvent exclues du système éducatif et confrontées à des réalités sociales et économiques difficiles. Au fil d'un programme intensif de six mois, elles acquièrent des compétences professionnelles, construisent un projet de vie durable, et retrouvent confiance en elles.
"C’est elles qui choisissent leurs actions." - Gabrielle
Celui-ci, comme chaque centre LP4Y, combine un accompagnement individuel et la gestion d’une "micro-entreprise". "Elles organisent des formations pour des enfants en anglais, ou pour d'autres femmes du quartier qui apprennent à lire et à écrire. C’est elles qui choisissent leurs actions. Environ 80% du programme repose sur la gestion de cette microentreprise, le reste étant consacré aux compétences techniques : anglais, informatique, CV, lettre de motivation, etc.", résume Gabrielle.
Les jeunes pendant un exercice de mobilisation à Esbet el Nakhl
Sélection locale et porte-à-porte
Pour recruter, les bénévoles s’appuient sur une approche de terrain. Gabrielle témoigne : "Nous faisons beaucoup de porte-à-porte. Nous allons voir les commerçants, les familles… Nous leur demandons s’ils connaissent des jeunes intéressées. Nous recevons aussi des recommandations d'autres associations comme l'UACD. Et les jeunes actuellement en formation nous aident à trouver les prochaines."
"C’est bien plus que des compétences professionnelles" - Gabrielle
Des transformations visibles, bien au-delà du professionnel
"C’est bien plus que des compétences professionnelles", insiste Gabrielle. La jeune coach remarque aussi leurs progrès en anglais, dans leur posture, leur confiance. Dès que l’une d’elles décroche une interview, un stage, un cap est franchi. L’évolution se voit aussi dans leurs rêves : "Au début, elles veulent aider leur mère, leur sœur. Puis, elles commencent à dire : je veux travailler dans le marketing, voyager, intégrer une organisation internationale. Des choses qu’elles n’imaginaient même pas."
Parmi les jeunes qui l’ont marquée, Gabrielle évoque Reham, 18 ans, qui rêve de devenir avocate : "Elle postule actuellement à des cabinets pour y être réceptionniste ou assistante. Elle veut gagner un peu d’argent pour pouvoir poursuivre ses études. Elle a bientôt un entretien, nous sommes toutes très fières."
Une dynamique collective et une équipe engagée
Gabrielle, récemment arrivée au Caire, a rejoint LP4Y après des études en relations internationales. "Je voulais une expérience de terrain, avec du sens. LP4Y est une association fondée par des Français, avec des volontaires partout dans le monde. Je suis passée par Londres, j’ai fait du fundraising, et maintenant, je suis ici. Nous sommes très jeunes, très investis. Et nous voyons la transformation non seulement chez les jeunes, mais aussi chez nous."
"La communauté française est toujours un soutien précieux pour nous" - Gabrielle
Un appel à la mobilisation de la communauté francophone
L’association entend aussi renforcer ses liens avec les acteurs économiques et sociaux du pays, en particulier la communauté francophone. "La communauté française est toujours un soutien précieux pour nous", rappelle Gabrielle. "Nous cherchons des partenariats : opportunités de stages, d'emplois, visites inspirantes, mentorat ou donations. Chaque geste peut avoir un impact concret."
Dans un quartier dans lequel l'accès à l'éducation et à l'emploi reste un combat quotidien, LP4Y entend offrir aux jeunes femmes d'Esbet el Nakhl une passerelle vers un avenir plus libre. Un espace où les jeunes femmes peuvent se reconstruire et imaginer une trajectoire différente.
Pour en savoir plus ou soutenir LP4Y en Égypte, contactez Gabrielle Steg, Coach LP4Y Égypte : gabrielle.steg@lp4y.org
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