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LE CHIFFRE DE LA SEMAINE – 800 espèces de bousiers.

Écrit par Lepetitjournal Johannesbourg
Publié le 17 juillet 2023

Connaissez-vous le bousier qui roule des boules de crotte dans la savane ? Véritable éboueur de la nature, cet insecte présent sur terre depuis 400 millions d’années est loin d’avoir livré tous ses mystères : de récentes découvertes le proclament champion de l’orientation. Enquête sur un petit scarabée sans lequel nous serions dans la m…. !


Parmi les 6.000 espèces de bousiers répertoriées dans le monde, il en existe 800 en Afrique du Sud seulement. L’insecte coprophage s’intéresse aux déjections de toutes les espèces vertébrées qui se déplacent sur terre. Il a évolué avec les dinosaures, puis les grands mammifères. Cet animal déclaré « le plus fort du monde » peut déplacer jusqu’à mille fois son poids ! Les bousiers se nourrissent de matières fécales et se reproduisent en déposant leurs oeufs dans une boule de crotte qui servira de garde-manger pour la métamorphose de la larve. Composé d’une seule matière, la chitine, un polymère qui fascine les chimistes. Les coléoptères qui roulent les excréments ne représentent que 10% des espèces. Les autres utilisent les déjections qu’elles trouvent en les enterrant directement sur le lieu où elles ont été déposées, effectuant des aller-retour du fumier, jusqu’au nid qu’elles ont bâti en-dessous.

Le « dung beetle » ne chante pas, il travaille dur, comme la fourmi sa voisine. Mais il danse ! Inlassablement, l’insecte roule sa boule plus grosse que lui, la tête à l’envers, et en marche arrière. Arrivé devant un obstacle, il monte sur sa boule, effectue une petite « chorégraphie » (que vous pouvez visualiser ici), et repart sans dévier de sa trajectoire. Quel est l’objectif de cette manœuvre ? Le bousier exerce son labeur (ingrat) de jour comme de nuit, s’adaptant aux différences de température sur les sols arides de l’Afrique australe. Comment retrouve t’il son chemin? C’est ce que se demandent les entomologistes depuis plusieurs années. Le bousier ne se repère pas au paysage et aux indices de l’environnement immédiat, mais à une sorte de boussole qui le permet de s’orienter.

L’écho de la savane
Que peut-on apprendre de cette bestiole dont le cerveau fait la taille d’un grain de riz ? Marcus Byrne, professeur à l’université de Wits a mené une étude dans le planétarium de Johannesburg en 2012. Il a mis en évidence que le Scarabaeus satyrus se déplace en utilisant comme repère les sources lumineuses du soleil, de la lune, la lumière polarisée du ciel, et celle de la voie lactée. La semaine dernière, des chercheurs suédois de l’université de Lund ont publié une étude sur les bousiers du Kalahari. Basil el Jundi a démontré que le bousier enregistrait des images en prenant pour repère les positions des objets lumineux célestes. Quand ils bougent, les bousiers comparent la nouvelle image mentale à celle qu’ils ont mémorisée. Cette boussole visuelle s’avère extrêmement précise pour permettre à l’insecte de déterminer sa direction et la position de son nid. Le chercheur affirme que ces procédés de navigation soulèvent l’enthousiasme des industriels qui développent des voitures sans chauffeur. S’orienter en l’absence de connexion au réseau GPS, tel est l’enjeu auquel répond le bousier. Nous n’avons pas fini de rattraper la nature.

Lisa Binet (www.lepetitjournal.com/Johannesbourg) mercredi 25 mai 2016.

Sources
http://www.timeslive.co.za/thetimes/2016/05/17/Insects-see-future-in-the-stars
http://blog.ted.com/7-talks-that-contain-fascinating-facts-about-beetles/

Crédit photoBernard DUPONT, France [CC BY-SA 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons

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Publié le 25 mai 2016, mis à jour le 17 juillet 2023

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