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A l’affiche - "Bosta", un bus, la dabké, et le Liban

Écrit par Lepetitjournal Le Caire
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012

Un bus, la dabké, et le Liban. Bosta du libanais Philipe Aractingi dégage de la joie via la dabké, mais aussi une traînée de souvenirs de guerre et d'amours contrariés. Un beau voyage en danse et en musique, dans un bus, au c?ur d'un Liban trop souvent aux prises avec ses vieux démons

Bosta ? C'est quoi ? En libanais cela veut dire le bus. Ne vous inquiétez pas, même au Caire on ne le savait pas, tant ce Caire daigne que très rarement jeter un ?il sur ce qui ce fait chez les autres arabes. La production cinématographique égyptienne suffisant largement à son marché, à côté des films américains.

Alors, Bosta c'est un bus qui transporte une troupe de Dabké, la danse traditionnelle libanaise et avec, toute une charge d'émotions de souvenirs écorchés et de non dits. Un film qu'on aurait tort de qualifier de léger seulement parce que relevant du registre de la comédie musicale puisque vous l'aurez compris, il est question de danse.

Or, cette dernière, fibre de sensations corporelles et charnelles et lourdes de sens ne sert pas dans le film qu'à divertir. C'est presque un exutoire pour Kamel, le héros principal revenu de France pour faire revivre sa troupe du temps où il était élève à Utopia l'école réduite en ruines par les canons de guerre. « Le jour où j'ai reçu l'ordre de pilonner l'école, c'est comme si j'avais pilonné mon enfance ». Quand l'un des danseurs lance cette phrase en regardant vers la colline d'en face on est loin de la légèreté de la danse pour la danse mais au creux du drame et de la blessure libanaise. C'est ainsi que va Bosta, ce bus d'école que les danseurs ont retapé comme a été retapé le centre de Beyrouth avec en arrière goût de cette ferveur de la vie, une âme prisonnière de ses démons.

Au premier degré les danseurs tentent de proposer une dabké rajeunie avec des airs de techno et se heurtent au refus catégorique des fervents défenseurs du patrimoine de l'héritage sacré miroir de l'identité "en danger de désintégration face aux incursions". Une question chronique ressassée dans tous les sens depuis le début du 20 eme siècle dans le monde arabe et qui se pose toujours et de plus en plus fort. Mais dans cette quête du renouveau les danseurs se heurtent à leur propre passé avec lequel il n'ont en pas fini de régler des comptes. Avec la dabké et ces corps qui se donnent en spectacle durant ce voyage de Beyrouth à Baalbek, en passant petites villes et villages, la redondance de la question se fait légère mais l'émotion y est.

Une belle première pour un film arabe au Caire "Nous avons préféré commencer l'expérience par un film facile et coloré. C'est un travail de longue haleine et il faut nourrir le public de ces productions non locales. Si ça marche gentiment pour Bosta, ce sera déjà un début" lance Marianne Khoury productrice et distributrice courageuse qui a déjà à son actif dans la cadre de la société Misr International l'organisation réussie du premier panorama du film européen en 2004. « Cette dernière expérience s'inscrit dans le même esprit et a le soutien d'Euromed II pour promouvoir les films arabes non locaux ».

 * Le film est sous titré en français au cinéma Galaxy à Manyal et en anglais au cinéma stars à Medinet Nasr.

Najet Belhatem, www.lepetitjournal.com, 7 mai 2007.

 

Publié le 7 mai 2007, mis à jour le 13 novembre 2012
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