Moussa et Uly de la formation AudioArt s'essaie à un mélange musical inédit : aux confins de la musique dub, du reggae et de la musique lyrique. Les deux artistes de formation classique ont trouvé à Hambourg des partenaires inattendus et l'occasion de produire une musique différente.
Un alliage musical
AudioArt réunit deux hommes autour d'un projet de création atypique : j'ai nommé "l'Op'ra Dub Style", un mélange de musique lyrique, de dub et de reggae. "Étrange, vous avez dit étrange ?" Oui, peut-être, ou simplement décalé. À l'origine de cette extravagance musicale, il y a deux artistes de formation parfaitement?classique : Moussa et Uly. Le premier d'entre eux est tout droit issu du conservatoire, où il a appris la guitare classique, puis le clavier, avant de gratter l'électrique ! Le second est ténor et s'est déjà produit sur les plus grandes scènes d'opéra. Et pourtant, tous deux se sont écartés quelque peu du répertoire traditionnel pour tenter une aventure musicale moins conforme. Le but était "de produire une musique qui interpelle" explique Uly.
Quand dans sa tête germe le projet d'un mélange entre le reggae et le lyrique, entre musique sociale et musique spirituelle, Uly se rend au label hambourgeois IRIE ITES. "Je suis venu avec mon allemand approximatif pour rencontrer les professionnels du label. Peu de temps après, j'ai reçu par email 3 riddims" (ndlr : séquence instrumentale qui sert de base à une chanson). C'est à partir de ces pistes dub proposées par le label que Moussa compose les mélodies chantées. Uly, pour sa part, écrit les textes et enregistre dans le studio qu'il a aménagé au dernier étage de sa maison. Le tout sans dépenser encore trop de sous, car c'est IRIETES qui soutient à cette heure les différentes réalisations.
« En France, nous n'aurions pas eu de crédit »
AudioArt serait-il né sous une bonne étoile ? Oui, mais également sous la bonne latitude. Pour Uly et Moussa, il est clair que le projet n'aurait pas été possible en France : "nous n'aurions pas eu de crédit", affirme Uly, "on n'aurait même pas pris la peine de nous écouter. Le label à Hambourg était évidemment sceptique, mais il n'a pas dit non". Opportunités, moyens, et surtout confiance : voilà ce que l'Hansestadt leur a offert et ce que peu de villes françaises auraient pu proposer. La France garde à leurs yeux son image de pays frileux et élitiste. Hambourg L'Audacieuse fait figure quant à elle de terre d'accueil musicale : "J'ai l'impression qu'il y a de place pour les gens qui veulent essayer?pour de nouvelles choses?", renchérit Moussa.
Oubliez donc un instant Hambourg l'Industrieuse : celle des music-halls, des chansons à la chaîne (produite avec on ne sait quelle viande !), celle de King der Löwe et de Rocky. À en croire AudioArt, sur l'Elbe, on trouve aussi de la place pour des musiques plus alternatives et plus "pensées" : "nous jouons sur le caractère massif et puissant de la musique que nous créons. Nous souhaitons aussi qu'elle représente une passerelle entre plusieurs mondes" précisent les deux musiciens. Reste à savoir si le public sera séduit par les ariae déroutantes du duo? Il aura en tout cas l'occasion de tester son goût avec la sortie prochaine d'un premier album numérique...
Delphine Schiltz (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) Jeudi 28 février 2013














