Dans la perspective des prochaines élections législatives (à partir du 27 mai en ligne, 5 et 19 juin 2022 dans les urnes), lepetitjournal.com est allé à la rencontre des candidats dans chaque circonscription des Français de l’étranger.
Sophie Chédiac, candidate à la 7ème circonscription pour la Fédération de la Gauche Républicaine, a répondu à nos questions.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
Tout d'abord, quelques mots de présentation: Sophie Chédiac, avec mon remplaçant Joel Jadas, 56 ans et père de 4 enfants, nous nous présentons au nom de la Fédération de la Gauche Républicaine, réunion de 7 partis de gauche autour des valeurs républicaines d'universalisme et de laïcité, et qui présente une centaine de candidats pour ces élections législatives.
Depuis toujours, je combats les inégalités sociales, territoriales et scolaires.
J'ai étudié les sciences politiques jusqu'en doctorat. Ma thèse portait sur la politique de la ville, la participation des habitants, la mixité sociale. Parallèlement à ma thèse, j'enseignais les Sciences Politiques à l'Université.
Pensant que tout se jouait dans l'enfance, j'ai décidé de devenir professeur des écoles puis enseignante spécialisée dans la difficulté scolaire.
Je lutte au quotidien contre l'échec et le décrochage scolaire dans les quartiers d'éducation prioritaire.
Si je ne suis pas élue, j'exercerai bientôt la fonction d'enseignante référente. J'accompagnerai les élèves en situation de handicap tout au long de leur scolarité. L'école inclusive est aussi l'un de mes combats.
Militante syndicaliste à la CGT éducation depuis des années, mes idées sont solidement ancrées à gauche. J'ai rejoint la Gauche Républicaine et Socialiste il y a un an. C'est un mouvement jeune. Comme son nom l'indique, notre filiation politique est celle de la République Sociale telle qu'elle a été théorisée par Jean Jaurès:
- Une doctrine du partage : des richesses, des pouvoirs, des savoirs.
- Une doctrine de l'émancipation : éducation, culture et laïcité (qui garantit la liberté absolue de conscience et l'égalité entre les citoyens).
Les Français de l'étranger ont subi depuis de nombreuses années, et particulièrement lors du dernier quinquennat, des choix budgétaires incohérents, et ont payé de la réduction des services consulaires, la dématérialisation systématique des procédures rendant l'accès aux français les plus vulnérables quasiment impossible, la suppression de l'impôt sur les grandes fortunes.
L'actuel Président s'apprête à poursuivre une politique qui affaiblit la cohésion nationale et la justice sociale, et qui passe totalement à côté des enjeux climatiques. Il a également piétiné les droits des femmes, pourtant grande cause du quinquennat. On le voit bien en analysant la composition du gouvernement qui vient d'être nommé, où les absences de ministère du logement et des transports sont criants, et où les Français de l'étranger n'ont même pas un secrétariat d'État.
- Quel est votre rapport avec cette circonscription et en quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?
J'ai décidée de me présenter sur cette circonscription, en accord avec mon comité de soutien présidé par Mathieu Pouydesseau, qui mena la liste GRS-LFI en mai dernier sur la circonscription consulaire d'Allemagne du Nord, par la nature des enjeux et des défis à relever dont c'est ma spécialité.
- Des défis en termes d'accès au logement. Je connais bien Berlin depuis plus de 10, 15 ans et j'observe aujourd'hui les effets de la gentrification qui conduisent à la perte progressive de mixité sociale et donc à la hausse des loyers. C'est de plus en plus difficile de trouver un logement à Berlin lorsqu'on est de la classe moyenne. Ce n'est pas normal.
- Des défis éducatifs. Je remarque la pertinence du modèle éducatif allemand sur certains aspects notamment l'accueil et l'insertion des élèves en situation de handicap mais également la reconnaissance du métier d'enseignant (rémunération, formation continue), certains parcours pédagogiques vertueux (lycée de Hambourg).
La défense de l'école publique française est ma priorité :
- Je dénonce la précarisation des enseignants. Il est urgent de revaloriser substantiellement leur salaire et de régler la question des personnels de l'AEFE. J'ai soutenu le mouvement de grève et la lutte unitaire des syndicats contre les décrets passés dés la présidentielle achevée précarisant encore plus les personnels. A ce sujet, il est pitoyable de voir un cheval de retour sans aucun mandat, ancien premier ministre, réclamer avoir obtenu la suspension du décret concernant les retraites d'un coup de fil, exposant l'inutilité des députés sortants LREM et Modem dans ces questions ! D'ailleurs, je crois savoir que monsieur Petit soutenait sur le fond le principe du décret.
- Il faut également agir sur la formation universitaire des enseignants français qui doit être plus complète, plus longue, plus efficace et plus professionnalisante. Être enseignant ne s'improvise pas.
L'école doit redevenir ce lieu d'égalité et d'émancipation.
Comment voyez-vous le mandat de député et quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?
Si la députée est toujours l'élue de la Nation, elle représente évidemment les électrices et électeurs de son territoire. Vous, Françaises et Français de l'étranger, vous avez des besoins spécifiques qui sont mal défendus à l'Assemblée nationale.
- Il faut que l'État investisse davantage dans le réseau des lycées français existants (plutôt que de mettre les établissements en concurrence avec de nouvelles écoles privées), baisse les frais de scolarité (plafonnement), élargisse l'accès aux bourses (gratuité aux familles qui ne peuvent pas supporter le reste à charge) et améliore les contrats des enseignants de l'AEFE.
- Nous défendons le corps diplomatique français et rejetons la diplomatie libérale que veut mettre en place E. Macron.
- Les services publics de proximité doivent être renforcés : améliorer l'accueil des usagers dans les consulats et ambassades, accompagner les retraités dans leurs démarches administratives complexes.
- Établir une fiscalité équitable pour les français de l'étranger (double prélèvement CSG/CRDS).
- Lutter sur les enjeux transverses à la France et les pays de résidence: reconnaissance des diplômes, les problèmes liés aux règles des divorces et gardes d'enfants, un sujet particulièrement douloureux.
Mon ambition est d'améliorer vos conditions de vie. Faire entendre votre voix à l'Assemblée Nationale.
Mais il ne faut pas oublier qu'en tant que députée de la Nation, mon rôle n'est pas, comme certains candidats issus de la droite ou se réclamant « indépendants » essaient de le faire croire, d'être un super conseiller des français de l'Etranger.
La guerre en Ukraine et les millions de réfugies en Union européenne, la crise pandémique qui n'est pas achevée, l'inflation et ses conséquences, la lutte pour le climat, ce sont des sujets qui intéressent toute la Nation, et c'est bien pour cela qu'il est important de savoir d'où on parle.
Je suis de gauche, candidate d'une union de 7 partis - les radicaux de gauche, Gauche Républicaine et Socialiste, le MRC, l'Engagement d'Arnaud Montebourg, Les Socialistes, créé par des frondeurs en 2016, la Nouvelle Gauche Socialiste et Ecologie Populaire - s'inscrivant dans l'idée de porter une majorité parlementaire à gauche à l'Assemblée Nationale.
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
Avec Mathieu Pouydesseau, qui vit depuis plus de 22 ans en Allemagne, et notre comité de soutien, nous menons une campagne enjouée, innovante et percutante. Les règles des campagnes rendent celle des français de l'étranger très courtes: le vote électronique commence dés le vendredi 27 mai à midi heure de Paris, le premier tour à l'urne c'est le 5 Juin. Nous nous efforçons de toucher toutes les Françaises et Français de la circonscription avec des conférences internet, la presse, nos lettres électroniques, mais il faut bien avouer que l'administration, comme aux consulaires, comme aux régionales, est dépassée par les contraintes d'organisation sereine d'une campagne et d'un scrutin.
Quel bilan dressez-vous du mandat du député sortant ?
Le mandat du député Modem sortant est celui de l'ensemble des gouvernements ayant servis sour Emmanuel Macron: violent socialement. Frédéric Petit a voté toutes les lois de recul des droits et des solidarités du quinquennat précédent, hypocrite écologiquement, il a voté contre l'interdiction du glyphosate, et il est favorable au recul de l'âge de la retraite. Nous lui reconnaissons son engagement sur l'Ukraine, où il a su réagir et venir au support d'administrations exsangues après les politiques budgétaires qu'il vota. C'est un homme sincère dans son engagement et dans ses combats, comme moi, mais nous ne partageons pas du tout la même philosophie!
Voter pour lui ou pour moi, c'est donc faire un choix de conscience et de conviction.