Il se définit lui-même comme un produit franco-allemand pur beurre, le beurre pour le côté breton, évidemment. Pull marin, yeux clairs et cheveux en bataille : portrait d'un bigouden en terre allemande. Nous avons retrouvé le "Breton de Hambourg" que Céline DANCKERT avait interviewé en 2009.
Hervé Kerourédan, un Breton côté allemand (photo. H. Kerourédan)
"La racine est quelque chose de nécessaire. C'est important de savoir d'où l'on vient. Ça peut parfois être artificiel mais la bretonitude, on l'a en soi". Élevé entre la Baltique et la Bretagne, Hervé Kerourédan sait de quoi il parle s'il a des racines des deux côtés du Rhin, son nom de famille ne ment pas. C'est tout naturellement qu'il revient s'installer en 1998 non loin de sa Kiel natale, porteur d'un projet insolite 100% breton. S'appuyant sur la vocation permanente de sa péninsule à l'internationalisation, il décide de promouvoir la Bretagne en Allemagne du Nord. Sous un seul et même toit, celui de Ti Breizh maison de la Bretagne, le visiteur découvre le potentiel de la région. Un show-room présente les entreprises et les produits made in Bretagne, tandis qu'un espace hybride joue le rôle d'agence de voyage et d'office du tourisme, enfin, la crêperie se charge de parachever cette entreprise de séduction. Le coquet édifice situé dans la Deichstrasse abrite également dès ses débuts le siège d'Abban, l'Association des Bretonnes et Bretons de l'Allemagne du Nord, présidée par Hervé Kerourédan.
Le secret d'une bonne crêpe? La qualité des matières premières
Ti Breizh se fait connaître peu à peu et participe à l'exposition universelle Hanovre 2000 mais c'est la carte gastronomique qui l'emporte rapidement, au détriment de la diffusion culturelle et économique. La crêpe, il faut bien le dire "est un produit qui devrait être plus connu. C'est bon et c'est facile d'accès, comme la pizza". Les Hambourgeois s'éprennent des galettes bretonnes à tel point qu'aujourd'hui l'établissement souffre presque de son succès. La raison d'un tel engouement ? La qualité des matières premières. La farine de blé noir, les salaisons, le beurre, les sardines, le cidre, les alcools : tout est acheminé par camions de Bretagne, cuisiné par des Bretons et servi à des Allemands ravis qui, le temps d'un repas, ont le sentiment d'avoir voyagé.
Le caractère des Bretons est très proche de celui des Allemands
Si le show-room des débuts a disparu, Ti Breizh reste aujourd'hui un concept inédit et reconnu, entre la boutique de la mer, la crêperie, les expositions fréquentes d'artistes bretons et le siège d'Abban. Quant à Hervé Kerourédan, à la tête de ce petit monde avec sa collègue Bettina Kleemiss, il est à Hambourg comme chez lui : "J'ai l'intime conviction que le caractère des Bretons est très proche de celui des Allemands du Nord. Plutôt discret, pas trop bavard. (?) Là où il a fallu batailler contre les éléments, on est un peu moins ludiques mais on gagne en sincérité". Les crêpes et les galettes, goûteuses et d'une irréprochable qualité, en sont assurément un gage.
Céline DANCKERT (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) mercredi 25 mars 2009, republié le 18 juillet 2012
http://www.tibreizh.de/
http://www.abban.de/
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