On ne peut mentionner le nom du cheikh Emam sans se rappeler sa fameuse "Bahia", la chanson populaire par excellence qui incarne l'amour de l'Egypte. 15 ans après sa mort, le chanteur aveugle connu pour sa simplicité, sa grossièreté, sa rébellion reste le symbole de la chanson politique qui s'est opposé au pouvoir
Avec Ahmed Fouad Negm (un fameux poète connu également pour son opposition au pouvoir), Scheikh Emam constitua un duo qui ne cessa d'attaquer les gouvernements successifs de la révolution de 52 jusqu'à la crise de 1967, ce qui leur a valu de longues années en prison qui ne connurent fin qu'après l'assassinat du président Anouar el Sadat.
Leurs chansons couvrent tout les thèmes et tous les événements par lesquels est passé le pays.
Ils chantent ainsi le foul (le plat populaire par excellence) la visite de Nixon en Egypte en 1974, la mort de Guevara, la famille du président et notamment sa femme Gihane el Sadat qu'ils critiquaient fortement, pour ses interventions continues dans la vie politique.
Mais les années que Scheikh Emam a passé en prison lui ont donné une grande inspiration. Il y a écrit ses chansons sur la liberté, l'obstination à défendre sa liberté d'expression, son courage face à toute sorte de pression... Son répertoire comprende notamment Law alakouli mashnaka Ana roht el alaa, ou Bayanat 3ala tazkaret masgoun?
La chance sourit aux audacieux
Connu pour son audace, il a rencontré un très grand succès auprès d'un auditoire non seulement égyptien, mais aussi provenant des pays arabes et même d'Europe. Son concert à Paris attirant tout l'auditoire arabophone fut une réelle victoire pour Emam qui durant ses longues années en prison fut exclut des milieux artistiques et culturels et considéré comme un chanteur populaire grossier.
Aujourd'hui on voit naître une nouvelle génération de fans de sa musique. Des jeunes lui font des pages sur Internet avec sa biographie et ses chansons, d'autres chantent ses chansons comme le groupe Cairokee ou le groupe spécialement constitué pour chanter ses chansons et les chansons de Sayed Darwish -père de la musique égyptienne populaire 1892-1923).
Est-ce une jeunesse lassée par les chansons commerciales qui n'ont pas de fond, ou bien serait-ce les idées politiques qui les attirent chez Sheikh Emam ou encore l'expression de son audace poétique qui trouve écho dans leurs esprits?
Dina ABDEL AL. (www.lepetitjournal.com) mercredi 13 juin 2007