

Le président Moubarak a reçu lundi à Charm Al-Cheikh le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, lors de sa première visite à l'étranger depuis sa prise de fonction le 31 mars dernier. Cette visite intervient quelques jours avant sa rencontre à Washington le 18 mai avec le président Barack Obama. Moubarak et Netanyahu ont évoqué les dossiers régionaux, notamment le dossier nucléaire iranien.
Photo service de presse de la Présidence - Le Président Hosni Moubarak et le Benjamin Netanyahu
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement de droite israélien a fait savoir qu'il n'était pas en faveur d'une solution à deux Etats du conflit israélo-palestinien. « Si Netanyahu est venu en Egypte, ce n'est pas pour discuter de la paix qui n'est pas la première de ses priorités, mais plutôt pour évoquer la menace iranienne au Proche-Orient », affirme une source diplomatique ayant requis l'anonymat. Le premier ministre israélien souhaite en effet former un front contre l'Iran, l'éventualité d'une possession par Téhéran d'armes nucléaires inquiétant profondément l'Etat hébreu.
Ces craintes israéliennes se sont manifestées à plusieurs reprises. S'adressant la semaine dernière à des journalistes, Netanyahu avait affirmé que le « programme nucléaire iranien était l'obstacle majeur à la paix au Proche-Orient ». « Si l'Iran devient une puissance nucléaire, il forcera les pays arabes à s'allier avec lui, et son régime extrémiste, qui aspire à éliminer Israël, ne permettra pas aux Etats arabes de normaliser leurs relations avec Israël », avait-il averti.
Rencontre sur fond de divergences
Dans ce contexte, les responsables israéliens espèrent former un front pour faire barrage à l'Iran qui inclurait l'Egypte, mais aussi la Jordanie. « Nos deux pays sont confrontés à la menace de l'Iran et de ses agents au Proche-Orient. Les deux pays ont un intérêt commun à renforcer la stabilité dans la région et faire avancer le processus de paix », a déclaré dimanche un haut responsable israélien qui parlait de l'importance des liens avec l'Egypte. Mais si pour Israël l'avènement de l'Iran dans la région risque de renforcer l'extrémisme, pour l'Egypte, c'est le non-règlement du conflit israélo-palestinien qui alimente cet extrémisme. « Nous avons expliqué aux Israéliens qu'ils doivent d'abord régler le conflit israélo-arabe. Mais le Premier ministre israélien a montré son hostilité à la création d'un Etat palestinien. Il vient aussi de déclarer qu'il n'était pas question non plus de restituer un jour le plateau syrien du Golan à Damas. Ce qui montre que ce gouvernement ne donne aucune importance au processus de paix », explique la source anonyme.
C'est donc sur fond de divergences que s'est déroulée la rencontre de Charm Al-Cheikh. De son côté, Moubarak a insisté sur la solution de deux Etats adoptée à Beyrouth en 2002. Netanyahu, lui, s'est dit prêt à ouvrir immédiatement des pourparlers de paix avec les Palestiniens, sans faire référence à la solution de deux Etats. Il a détaillé son approche en trois volets. A savoir, les questions politiques, le développement de l'économie palestinienne et le renforcement des forces de sécurité palestiniennes. Il a aussi parlé de la « reprise des négociations de paix le plus vite possible », en précisant que l'élargissement de la paix avec les Palestiniens sera « lié à la sécurité et la stabilité ». Le premier ministre israélien a estimé en outre que des terroristes menacent la paix et que la lutte actuelle n'opposait pas des religions ou des peuples mais des modérés et des extrémistes.
Outre la création d'un Etat palestinien, Le Caire soutient l'arrêt de la colonisation ainsi qu'un retrait d'Israël du plateau syrien du Golan. Mais le gouvernement Netanyahu écarte ces retraits et entend poursuivre la colonisation en Cisjordanie. Le premier ministre israélien a demandé au président Moubarak une coopération économique avec les palestiniens, mais cette coopération a été rejetée tant que le gouvernement israélien ne se sera pas engagé à accepter une solution à deux Etats. Israël et l'Egypte se sont mis toutefois d'accord pour reprendre les contacts en vue d'un échange de prisonniers avec le mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza.
Le chef du gouvernement israélien était en fait soucieux d'assouplir la position de son gouvernement après que les relations avec l'Egypte se soient tendues, depuis qu'Avigdor Lieberman dirigeant du parti d'extrême droite Israel Beiteinou, et actuel ministre des Affaires étrangères, a provoqué une polémique avec Le Caire en affirmant, en octobre dernier, que le président Moubarak pouvait « aller au diable » en raison de son refus d'effectuer une visite officielle en Israël. Netanyahu était accompagné du ministre travailliste de l'Industrie et du Commerce Benyamin Ben Eliezer, mais pas d'Avigdor Lieberman.
Chérif CHAFIK (www.lepetitjournal.com - Le Caire - Alexandrie) jeudi 14 mai 2009








