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César Delesalle : "C’est décidé, je rentre en France !"

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(Photo © Valérie Keyser lepetitjournal.com/francfort)
Écrit par Valérie Keyser
Publié le 6 avril 2017, mis à jour le 14 mai 2019

Nous vous avons jusqu'ici présenté des Français expatriés venus s'installer en Allemagne. Notre nouveau dossier "Retour au pays" s'intéresse cette fois à des Français qui sont retournés dans l'Hexagone pour des raisons professionnelles ou personnelles. Lepetitjournal.com/heidelberg-mannheim démarre le dossier avec César Delesalle, jeune Français de 23 ans qui, après une expérience d'un an et demi au pays de Goethe a fait ses valises pour retrouver ce qu'il appelle la "mère patrie".

 

A l'heure de la mobilité professionnelle, de l'explosion des start-up, de l'exode de la génération Y ou Z avide de découvertes au-delà des frontières, de la multiplication des programmes d'échanges internationaux... ils sont pourtant nombreux à souhaiter au bout d'un certain temps plus ou moins long revenir "au bercail", retrouver leur culture, leurs repères, leurs bons vieux copains, des références culturelles, des odeurs, des saveurs.

Comment ont-ils vécu leur séjour en Allemagne ? Quelles sont les motivations qui les ont fait rentrer chez eux ? La France leur a-t-elle manqué ? L'Allemagne leur manque-t-elle alors qu'ils ont décidé de la quitter ? César Delesalle, jeune Français originaire de Lille, répond à nos questions en toute franchise et avoue qu'au bout d'un an et demie outre-Rhin, il était temps pour lui de "rentrer et retrouver la mère patrie". Rencontré en mars 2017, dans un bar à bières de Mannheim où celui-ci nous a donné rendez-vous, César nous livre son témoignage.


Lepetitjournal.com/heidelberg-mannheim : depuis quand êtes-vous en Allemagne ?

César Delesalle : je suis arrivé à Mannheim en octobre 2015.


Quelles étaient vos motivations ?

J'ai fait le choix de l'Allemagne avant tout pour des raisons professionnelles. J'ai passé mon baccalauréat à Lille puis obtenu un Bachelor de management hôtelier à Bruxelles. Je souhaitais avoir une vision plus large du commerce et pas seulement dans le secteur hôtelier. Je voulais d'ailleurs "souffler un peu" du monde de l'hôtellerie. J'ai donc décidé de préparer un MBA à Londres pendant un an avant de partir travailler en Allemagne.


Qu'avez-vous retiré de ces premières expériences internationales ?

A Londres, c'était génial, ma classe dans la London School of Business and Finance donnait sur le Tower Bridge. Quand j'étais étudiant en Belgique, j'ai été envoyé en stage dans l'hôtellerie à Dublin en Irlande. J'ai pu découvrir de nouvelles cultures et améliorer mon anglais. Il me manquait cependant quelque chose pour finaliser ma formation. C'est alors que je me suis dit, il faut que j'aille en Allemagne car les Allemands sont des leaders européens, dans le commerce notamment. Je voulais comprendre pourquoi et découvrir leurs méthodes.


Avez-vous trouvé facilement un emploi en Allemagne ?

J'ai trouvé assez vite. J'ai répondu à une offre du Pôle emploi International au début de l'automne 2015 pour un poste de commercial export pour une société à Bad-Dükheim, pas très loin de Mannheim, qui développe des porte-cartes de crédit. J'ai été embauché en octobre de la même année.


Parliez-vous déjà allemand avant d'arriver en Allemagne ?

Je parlais déjà allemand car j'ai appris l'allemand à partir de la 4ème et en école de commerce le volet langues étrangères est très important.


Votre poste de commercial export vous a-t-il permis d'appréhender les méthodes des Allemands ?

Oui, les Allemands m'ont semblé très organisés et efficaces. On m'a vite confié des responsabilités malgré mon jeune âge et les personnes même haut placées paraissent plus accessibles en Allemagne. Nous avons lancé une grosse campagne de marketing. Mon marché s'est d'abord concentré sur la France, puis j'ai démarché les grosses compagnies aériennes qui sont pour la plupart devenues nos clients. Mon marché s'est ensuite étendu à la Suède et à l'Espagne pour le marché mondial de duty free.


Envisagez-vous de revenir à l'hôtellerie ?

Non, j'ai découvert le commerce et l'adrénaline qu'il procure lorsqu'on décroche un gros client et contrat !


Comment s'est passée votre intégration en Allemagne ?

J'ai trouvé les Allemands plutôt réservés. Je suis assez extraverti et du genre communicatif mais malgré cela j'ai parfois eu du mal à me faire des amis allemands. Mon collègue et ami américain Christopher vit depuis quatre ans dans la région et a fait le même constat que moi, il pense en revanche qu'il s'agit peut-être d'une particularité régionale et que les Allemands sont plus ouverts dans d'autres parties de l'Allemagne comme à Cologne par exemple.


Vous dites avoir eu du mal à vous faire des amis allemands, êtes-vous resté au sein de la communauté française, du reste très présente dans la région ?

Oui et non. Je suis souvent sorti avec mes collègues, vénézuélien et américain mais j'ai aussi fait la connaissance d'un Français qui organise régulièrement des matchs de football avec des Allemands à Mannheim. Cela m'a permis d'en côtoyer lors des rencontres sportives.


Quel est votre constat ? Qu'avez-vous retiré de cette expérience en Allemagne sur le plan interculturel ?

Lors des matchs de foot, j'ai constaté que les Allemands étaient surtout là pour gagner ! C'était du sérieux, ils voulaient absolument remporter le match alors que les Français présents étaient plutôt là

César Delesalles
César et ses amis et collègues, Christopher, Yanis et Carlos. (Photo © Valérie Keyser lepetitjournal.com/francfort)

pour s'amuser. Un autre aspect qui m'a interpellé, les Allemands finissent en principe leur journée de travail à l'heure. Si un projet en cours n'est pas terminé, ils n'hésitent pas à reporter au lendemain. En tout cas c'est ce que j'ai pu constater dans mon environnement professionnel immédiat. D'ailleurs le mot "Feierabend" en  Allemagne revêt un caractère bien particulier. L'heure de débauche semble sacrée, ce qui permet probablement aux Allemands d'organiser plus facilement leurs loisirs que les Français. Les Français me paraissent plus consciencieux et en ce qui me concerne, lorsque je travaille sur un projet important,  j'essaie de le terminer le jour-même, quitte à rester très tard au bureau alors qu'ici cela semble être perçu comme un manque d'organisation. J'avais parfois l'impression que certains collègues allemands n'en avaient rien à faire et ça me rendait fou. Ce qui m'a aussi surpris, c'est la durée de la période d'essai dans les entreprises ici qui est de six mois, mais aussi le culte voué à la voiture et principalement à la Mercedes. Des familles font parfois de gros sacrifices pour pouvoir faire l'acquisition d'une belle voiture, c'est le rêve d'une vie. Ah autre chose, on se prend plus souvent des "râteaux" ici avec les filles, nettement plus qu'ailleurs (Rires).


Est-ce que quelque chose vous a manqué pendant votre séjour en Allemagne ?

La nourriture française même si on peut trouver un peu de tout en Allemagne. Les produits frais comme le beurre ne sont pas légion, la viande ici est "horrible" ou alors il faut aller chez de très bons bouchers souvent très chers. En revanche j'ai été agréablement surpris par le fromage et les différentes variétés proposées même si ce sont surtout les fromages à pâte molle qui dominent.
Mais ce qui m'a surtout beaucoup manqué, c'est le côté "fou fou" des Français. J'ai rencontré des gens extravertis à Londres, à Dublin aussi. En revanche, je trouve que les Allemands se lâchent difficilement en dehors des fêtes populaires comme le carnaval par exemple. Et les Français sont souvent capables de "délirer" lors d'une soirée entre copains sans obligatoirement boire de l'alcool.


Cela veut-il dire qu'on ne s'amuse pas beaucoup en Allemagne ?

Je n'irais pas jusqu'à dire qu'on ne s'amuse pas en Allemagne. Les Allemands s'amusent probablement mais à leur façon. Mes un an et demi ici ne m'ont peut-être pas permis de suffisamment comprendre leurs codes et pour moi, sans vouloir critiquer, j'ai le sentiment qu'ici c'est l'endroit idéal pour apprendre, travailler et gagner sa vie...


Est-ce la raison qui vous a poussé à vouloir rentrer en France ? Vous avez besoin de davantage vous amuser ?

J'ai souhaité rentrer en France pour plusieurs raisons. Je me sens français avant tout, et même si j'ai eu quelques expériences de vie à l'étranger entre Londres, Dublin, Bruxelles et Mannheim, qui ont d'ailleurs toutes été très enrichissantes, je sens que ma vie est en France. J'ai aussi eu envie de changer d'environnement professionnel, je viens d'ailleurs d'avoir une opportunité dans l'Hexagone qui représente pour moi un nouveau challenge dans le domaine commercial. J'ai souvent été amené à participer à des salons professionnels à l'étranger pour distribuer notre porte-cartes de crédit. Sur l'un des salons, je me suis lié d'amitié avec deux soeurs qui ont créé leur entreprise d'articles électroniques qui combinent mode et high tech. Je leur ai dit "Si j'étais une fille, j'achèterais tout de suite vos articles". Elles m'ont proposé d'être agent commercial en France et de développer leurs produits sur le territoire français. J'ai la fibre entrepreneuriale et j'ai tout de suite accepté. Je démarre comme distributeur exclusif de la marque en avril en France depuis Lille, ma ville natale. C'est la deuxième raison qui m'a décidé à rentrer en France.


Vous parlez d'articles pour filles. De quels articles s'agit-il exactement ?

Il s'agit d'écouteurs dont les câbles sont entourés de perles par exemple.


Quels sont les moments phares que vous avez pu vivre en Allemagne ?

Mon arrivée en Allemagne car c'était mon premier job et surtout mon plus gros contrat de commercial décroché auprès d'une importante compagnie aérienne.
Les rencontres dans mon petit bar préféré de Mannheim dans le quartier Jungbusch, un bar qui sert toutes sortes de bières. Par rapport à la bière que j'avais l'habitude de boire à Lille, la bière allemande n'a pas assez de goût, elle est très légère, mais dans ce bar de Jungbusch, on trouve de tout.


Quel souvenir garderez-vous de l'Allemagne ?

Comme je vous l'ai déjà dit, pour moi l'Allemagne n'est pas un pays où on fait vraiment la fête, c'est pour moi un pays de règles où on apprend son métier, où on travaille et on gagne de l'argent. C'est un constat très personnel.


 

Valérie Keyser
Publié le 6 avril 2017, mis à jour le 14 mai 2019

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