Elle a voulu être poète, fermière puis horticultrice pour fabriquer ses propres couleurs avec des fleurs. Mais c'est finalement dans la peinture qu'elle se réalise avec des tableaux que l'on peut aussi bien voir que toucher ou décrocher
Armelle Geydet (Photo LPJ)
Issue d'un milieu campagnard, Armelle Geydet est spontanément attirée par tout ce qui touche à la nature : "J'ai toujours été fascinée par les éléments naturels", confie-t-elle d'entrée de jeu. Sa première peinture, dont elle se souvient encore, remonte à l'enfance et représente un arbre près d'une rivière. Depuis, son style a évolué loin du figuratif en se concentrant sur la force et l'énergie des paysages qu'elle rencontre, qu'il s'agisse du Sahara ou de la mer à perte de vue.
Face à face avec le corps
Il en résulte de grands formats à taille humaine, véritables "face-à-face avec le corps"traversés par des lignes ou des croix, "des signes simplifiés et sommaires mais universels". Les couleurs sont franches et jouent sur les contrastes : rouge et noir, noir et argenté, blanc et jaune éclatant. On se perd dans ces tableaux que l'on peut aussi bien contempler de loin que scruter de très près. Car, pour Armelle Geydet, la peinture est affaire de tactilité : elle travaille l'acrylique au couteau et avec les doigts, "même si ça fait mal", reconnaît-elle en riant. Surtout, elle aime toucher ses tableaux et trouve injuste que les spectateurs doivent se contenter de les regarder. Sa création passe par le relief et la superposition, une stratigraphie que l'on voit et que l'on peut suivre du bout des doigts.
Enthousiasme en Allemagne
Depuis 2007 et son arrivée à Hambourg, elle se consacre uniquement à la peinture et son approche sensuelle s'en trouve confirmée : "Mes toiles vont de plus en plus vers le spectateur", admet-elle. L'accueil fait à ses tableaux en Allemagne l'enthousiasme : les professionnels rencontrés jusqu'alors sont plus ouverts, plus curieux et plus sincères qu'en France. La patrie de Gérard Richter et Rainer Fetting, deux des peintres contemporains qui comptent à ses yeux, lui semble particulièrement stimulante au niveau artistique. Cette année, deux galeries lui ouvrent successivement leurs portes en avril puis en mai. C'est la confrontation à un nouveau public.
Des oeuvres à toucher
Etrangeté, Explosion ou Evolution, comme vingt autres grands formats, seront ainsi soumis au jugement des spectateurs d'outre-Rhin. Ces titres volontairement laconiques ne sont pas réellement significatifs. Pour Armelle Geydet ils sont plus là par commodité que pour donner un sens : il lui importe de ne surtout pas guider l'imaginaire du public. A quelques jours de sa première exposition allemande, l'artiste-peintre originaire de Périgueux n'appréhende pas le moins du monde le moment du vernissage. "Je peins pour montrer et partager, j'aime voir les réactions des gens, je me nourris de voir les gens prendre plaisir à regarder mes toiles". Une raison supplémentaire de se rendre à la galerie Kit sans attendre pour découvrir ses ?uvres avec les yeux autant qu'avec les doigts et transgresser non sans plaisir l'interdit majeur des musées. Prière de toucher !
Céline DANCKERT. (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) mercredi 9 avril 2008
Les oeuvres d'Armelle Geydet sont à voir et à toucher à la galerie Kit depuis le 3 avril
Galerie Kit
Billstraße 84
20539 Hamburg
http://galerie-kit.de/
http://www.armellegeydet.com/
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