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BERGEN-BELSEN - L’histoire de quelques Français à part dans l’enfer des camps

Écrit par Lepetitjournal Hambourg
Publié le 21 novembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012

A 100km au sud-ouest de Hambourg et 65km au nord-est de Hanovre se trouve le camp de concentration de Bergen-Belsen. Tristement connu car c'est là qu'Anne Frank  vécut ses derniers jours, il fut durant toute la guerre un camp différent des autres. Comme ailleurs, de nombreux Français y furent déportés, beaucoup y moururent, mais certains eurent la vie sauve en raison de leur statut spécial?

Un camp différent des autres

Durant la 2nde guerre mondiale, les nazis mirent en place de nombreux camps dont les fonctions différèrent :
Les camps de prisonniers de guerre ou camps d'internés civils regroupaient les étrangers (militaires ou civils) capturés pendant la guerre. Ces prisonniers étaient, en général, protégés par la convention de Genève. Les camps de concentration avaient pour but  de détenir, dans des conditions souvent inhumaines, les opposants politiques et certaines populations considérées comme inférieures par les nationaux-socialistes. Les camps d'extermination, au nombre de 6 tous situés sur le territoire de la Pologne actuelle, étaient des centres de mise à mort à grande échelle.

La particularité du camp de Bergen-Belsen réside dans le fait qu'il fut, successivement camp de prisonniers puis camp de concentration, créé dans un premier temps afin d'y transférer des otages juifs.

Maquette du camp de concentration en 1943

L'histoire de Bergen-Belsen

Il est difficile de résumer l'histoire de ce camp en quelques lignes, voici donc simplement certaines dates clefs.

Le camp accueille ses premiers prisonniers militaires en 1940, d'abord des Français et des Belges puis à partir de 1941 de nombreux Soviétiques. Les conditions de détention sont telles (pas de baraques, pas de nourriture, pas de sanitaires) que plus de la moitié des prisonniers décèdent.
A partir du printemps 43, le camp est divisé en 2: le camp de prisonniers de guerre ne conserve qu'un hôpital militaire tandis qu'un camp de concentration dirigé par les SS se met en place. L'objectif des SS est de faire de ce camp, un camp d'échange pour monnayer des déportés juifs, de toutes nationalités, contre des internés civils allemands.
En 1944, le camp s'agrandit pour accueillir davantage de déportés, hommes et femmes souvent inaptes au travail, en provenance d'autres camps de concentration. Leur nombre grossit, au fur et à mesure de l'avancée des alliés, lorsque les camps de concentration proches de la ligne de front sont évacués. Le camp n'est pas dimensionné pour autant de personnes, c'est le début de l'enfer : surpeuplement, faim, épidémie. En décembre 1944, 15 000 déportés sont recensés dans le camp. Quatre mois plus tard, on en compte 60 000. Dans la même période, environ 30 000 détenus décèdent.

Le camp est libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945. Ils y découvrent une horreur indescriptible et décident d'évacuer, au cours des semaines suivantes, les déportés encore en vie puis de brûler les baraques pour éviter tout risque de contamination.

Des prisonniers à part :

Parmi les quelques 4 000 personnes du camp de l'étoile, sous-division du camp de l'échange, se trouve un petit groupe de français composé de 168 femmes, 77 enfants et 13 ?personnalités' (conseiller d'état, journaliste, etc?). Mis à part ces personnalités, il s'agit de familles de prisonniers de guerre juifs détenus en Allemagne, bénéficiant d'un statut protégé. En effet, dans les camps de prisonniers de guerre de l'armée allemande, les soldats juifs français sont généralement traités dans le respect de la convention de Genève de 1929. Cette convention les protégeait des persécutions perpétrées à l'encontre des Juifs et devait également s'appliquer à leur femme et à leurs enfants en France. Malgré cette exception, des épouses juives de prisonniers de guerre sont arrêtées et internées avec leurs enfants dans des camps en France ou déportées vers Auschwitz. Lorsque la France commence à être libérée en 1944, certaines familles sont envoyées au camp de Bergen-Belsen afin de devenir des otages.

Vivant dans une partie du camp séparée, elles bénéficient d'un traitement un peu moins rude et peuvent, par exemple, conserver leurs vêtements ou échanger occasionnellement du courrier avec leurs maris prisonniers. C'est probablement grâce à la solidarité au sein de leur groupe et à l'espoir de pouvoir communiquer avec leurs maris ou pères qu'une grande partie d'entre eux survécurent à cet enfer.


Myriam GRADWOHL (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) Mardi 20 novembre 2012

Tous nos remerciements vont à Janine Doerry qui a pris le temps de répondre à nos questions.

Pour en savoir plus :

? Sur le camp de Bergen-Belsen : http://bergen-belsen.stiftung-ng.de/. Des visites, en français, sont organisées sur demande.
?
Sur le groupe d'otages français :
o   http://medaon.de/archiv-7-2010-quellen.html,
article de Janine Doerry dans le magazine Medaon
o   « Une petite fille privilégiée, une enfant dans le monde des camps »,
ouvrage de Francine Christophe, déportée à Bergen Belsen à l'âge de 11ans

lepetitjournal.com hambourg
Publié le 21 novembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012

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