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MAUVAIS OEIL - Croyances et rites de tous les jours

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 16 juillet 2013, mis à jour le 15 juillet 2013

La crainte de se voir jeter un sort est très répandue en Egypte, et nombreux sont les rituels permettant de l'éviter. Des pratiques souvent ancestrales qui suscitent parfois la polémique notamment parmi les courants rigoristes de l'Islam

"El'ain fala'at el haggar" ou "Le mauvais ?il a fendu la pierre en deux": ce proverbe symbolise l'importance du mauvais ?il dans la culture égyptienne.

La plupart de la population, quel que soit le niveau de vie et d'éducation est sensible à ces croyances. Leila, avocate, avoue: "Ces pratiques de protection du mauvais ?il appartiennent plus au folklore et aux traditions locales mais, tout de même? je suis persuadée que certaines personnes envieuses peuvent provoquer des événements fâcheux chez des gens qu'elles jalousent."

Les rituels pour chasser le mauvais ?il sont multiples mais quelques éléments sont invariables. En premier lieu: l'encens. Il est réputé chasser les mauvais esprits et le mauvais ?il. A la campagne et plus particulièrement en Haute Egypte, il arrive que l'on utilise en remplacement de l'encens du sel et de la coriandre séchée.

Des rites de purification sont pratiqués tous les vendredis. Le sel a, dans la culture égyptienne, la réputation de repousser les esprits maléfiques. Lors des mariages et des fêtes de naissances (?subu'a), on jette du sel sur les mariés ou autour du nouveau né. La couleur bleue défend aussi contre le mauvais ?il. Ainsi, on retrouve dans la plupart des maisons des accessoires de cette couleur. De même, le chiffre 5 symbolisé par la main de Fatma appartient aux protections de l'imaginaire collectif.

Sacrifice d'un mouton 

Les versets du Coran et la Bible sont utilisés couramment pour conjurer le mauvais sort. "Quand j'achète quelque chose de neuf, je lit le verset du Trône et la sourate de l'aube naissante pour le protéger des envieux" confie Mohamed, un jeune étudiant en commerce.

Il est ainsi très courant de voir sur les minibus et dans les transports publics des inscriptions tirées du Coran. Plus curieusement, des proverbes peuvent aussi faire office de protection comme : "mieux vaut être dévoré par un lion que touché par le mauvais ?il" ou encore : "le mauvais ?il m'a touché et Dieu m'a aidé".

Au sein des catégories plus aisées l'achat d'une voiture ou d'un appartement donne lieu au sacrifice d'un mouton, d'une vache ou de tout autre animal. Les propriétaires trempent leurs mains dans le sang de la bête et laissent des empreintes sur les murs ou sur la carrosserie de la voiture. Ils distribuent, ensuite la viande des sacrifiés aux plus pauvres pour détourner leur convoitise de l'objet en question.

Face à l'islam plus radical, ces croyances et rituels suscitent la critique de certains religieux. Ils les qualifient de "superstitions arriérées, fruit de l'ignorance et de l'analphabétisme".

Cependant pour la plupart des Musulmans égyptiens ces rites trouvent leur justification dans le Coran lui-même. En effet dans le verset du Trône, est évoqué la protection de Dieu contre les envieux.

Stéphanie Salha (www.lepetitjournal.com/le-caire) Mardi 16 juillet 2013 (réédition) 

Publié le 16 juillet 2013, mis à jour le 15 juillet 2013

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