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HISTOIRE - Mohamed Ali : tolérance religieuse et construction d’une nouvelle identité nationale (1)

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 10 septembre 2009, mis à jour le 10 septembre 2009
L'?uvre modernisatrice entreprise par Mohamed Ali lors de son accession au trône en 1811 a marqué l'histoire de l'Egypte. Outre la création d'une armée moderne, le pays lui doit la mise en place d'une administration centralisée, le développement d'une industrie performante et la réforme du système éducatif

Le règne du vice-roi met aussi fin à une longue période de discriminations, et marque le début d'une ère de tolérance religieuse. Cela se fait alors que la communauté copte (les chrétiens d'Egypte), dont le mouvement de modernisation interne coïncide avec celui de l'Etat, est encouragée à participer aux réformes lancées par le « dernier pharaon » .

I- L'intégration des coptes dans l'Etat moderne

Sous l'occupation Mamelouk, les coptes sont considérés comme des citoyens de « seconde zone ». Jouissant d'un statut de protégé de l'islam, « Dhimmis », ils s'acquittent d'un impôt spécial, la Jizia. Ils sont en but aux persécutions des dirigeants, qui refusent leur présence dans la sphère publique. Mais, chargés de la collecte des impôts et de la comptabilité de l'administration, ils mettent au point un système unique dont ils gardent le secret. Ils deviennent ainsi essentiels à la bonne marche de l'Etat, et leurs opposants doivent se résigner à les accepter. Photos LPJ - Mohamed Ali, le fondateur de l'Egypte moderne et une église copte

Dans une mesure inconnue avant lui, Mohamed Ali met le chrétien oriental sur le même pied que le musulman, acceptant la construction de nouvelles églises, fournissant aux chrétiens toutes les facilités pour se rendre en terre sainte, des coptes sont nommés à des postes de hauts fonctionnaires, tels que George el Jawhari, ou encore Maître Basileus
Ghali, à l'origine du cadastre, d'autres reçoivent le titre de Bey. Certains sont nommés dirigeants dans des gouvernorats de provinces, d'autres assistent aux diwans (conseils). Les coptes participent à la mise en place d'infrastructures étatiques nouvelles et au renforcement de l'appareil d'Etat. Les postes de fonctionnaires au sein des services publics (chemins de fer, banques, service postal, douanes) sont en majorité occupés par des coptes, et la proportion de ces derniers au sein du service public est supérieure à leur proportion au sein de la population.

« Si nous voulons créer une Espagne unie, nous n'avons pas le choix », déclarait Isabelle la Catholique, pour justifier l'exclusion des juifs et des musulmans lors de l'inquisition espagnole. A l'inverse, Mohamed Ali et ses enfants font le choix de la tolérance, intégrant dans leur ?uvre modernisatrice les minorités du pays. Les théories de Rifa'at el Tahtawi à ce sujet, proche du vice-roi, expliquent l'attitude de la famille régnante. Selon Tahtawi, au sein de l'ouma musulmane, il existe des entités nationales, des patries (watan), géographiquement définies, qui ont droit au loyalisme de leurs sujets. « L'amour de la patrie » (hub el watan) est à ses yeux une qualité primordiale qu'il faut développer en Egypte. Apparaîtra ainsi une fraternité nationale, liant entre eux tous les membres d'une même patrie, transcendant toutes les religions. Tahtawi veut faire de l'Egypte une nation moderne qui traite d'une manière égale tous ses citoyens.

Tony GABRIEL (www.lepetitjournal.com - Le Caire - Alexandrie) jeudi 10 septembre 2009
Publié le 10 septembre 2009, mis à jour le 10 septembre 2009

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