

Symbole, icône, idole? Oum Kalthoum était tout cela à la fois. Une femme autant qu'une chanteuse. Pour écouter "la Dame", il fallait attendre jeudi soir, veille du vendredi de jour férié en Orient. Le premier jeudi de chaque mois, elle chantait à la radio l'une de ses chansons qui brisaient le c?ur des auditeurs : amour malheureux et souffrance. Une rencontre du sacré et de l'érotisme.
Photos archives dossier de presse - Oum Kalthoum, la grande dame de la chanson orientale
De la campagne à la cour royale
La diva est choisie comme vecteur par les politiciens qui l'entourent. Ainsi parvient-elle à s'émanciper de la tutelle de son père. Petite, elle chantait dans les vêtements d'une bédouine, prenait l'allure d'un garçon. A la différence des autres chanteuses de l'époque qui mettaient en exergue leur citadinité, Oum Kalthoum s'impose par sa voix, impose un style sévère. Ses chansons deviendront sa marque de fabrique. Chant sentimental, religieux ou patriotique composent son répertoire.
Sur scène, son talent éclate et prend toute son ampleur. Elle bouge, lève les mains, son corps exprime dans le détail le sentiment. Certes, elle est théâtrale. Le public est hypnotisé. Il réagit à la seconde variation. On se réjouit du "tareb", cette extase musicale, ce moment de pur émerveillement.
Comme Callas, elle privilégie le sentiment. Autant de feelings qu'un musicien de Jazz. Son "Ah"venait des
Robe longue, lunettes noires, chignon? la pharaonne de la chanson arabe régnait sans partage, elle-même se prenait pour une idole. Symbole de toute une nation, elle a unifié les arabes du Mashrek au Magrheb.
La rencontre avec Nasser a lieu à un moment où le monde arabe sortait de la colonisation. Une période marquée par l'espoir, la défaite et les coups d'Etats. Le Nassérisme profite d'elle et elle du régime, souligne le documentaire. C'est une relation d'égal à égal, assez surprenante, mais qui prend un sens très particulier : Oum Kalthoum et Nasser, tous deux d'origine paysanne, arrivent au sommet de la société.
Pour seuls concerts en France, Oum kalthoum se produit deux fois à l'Olympia, à Paris, en 1967. De Gaulle lui dit : "j'ai senti dans votre voix toutes les vibrations de mon c?ur et celles des français".
La voix d'Oum Kalthoum s'éteint peu de temps après Nasser, en 1975. La foule arrache la dépouille aux officiers. Une page était donc tournée. Personne ne pouvait la remplacer.
Nihad ATTAR (www.lepetitjournal.com - Le Caire - Alexandrie) mardi 7 juillet 2009








