Le week-end dernier se tenait à l'American University du Caire, place Tahrir, le premier Festival de la bande-dessinée arabe au Caire, baptisé CAIRO COMIX.
Ce festival, imaginé par Mohamed Shennawy et Magdy El Shafee, se voulait être le porte-voix d'un art, le 9ème cher à Franquin, Hergé ou Joann Sfar, qui se développe de plus en plus dans le monde arabophone, grâce notamment à l'essor d'une nouvelle génération d'auteurs/dessinateurs et l'envie nouvelle de maisons d'éditions audacieuses.
Co-organisé par L'Institut Français en Egypte, le CAIRO COMIX était donc l'événement à suivre pour lepetitjournal.com Le Caire.
Une production éclectique
Si la scène « comics » arabophone se développe, c'est avant-tout grâce à la variété de sa production. Sur la vingtaine de stands que comptait le festival, on pouvait voir des mangas, des super-héros, des anti-héros, des romans graphiques, des bandes dessinées satiriques ou autobiographiques. Avec chaque fois un traité graphique différent, donnant aux lecteurs une richesse incroyable à découvrir avec chaque fois de nouveaux auteurs.
Golo, invité d'honneur du festival à l'occasion de la traduction en arabe de ses succès, évoque lui-même le foisonnement de la bande-dessinée arabe, en soulignant le rôle des maisons d'édition qui n'hésitent plus à créer du contenu plus adulte, loin des frontières juvéniles traditionnelles du cartoon égyptien et méditerranéen.
Explose donc une production variée, riche, aux thèmes actuels et parfois engagés, qui répond à de nouvelles visions de la jeunesse arabe post-révolutions.
Entre divertissement, art et engagement
C'est que la bande-dessinée a un caractère plus transgressif que le roman. Ses personnages, des super-héros aux plus anonymes, caractérisent chaque fois des éléments de société en les exagérant, en les rendant plus tangibles grâce à l'image d'abord, et à la concision des textes ensuite. 3 jours durant, des conférences ont d'ailleurs eu lieu dans le cadre du festival pour débattre entre auteurs, journalistes et universitaires de l'évolution de la bande-dessinée, de son rapport au public et à la société.
Bien sûr, le festival faisait la part belle à l'art lui-même, en exposant dans plusieurs galeries des planches colorées et emblématiques du comics à la mode arabe, dans une scénographie qui rappelait parfaitement que la bande-dessinée est une affaire d'artistes, qui ont également pu recevoir différents prix au cours de 3 jours de compétition.
Les arabophones pourront bien entendu trouver tous les bons titres dans les bonnes librairies, et les francophones pourront quant à eux retrouver toutes les oeuvres de Golo chez Oum el Doumia.
Quentin Boissard (www.lepetitjournal.com/le-caire) - 6 Octobre 2015