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DAKTARI – Un projet de vie dans le "bush"

Écrit par Lepetitjournal Johannesbourg
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 janvier 2016

Hôtelière de formation, Michèle Merrifield découvre l'Afrique du Sud en 1997. C'est le coup de foudre pour le pays et un sud-africain. Deux ans plus tard, la française quitte son pays natal et son hôtel pour faire du bénévolat dans une réserve naturelle où son futur mari, Ian, travaille. Ne parlant qu'un anglais rudimentaire, elle s'occupe des animaux blessés et orphelins et développe ainsi une affinité avec ses patients. Et c'est là que tout a commencé. Une rencontre fortuite les a inspiré à fonder, en janvier 2006, Daktari Bush School & Wildlife Orphanage dans la province du Limpopo.

L'école joue aujourd'hui un véritable rôle dans la communauté. Les efforts des Merrifield ont été récemment récompensés par la remise d'un chèque par l'association Les Français du Monde-AFDE. Michèle a aussi posé sa candidature aux Trophées des Français de l'étranger.
Retour sur l'histoire de cette école pas comme les autres.




Les débuts : un enfant catalyseur du projet


Avant de monter Daktari, Ian et Michèle tenaient "The Trading Post", un restaurant populaire à Hoedspruit qui attirait beaucoup de touristes pour leurs fameuses pierrades et leurs plateaux de gibiers. Situé sur une ferme de mangues, le restaurant permettait au couple d'être en contact avec de nombreux enfants. Mais c'est la rencontre avec l'un d'eux, Thabo, qui a fait germer l'idée de l'école. Ils se rendent compte que Thabo et la majorité des enfants ne connaissent pas bien l'environnement et la nature qui les entourent. Cinq années passent, ils revendent leur restaurant, s'installent sur le terrain d'amis et réalisent leur rêve de s'occuper d'animaux. Les premiers résidents sont un âne, deux chèvres, une genette et un rapicère champêtre (steenbock). Depuis, la famille s'est agrandie de nombreux animaux originaires parfois de centres de réhabilitation de la région dont l'Hoedspruit Endangered Species Centre. On compte une mangouste, un galago (thick tailed bushbaby), un daman (rock dassie), des lémuriens, des aigles, des chouettes, un guépard retraité, un lynx, deux crocodiles, deux autruches, des antilopes, des guib harnachés (bushbucks), des nyalas, des diki-dik (dykers) et des écureuils.

Une école pour mieux comprendre son environnement

Le programme mis en place en coopération avec le Ministère de l'Education, les écoles publiques locales et leurs professeurs est une sorte de classe verte améliorée ! Pendant une semaine, 8 enfants du Grade 8 suivent des cours d'anglais, de maths et de géographie, participent à des discussions autour de sujets sensibles comme le SIDA et la consommation de drogue entre autres. Dans une région malheureusement victime du braconnage et à de nombreux problèmes sociaux, la nature et l'environnement ne sont pas des priorités. Le programme « Faire de l'Afrique du Sud un endroit meilleur » guide les enfants à dresser un bilan de leur pays et à choisir 5 promesses positives simples auxquelles ils se tiendront. A la fin de leur séjour, ils sillonnent la réserve voisine pour faire un safari et y découvrent les différents métiers. Ils repartent dans leur famille dotés d'un certificat, et d'une expérience riche à leur raconter.

Une école pour redynamiser la région

A 37.2%*, le chômage est un vrai fléau dans la province du Limpopo touchant une grand partie de la population. Cependant, de nombreuses opportunités existent dans le secteur du tourisme et de l'environnement. Daktari essaie de transmettre des connaissances et compétences pour permettre aux jeunes de s'orienter dans ces domaines plus propices à l'emploi. Ian explique : « Il y a 20 ans, il y avait 70 réserves naturelles et lodges dans la région, aujourd'hui il y en a plus de 200 ». Des jeunes adultes sans emploi et ayant passé leur matric (équivalent du baccalauréat) ont bénéficié d'un programme pilote de « coaching » sur trois semaines où ils ont appris à rédiger un cv et une lettre de motivation et s'entrainer à passer des entretiens.

Mina, une ancienne écolière bénéficiaire de Daktari, poursuit maintenant des études en conservation de la nature à Tshwane University of Technology, à Pretoria. Elle décrit son expérience : « Je me suis rendue compte que beaucoup de gens ne respectent pas leur environnement car ils ne saisissent pas son importance dans nos vies. J'ai appris à prendre conscience de ce qui m'entoure. Daktari m'a appris que l'éducation ne dépend pas de mon milieu social mais de mes connaissances, ma sagesse, ma force et ma persévérance. J'ai appris que les études de conservation de la faune et de la nature sont un défi, tout en étant ludiques, intéressantes et essentielles. J'ai enfin trouvé le moyen de réaliser mes rêves et de construire mon avenir et travailler avec les animaux et tout ce qui touche au bien-être de notre environnement. »

Les bénévoles au centre de l'organisation

C'est grâce au programme de bénévolat et de donations que Daktari subvient à ses besoins. Des gens de tout âge, dès 18 ans, et de tout horizon rejoignent l'organisation pour une semaine à trois mois moyennant une participation financière. Certains volontaires ayant des compétences particulières restent de 6 mois à un an. Essentiels à la vie de l'organisation, les bénévoles animent des ateliers avec les enfants dans le cadre du programme hebdomadaire et s'occupent des animaux. Michèle et Ian retrouvent parfois des bénéficiaires du programme à l'âge adulte qui reviennent pour transmettre à leur tour ce qu'ils ont appris. Depuis quelques mois, un volontaire local rémunéré par le gouvernement a intégré l'équipe. 

Katarina, une bénévole allemande, résume son expérience : « Daktari a changé mon regard sur le monde. C'était incroyable de voir les progrès des enfants en une semaine. Ce projet n'est pas seulement bénéfique pour les enfants mais également pour les volontaires. Différentes cultures peuvent travailler facilement ensemble pour le bien commun. Le travail avec les enfants les aident non seulement à en savoir plus sur les animaux, mais aussi à maîtriser leurs peurs. Le temps est passé trop vite, c'était vraiment un très bon moment. »

Le futur : l'éco-tourisme

Vivant eux-mêmes immergés dans la nature, les Merrifield aimeraient transformer le village le plus proche, The Oaks, en un éco-village en lien avec la communauté, la municipalité et le chef du village afin d'en faire une destination d'éco-tourisme. Deux « guest houses » se sont déjà ouvertes dans le village local et accueillent régulièrement des volontaires de Daktari Bush School & Wildlife Orphanage.

Daktari Bush School & Wildlife Orphanage

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(www.lepetitjournal.com/johannesbourg) mercredi 13 janvier 2016

* http://www.statssa.gov.za/publications/P0211/P02114thQuarter2014.pdf

lepetitjournal.com johannesbourg
Publié le 12 janvier 2016, mis à jour le 14 janvier 2016

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