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NIKI DE SAINT PHALLE - Retour sur une conférence autour de sa vie, son œuvre et son engagement

Écrit par Lepetitjournal Heidelberg Mannheim
Publié le 1 février 2017, mis à jour le 1 février 2017

La bibliothèque municipale de Mannheim Vogelstang organisait mardi soir la conférence ''Das Leben der Niki de Saint Phalle'', ("La vie de Niki de Saint Phalle"), une rencontre animée par l'historienne de l'art Yvonne Weber autour de cette artiste française hors du commun. L'occasion était donnée de découvrir sa vie, ses ?uvres mais également son engagement pour la libération des femmes et les malades atteints du sida entre autres. Une vie d'artiste révoltée et engagée qui marqua aussi bien son pays natal, la France, que l'Allemagne, où elle demeure très connue et surtout bien comprise.

La conférencière, Yvonne Weber
(Photo ET lepetitjournal.com/heidelberg-mannheim)

C'est à 19h que la conférence animée par Yvonne Weber débuta, face à un public attentif et impatient d'en savoir plus sur ''La vie de Niki de Saint Phalle''. Si la conférencière, qui a étudié l'Histoire de l'art à Heidelberg et anime près de sept conférences par semaine en tant qu'historienne de l'art, ne se considère pas comme une ''spécialiste'' de Niki de Saint Phalle, elle déclare être passionnée par la vie de cette artiste et heureuse de nous faire part de son savoir sur cette femme ''très intéressante''. La rencontre démarre avec la projection d'une photo méconnue de Niki de Saint Phalle, et sur cette question d'Yvonne Weber : ''Que connaissez-vous réellement de Niki de Saint Phalle, mises à part ses fameuses Nanas ?''.


Une artiste singulière et tourmentée

Niki de Saint Phalle, née Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, a vu le jour le 29 octobre 1930 à Neuilly-sur-Seine. Issue d'une famille de riches banquiers de cinq enfants, dont la mère est américaine et le père français, elle grandit dès l'âge de trois ans à New-York où elle épousa à dix-huit ans le poète Harry Mathews.

Elle démarra d'abord une carrière dans le mannequinat, puis c'est à l'âge de vingt-deux ans qu'elle commença à peindre à la suite d'une dépression nerveuse et d'un séjour en hôpital psychiatrique, qui la persuada de se consacrer à l'art. Plus qu'une vocation, Niki de Saint Phalle est devenue artiste car ''il n'y avait aucune autre alternative pour elle'', comme l'a citée Yvonne Weber.

Sans éducation artistique particulière, la jeune femme commença en autodidacte une carrière d'artiste, et innova en créant de "?uvres d'assemblage'' , dans lesquelles elle regroupe des petit objets et des débris, puis fabriqua des reliefs monumentaux et des sculptures. L'art fut pour elle un véritable exutoire, qui lui permit d'expurger une certaine violence en elle en représentant son univers mental. Un autoportrait de 1958 par exemple, dans lequel elle recolle des morceaux de céramique et des grains de café, traduit ses tourmentes et le lien compliqué qu'elle entretenait avec son corps à cette époque. Niki de Saint Phalle a en effet subi un évènement traumatique pendant son enfance, puisqu'elle a été violée par son père à l'âge de onze ans. Elle ne révéla ce drame que très tard, à l'âge de soixante-cinq ans.

"Une femme rebelle'' aux multiples combats

L'?uvre de Niki de Saint Phalle s'est très tôt ouverte à l'engagement. Femme de tolérance, rebelle, féministe et antiraciste, elle fit passer un véritable message au public à travers ses ?uvres toutes aussi originales les unes que les autres.

L'artiste proposa dès les années 60 des ?uvres décalées, comme ses fameux ''Tirs à la carabine'', en lien avec la violence de l'époque, qui la firent connaître du grand public. En 1962, elle traita également de la crise des missiles de Cuba dans le tableau-tir King Kong.

Véritable féministe, comme le souligne Yvonne Weber, et souhaitant libérer la femme du patriarcat, elle rejeta les modèles féminins qu'on lui imposa et fit une critique notamment du mariage à travers sa sculpture Le Cheval et la mariée. Ses fameuses Nanas, ses poupées colorées géantes célèbres dans le monde entier, expriment un féminisme joyeux, des femmes libres et ''libérées du masochisme''. Une d'entre elles qui se distingue particulièrement selon Yvonne Weber, est la Nana Hon/Elle, une sculpture de six tonnes réalisée en collaboration avec son deuxième mari et mentor Jean Tinguely, censée représenter la déesse de la fertilité.

Antiraciste dans l'âme, Niki de Saint Phalle représenta en outre très vite des Nanas noires, dont la première, Black Rosy, fit sûrement référence à Rosa Parks.

Elle s'illustra également dans la lutte contre le sida, en s'engageant dans l'association AIDS et en publiant en 1986 un livre préventif et humoristique sur ce virus.

Un héritage de ses ?uvres en Allemagne, en Europe et en Israël

 Le Golem, à Jérusalem-Ouest

L'artiste engagée a largement diffusé son ?uvre en Europe. Elle a par exemple construit le magnifique Jardin des Tarots, un parc empli de sculptures géantes en Italie dans la région de Toscane, la Fontaine Stravinsky dans le 4ème arrondissement de Paris ou encore L'espace Jean-Tinguely?Niki-de-Saint-Phalle à Fribourg en Suisse. Elle a également marqué la ville de Jérusalem en Israël par son Golem, un monstre géant qui sert de toboggan pour les enfants.

Nous pouvons également trouver des ?uvres de Niki de Saint Phalle aujourd'hui en Allemagne et notamment à Hanovre où elles sont fortement présentes. Les trois Nanas que la ville lui avait commandées en 1974 et qui sont exposées aujourd'hui sur l'espace public sont un des emblèmes de la ville. Hanovre possède également une grotte décorée par Niki de Saint Phalle dans les jardins royaux de Kew, ainsi que plus de quatre cents ?uvres de l'artiste qui sont exposées au Musée Sprengel. Niki de Saint Phalle est également citoyenne d'honneur de la ville de Hanovre.

Décédée en 2002, cette artiste, radicale et unique, reste une figure importante de l'Art et une référence artistique en Europe. Moins connue aux Etats-Unis, elle est en tous cas célèbre en France pour son art, et l'est en Allemagne beaucoup plus pour son art et pour son combat féministe.

(Photos © Pixabay)

Elise T. (www.lepetitjournal.com/heidelberg-mannheim), jeudi 2 février 2017

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Publié le 1 février 2017, mis à jour le 1 février 2017

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