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SOCIETE - La route, dernière plaie d'Egypte

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 janvier 2018

Les accidents de la route sont devenus la première cause de mortalité en Egypte et une source de préjudice économique. Une loi durcissant les peines est prévue

Plus de 17.000 accidents de la route pour 27.000 victimes ont eu lieu en 2007. Les morts, eux, sont au nombre de 6.000, selon les chiffres officiels du ministère de l'Intérieur. Selon le ministère de la Santé, il y a eu 245.000 victimes au cours de cette année.
La même scène a tendance à se répéter du matin au soir : des poids lourds renversés. Toutes les routes et les autoroutes, qui font au total 47.000 km en Egypte, ne sont pas bien pavées ou sont trop étroites, provoquant toutes sortes d'accidents : des véhicules qui tombent du haut d'un pont, d'autres qui versent dans les cours d'eau, en plus des collisions.

La goutte qui fait déborder le vase
L'accident le plus récent, et qui a provoqué un véritable tollé, c'est la collision entre un véhicule de police et un camion sur l'autoroute reliant Le Caire et Alexandrie. 23 personnes, en grande majorité des policiers de la brigade anti-émeutes, ont été tuées et 15 autres blessées.
Ces accidents coûtent à l'économie égyptienne 4 milliards de livres par an. Mahmoud Abaza, député et président du néo-Wafd (opposition libérale), estime qu'il s'agit de toute une série de problèmes. "Tout d'abord l'état des routes et autoroutes, celui des véhicules, les procédures pour l'obtention des permis de conduire et ensuite le trafic". Ces quatre causes générales sont chacune l'expression de lacunes particulières.
Pour les routes, c'est une question d'infrastructures négligées et de pots-de-vin payés par les entrepreneurs, qui font que les routes ne sont pas conformes et sont à refaire à plusieurs reprises, même les plus récentes et importantes comme le périphérique qui mène vers le Nouveau Caire. Une autoroute comme Le Caire-Hurghada, longue de 420 km et menant à un site touristique de prime importance, ressemble à un chemin menant à l'enfer.

Quand les limites budgétaires font des victimes
Le budget 2007-2008 alloué aux ponts et chaussées n'est que de 800 millions de livres, alors que selon un professeur spécialiste de la question, Ossama Oqeil, "nous avons besoin de beaucoup plus puisque nous voulons passer de 47.000 km à 170.000 km pour répondre au besoin de l'extension du parc automobile qui s'élève aujourd'hui, en plus des véhicules de l'armée et de la police à 2,4 millions de véhicules".
Les chauffeurs de taxi, de camions, de bus sont les premiers accusés. Ils ne dorment pas assez, et ont recours parfois aux dopants et même à la drogue. Dans les classes favorisées, on obtient souvent le permis de conduire sans même passer par le Département de la circulation.
Une nouvelle loi est prévue pour durcir les peines et augmenter les indemnités, en plus d'un perfectionnement des méthodes de détection des infractions. Un espoir. Mais est-ce possible de le réaliser ? Difficile, surtout avec une culture sécuritaire qui fait défaut aux Egyptien.
Photo et texte Nevine KAMEL. (www.lepetitjournal.com - Le Caire) mercredi 2 avril 2008

Publié le 2 avril 2008, mis à jour le 9 janvier 2018
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