Édition internationale

SOLENNE DUCOS-LAMOTTE – Ambassadrice de l’art aborigène d’Australie

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 novembre 2012

 

Solenne Ducos-Lamotte était à Hong Kong à l'occasion de la présentation de l'exposition WATERMARK à la galerie The Space à Sheung Wan. Un rendez-vous que le petitjournal.com n'a pas manqué afin de rencontrer cette ambassadrice peu commune, une passionnée d'origine française installée à Sydney, fondatrice et directrice d'IDAIA pour le développement de l'art aborigène.

Solenne Ducos-Lamotte à l'inauguration de l'exposition WATERMARK ? Septembre 2012


L'IDAIA au service de l'art aborigène
Diplômée d'une école de commerce, après quelques années dans un cabinet de conseil, Solenne s'est réorientée vers une formation d'histoire de l'art, plus conforme à ses aspirations. Son parcours est alors fait de rencontres et de passion car dès sa découverte de l'art aborigène, la fascination ne l'a plus quittée, justifiant de sa spécialisation. Son parcours l'a amenée à prendre part à plusieurs grandes aventures comme l'ouverture de la première galerie d'art aborigène à Sydney  ou l'association à la commande de la grande fresque du musée du quai Branly à Paris. Elle a franchi une nouvelle étape il y a quatre ans avec la création de l'IDAIA (International Developement for Australian Indigenous Art / Pour le développement de l'Art Aborigène).  
Spécialiste qui a développé des liens de confiance avec les institutions et les centres d'art aborigène, sa mission est de garantir des pratiques éthiques qui bénéficient tant aux artistes qu'aux acheteurs et de promouvoir l?art aborigène à l'étranger grâce à des actions éducatives qui passent par des expositions, des visites guidées, des visites institutionnelles, des conférences ou des conseils.   

Une étrange histoire d'amour avec la France

Solenne en est l'illustration même, il existe quelque chose d'inexpliqué, une étrange histoire d'amour entre la culture aborigène et la France dont quelques représentants ont joué un rôle essentiel dans la « découverte » et la promotion de cet art. Les musées français en sont d'ailleurs richement dotés, que ce soit celui du quai Branly à Paris ou le musée des confluences à Lyon. Et ce n'est pas sans émotion que Solenne évoque l'artiste qui a réalisé la grande fresque commanditée par le musée parisien. Mûrement réfléchie, l'?uvre représente le rêve des étoiles, une métaphore pour l'univers dont nous faisons tous partie où que nous vivions, un message de l'artiste pour montrer que nous sommes tous d'infimes étoiles unies sous un même ciel, que l'on soit à Paris ou au fond de l'Outback australien. L'artiste maintenant décédée avait déclaré le jour de l'inauguration : "ceci est mon cadeau, mon c?ur aux peuples du monde ".

Judy Napangardi Watson ? Desert Oak dreaming, 2011 ? 183 x 122 cm - © The Artist

Un art qui aurait plus de 60.000 ans
L'art aborigène véritable n'est donc pas un simple exercice esthétique pour le plaisir de faire de l'art pour l'art et il ne poursuit pas des fins mercantiles. Il est porteur de messages et de connaissances, la représentation d'un système de pensée, un art utile lié à la survie et au mode de vie d'un peuple aux traditions très anciennes : à la fois codifié et très libre, ancestral et très moderne,  un art qui vibre, empli d'énergie et de mouvement, parfois hypnotique. Certains codes sont transversaux et compréhensibles par l'ensemble des aborigènes d'Australie - celui du point d'eau par exemple - mais il ne faut pas faire d'amalgame car l'Australie est un pays immense et il existe plus de 600 langues et dialectes et autant de différences régionales. Si le "rêve" qui raconte l'origine de l'univers et des choses est commun au monde aborigène, il en existe de nombreuses nuances et bien des versions. Sur le plan graphique et artistique, il existe là encore de grandes variations en fonction des régions et des ressources : ocres sur roche ou sur écorce, dessins dans le sable, etc.
Dans la mesure où l'art aborigène s'appuie avant tout sur des représentations et des symboliques ancestrales qu'il faut intégrer, il passe par une initiation, des rites, des cérémonies et un apprentissage qui prend des années. On ne sera alors pas étonné que les plus grands artistes soient tous âgés, voire très âgés, chacun porteur d'un rêve, d'un héritage qu'il porte et doit transmettre.  ? mais le plus étonnant, c?est de constater le modernisme et l'audace de certaines des toiles.  

Elizabeth Nyumi ? Parwalla, 2012 ? 180 x 150 cm - © The Artist

Le dernier grand mouvement artistique de notre temps
L'expression sur la toile et l'utilisation de l'acrylique est relativement récente et fait dire à Solenne Ducos Lamotte qu'il s'agit du dernier grand mouvement artistique de notre temps. Un mouvement dont Françoise Dussart a été le témoin à la fin des années 80. Aux techniques traditionnelles se sont substitués des outils plus modernes mis au service de la transmission des savoirs. Conscients de l'importance de la transformation et soucieux de maintenir l'intégrité d'un héritage sacré et en partie réservé aux initiés, les aborigènes ont créé eux mêmes les premiers centres d'arts, garants du respect de la tradition. Mais encore une fois, ces coopératives ne cherchent pas le profit et Solenne ne manquent pas d'anecdotes pour le prouver. Petits ou grands, ces centres d'art permettent avant tout de mettre à la disposition des artistes des outils, toiles, pinceaux, couleurs et un lieu où se côtoient et s'expriment les générations. Les jeunes s'exerçant et apprenant des anciens dans le mouvement perpétuel des générations et les entrées d'argent servent la communauté pour des achats ponctuels, des soins médicaux ou tout autres besoins de base.

C'est vrai ? l'art aborigène a vraiment quelque chose de fascinant et il y aurait encore tant de choses à dire et partager !
Alors si vous avez raté l'exposition du mois de septembre, il sera peut-être possible de vous rattraper l'an prochain car une autre exposition plus longue, pourrait être de nouveau organisée  à Hong Kong. A suivre.

Sophie Mabru (www.lepetitjournal.com/hongkong.html), mercredi 19 septembre 2012

Site de IDAIA, pour la promotion de l'art aborigène ICI

lpj 20
Publié le 19 septembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012
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